Depuis l’attentat dans le lycée Gambetta d’Arras (Pas-de-Calais), au cours duquel le professeur Dominique Bernard a été assassiné, le chef d’établissement d’un lycée à Sceaux (Hauts-de-Seine) a décidé de démonter l’exposition « Marie Curie dans la guerre ». Nombre de professeurs ont manifesté leur désapprobation.
Plusieurs professeurs du lycée Marie-Curie, à Sceaux, ont déploré la décision « sécuritaire » de leur proviseur. Celui-ci a demandé d’enlever plus tôt que prévu l’exposition « Marie Curie dans la guerre », alors qu’elle aurait dû rester en place jusqu’au 5 novembre prochain devant la cité scolaire. Le proviseur s’en est expliqué dans les colonnes du Parisien.
« Protéger au mieux notre communauté de possibles agissements »
L’exposition, qui était visible à l’entrée de l’établissement scolaire, avait été installée pour les Journées du Patrimoine dans le cadre du lancement de l’association du musée du lycée Marie-Curie. Ils retraçaient la vie de cet établissement lors de la Seconde Guerre mondiale en mettant à l’honneur deux femmes. La première est Alice Pick, une professeure de mathématiques ayant été déchue de ses fonctions lorsque les lois sur le statut des Juifs avaient été édictées durant la période de l’Occupation allemande. La seconde est Suzanne Forfer. Cette dernière, ayant notamment participé activement à la création du journal Le Monde au lendemain de la guerre, en a été la seule femme actionnaire. Elle avait en outre dirigé le lycée Marie-Curie de 1936 jusqu’à sa retraite.
Partagé, le chef d’établissement a finalement choisi la voie la plus sécuritaire selon lui, en optant pour le retrait de cette exposition. Dans une communication interne adressée à son personnel et que nos confrères ont pu consulter, il a tout d’abord mentionné combien cette décision lui en coûtait, ayant « apporté tout [son] concours à la réalisation de cette exposition ». Mais il a ajouté : « Dans le cadre des consignes données par le ministère de tout faire pour sécuriser les établissements avec le concours des autres services de l’État et des collectivités territoriales, j’assume en responsabilité cette décision car elle vise à protéger au mieux notre communauté de possibles agissements (tags antisémites, provocations, intrusions dans l’établissement). »
L’islamisme avance chaque fois que la République recule. Enseignants et élèves désapprouvent cette (lâche) décision. Ils ont raison. pic.twitter.com/nbB9JnWpq2
— Florence Bergeaud-Blackler (@FBBlackler) October 19, 2023
« Notre métier est de lutter contre l’obscurantisme, là, c’est lui donner raison »
Du côté des professeurs, la nouvelle n’a pas été très bien accueillie. La professeure d’histoire et présidente de l’association du musée du lycée, Chloé Dupart, estime que le retrait de cette exposition est « un recul de la pensée ». « J’entends l’argument de sécurité mais je ne comprends pas comment une exposition qui met en avant des faits historiques avec des témoignages puisse être une provocation. Notre métier est de lutter contre l’obscurantisme, là, c’est lui donner raison », a-t-elle poursuivi.
L’enseignante a également indiqué que ses collègues étaient eux aussi « choqués » par la décision de leur proviseur, d’autant plus que les élèves, au nombre de 1950, semblaient avoir totalement acquis la notion de laïcité selon les enseignants. « Ils considèrent que c’est renier les valeurs républicaines et beaucoup étaient sidérés aussi après l’attaque, il y a eu une confusion générale en salle des professeurs », a-t-elle ajouté, précisant que certains lui ont dit que c’était « un très mauvais message envoyé aux parents et aux élèves, un message de peur ».
« L’islamisme avance chaque fois que la République recule. Enseignants et élèves désapprouvent cette (lâche) décision. Ils ont raison », a notamment écrit sur X la chercheuse au CNRS et spécialiste de l’islamisme Florence Bergeaud-Blackler, ce 19 octobre.
Le proviseur a assuré que cette exposition serait cependant affichée devant l’établissement à une date ultérieure, de même que d’autres expositions verraient le jour. Des plaques commémoratives aux noms de Suzanne Forfer et Alice Pick devront par ailleurs être posées dans ce lycée.
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