Le Premier ministre Gabriel Attal a affirmé samedi qu’il « n’y aura jamais de droit au blocage » dans les universités, au lendemain d’une mobilisation propalestinienne tendue à Sciences Po, conclue par un accord entre manifestants et direction. Cet accord a été dénoncé comme une capitulation de la direction face aux pressions des étudiants propalestiniens soutenus par des représentants LFI.
« Il n’y aura jamais de droit au blocage, jamais de tolérance avec l’action d’une minorité agissante et dangereuse qui cherche à imposer ses règles à nos étudiants et nos enseignants », a déclaré M. Attal lors d’un déplacement à Pirou (Manche).
Le Premier ministre a déploré « le spectacle navrant et choquant » du blocage et de l’occupation partielle de l’établissement parisien par des manifestants propalestiniens vendredi, qui a tourné au face à face tendu avec d’autres manifestants pro-Israël.
Sciences Po: Gabriel Attal dénonce “les dérives d’une minorité agissante et dangereuse” qui veut imposer “une idéologie venue d’outre-atlantique” pic.twitter.com/F3i8nk5Rqo
— BFMTV (@BFMTV) April 27, 2024
La situation s’est cependant apaisée dans la soirée, après que la direction a annoncé la suspension de procédures disciplinaires et l’organisation d’un débat interne la semaine prochaine.
De nombreux messages sur X ont réagi au communiqué de la Direction de Sciences Po accusée de capituler face à la pression des étudiants propalestiniens soutenus par LFI.
« Le communiqué de la direction de sciences po est une honte pour l’éducation nationale et pour l’honneur de notre système universitaire… Cette grande école devient le symbole d’une faillite et d’une lâcheté sans nom … » a écrit l’ancien député PS de l’Essone Julien Dray.
La France Insoumise cherche à « perturber le fonctionnement de cette institution »
« Pour qu’il y ait du débat il faut que les règles soit respectées, que le respect des positions des uns et des autres soit permanent, ce n’est pas ce qu’on a vu hier », a estimé M. Attal, accusant « une minorité agitée par des forces politiques notamment La France Insoumise (de) chercher à perturber le fonctionnement de cette institution ».
« Je ne l’accepterai pas », a-t-il ajouté, promettant de « maintenir une vigilance absolue sur le respect des valeurs de la République et de la loi. »
L’extrême gauche de #SciencesPoParis a des drapeaux palestiniens.
Ceux qui défendent Israel ont des drapeaux Français !#SciencesPo fabrique nos « élites » depuis 40 ans voilà pourquoi la France est dans la m*rde !pic.twitter.com/9w6fvqToBd— Bruno Attal (@Bruno_Attal_) April 27, 2024
Les étudiants ont reçu vendredi le soutien de plusieurs figures de LFI, dont l’activiste franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste « insoumise » pour les élections européennes. Ils portent « l’honneur de la France », a déclaré à la presse Mme Hassan, reprenant les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio aux manifestants.
Rima Hassan convoquée par la police pour « apologie du terrorisme », a écrit vendredi sur X : « Venez tous et toutes à @sciencespo l’heure est au soulèvement ».
« Depuis ce vendredi, des dizaines d’étudiants de Sciences Po Reims occupent l’établissement. Les militants pro-palestiniens ont dormi dans les locaux et ont remplacé le drapeau français devant l’école par un drapeau palestinien », rapporte CNEWS.
Depuis ce matin, le campus de Reims de Sciences Po Paris est occupé par les militants pro-Hamas.
Le drapeau français a été remplacé par le drapeau palestinien.
La soumission de Sciences Po et de @sretailleau donne le pouvoir au camp de l’anti-France. pic.twitter.com/yA06xpmklB
— UNI (@droiteuniv) April 27, 2024
« Le débat, oui. Le blocage, non »
« Le débat, oui. Le blocage, non », a déploré sur BFMTV la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau qui a tiré à boulets rouges sur le « jeu dangereux » attribué à LFI dans la mobilisation à des « fins électorales ». « Qu’on fasse preuve de solidarité à l’égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c’est naturel », a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, sur BFMTV. « Après, est-ce qu’on est capable d’organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue ? Et jusqu’ici, ce n’est pas le cas », a-t-il complété.
Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France Yonathan Arfi, qui s’exprimait sur LCI, « il n’y a rien de massif » mais « ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs ».
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