Si les murs pouvaient rêver : comment les papiers peints fantaisistes de Gournay maintiennent en vie un art presque perdu – un coup de pinceau à la fois

Par Hazel Atkins
7 octobre 2024 17:23 Mis à jour: 8 octobre 2024 02:03

Avec le bon décor, une pièce peut être une expérience à couper le souffle et à nous faire rêver. Les maîtres artisans de de Gournay, une société britannique de renommée mondiale spécialisée dans les intérieurs de luxe, se font un réel plaisir de créer ces expériences. En proposant des papiers peints sur mesure, peints à la main de manière exquise, qui s’adaptent à une pièce comme une robe de haute couture, ils font revivre une forme d’art chinois préindustriel, un processus laborieux qui produit les papiers peints les plus beaux et les plus évocateurs du monde.

« Erdem » sur soie teintée Adam Grey (Avec l’aimable autorisation de de Gournay)

Tout a commencé au début des années 1980, lorsque Claud Cecil Gurney a voulu restaurer des papiers peints anciens de style chinois dans sa maison familiale à Londres. À sa grande surprise, cela n’a pas été facile. La technique de la peinture à la main à la chinoise, dépassée par la production industrielle de masse, était en voie de disparition en Chine, où il n’a pu trouver qu’un seul fournisseur. Alarmé par la disparition de cette forme d’art, M. Gurney a recherché des artistes dont les parents et les grands-parents avaient été formés aux techniques chinoises ancestrales du coup de pinceau, essentielles à la peinture à l’aquarelle de la chinoiserie. Il forme une petite équipe de cinq artisans d’art et, en 1986, la marque de Gournay voit le jour.

Les artisans d’art de de Gournay peignent chaque motif à la main avec une technique à deux pinceaux : un pinceau pour le pigment, l’autre pour l’eau. Il faut des heures pour exécuter cette technique et des années pour la maîtriser. (Avec l’aimable autorisation de de Gournay)

Aujourd’hui, cette entreprise familiale est connue dans le monde entier et s’est diversifiée en proposant d’autres styles historiques et contemporains de revêtements muraux peints et brodés à la main, ainsi que de la porcelaine fine et des meubles sculptés à la main. Mais sa somptueuse collection de chinoiseries reste son joyau.

La chinoiserie est un phénomène européen du XVIIIe siècle, fruit de la fascination pour l’Orient suscitée par la Route de la soie et le commerce maritime, qui ont amené en Europe des épices, de la porcelaine fine, des images intrigantes de créatures exotiques, de l’architecture et des vêtements. À une époque où les voyages étaient limités, l’imagination permettait d’entrevoir d’autres mondes. La chinoiserie est profondément fantastique, dépeignant des paysages captivants et des jardins luxuriants remplis d’une flore et d’une faune fantaisistes, des pivoines aux paons.

Détail de « Erdem » sur soie teintée jaune d’or (Avec l’aimable autorisation de de Gournay)

Lorsqu’il a créé la société, M. Gurney avait un double espoir : ramener les papiers peints de chinoiserie dans la décoration européenne et les produire en utilisant des techniques chinoises authentiques du XVIIIe siècle. Tout comme les anciens papiers peints européens qui ont résisté à l’épreuve du temps, les papiers peints de Gournay sont fabriqués à l’aide de matériaux et de techniques durables qui dureront des siècles.

« Erdem » sur soie teintée Adam Grey, une collaboration entre de Gournay et le créateur de mode Erdem Moralioglu. La collection capsule représente des moineaux, des fauvettes, des faisans et des aigrettes parmi des hortensias, des roses trémières, des iris, des chrysanthèmes et des ipomées. (Avec l’aimable autorisation de de Gournay)

Un panneau typique est composé de deux couches de papier Xuan fait à la main – le papier de riz traditionnel chinois – contrecollées ensemble et soutenues par de la soie. De gros pinceaux appliquent des lavis d’aquarelle pour l’arrière-plan. Alors qu’elles sont encore humides, les couches de papier et de soie sont plissées, aplaties et mises à sécher, ce qui permet d’obtenir des marques distinctives et des taches de peinture dans le papier.

« The Colony » sur papier Pink edo, conçu exclusivement pour le hall d’entrée de l’hôtel Colony à Palm Beach en Floride. Inspiré par la peinture murale originale du hall de l’hôtel lors de son ouverture en 1947, le dessin présente la flore et la faune indigènes du sud de la Floride. (Avec l’aimable autorisation de de Gournay)

Dessiné à la main en miniature pour obtenir des proportions exactes, chaque papier peint est adapté aux dimensions d’une pièce spécifique. Les artisans d’art travaillent en équipe pour tracer les contours des motifs au crayon, puis les peindre à l’aquarelle en utilisant une technique à deux pinceaux mise au point au XIIe siècle. Un pinceau est utilisé pour le pigment et l’autre pour l’eau ; ensemble, ils créent d’étonnants dégradés de couleurs. Les détails sont ensuite ajoutés à l’aide d’un troisième pinceau. Il faut environ 80 heures pour réaliser un panneau.

« Portobello » sur papier à thé Blue Grey India, avec une décoration intérieure de Brittany Bromley (Carmel Brantley)

Dans la peinture chinoise au pinceau, chaque coup de pinceau est délibéré et laissé tel quel. Il faut des années de formation et de pratique pour acquérir de l’assurance dans cette technique. Les maîtres artisans de de Gournay forment et encadrent des apprentis. Les artisans d’art moins expérimentés commencent par peindre des éléments simples, tels que des branches et des feuilles, puis, à mesure qu’ils prennent de l’assurance, ils apprennent à peindre des éléments plus complexes, notamment des oiseaux et des fleurs. La croissance de l’équipe est un processus organique.

Chaque papier peint de Gournay est unique grâce à un art, une technique et un soin remarquables. Tout comme une robe de haute couture est confectionnée selon des spécifications exactes, chaque papier peint est conçu pour s’adapter parfaitement à une pièce. Et tout comme une porcelaine fine allie délicatesse et durabilité, chaque papier peint méticuleusement créé allie beauté éthérée et qualité durable.

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