La lumière est tamisée dans la rôtisserie de Hafida Piprel, ce jeudi après-midi au marché couvert Saint-Germain à Paris : la patronne a éteint les ampoules, coupé la lumière de sa vitrine… et ferme désormais dès 17 heures la cuisine de l’espace restauration qui jouxte son étale.
Comme des milliers de boulangers, bouchers, pressings et autres artisans, Mme Piprel redoute une hausse du montant sa facture d’électricité auprès de son fournisseur, EDF. Son contrat, signé en 2021, est à prix fixe, mais elle craint une augmentation du tarif à l’échéance.
Contrairement aux ménages, seule une partie des très petites entreprises (TPE, moins de dix salariés) bénéficient de tarifs plafonnés du gaz et de l’électricité grâce à ce que le gouvernement appelle le bouclier tarifaire. Leurs tarifs sont fixés par des fournisseurs comme EDF, Engie ou TotalEnergies, et si l’échéance intervient au moment où les cours de l’énergie sont au plus haut comme l’été et l’automne dernier, ils risquent de se voir répercuter des hausses inédites.
Le cri d’alarme des artisans
C’est le cas de Sarah Benaissa, gérante avec son associée d’un pressing à Paris. À la mi-novembre, le montant de sa facture EDF a ainsi été « multiplié par cinq« .
L’électricité lui coûte désormais 5000 euros mensuels, contre 1000 avant novembre. « Ça me prend toute la marge que j’utilisais pour nous verser un salaire », déplore-t-elle. « Si rien ne change, on met la clé sous la porte dans deux mois ».
La grogne est montée initialement des boulangers, dont les fours consomment beaucoup d’énergie. Ils ont obtenu mardi du gouvernement de pouvoir résilier leurs contrats sans pénalités en cas de hausse « prohibitive ». Mais nombre de professions ayant aussi besoin de machines, de chaud ou de froid, ont demandé : et nous ?
Emmanuel Macron a donc annoncé jeudi que toutes les TPE pourraient « renégocier » en janvier les « contrats excessifs » en gaz et électricité. À charge au gouvernement de faire appliquer la mesure aux fournisseurs d’énergie.
Son astuce ? modifier son contrat actuel
Dès vendredi matin, Mme Benaissa a décroché son téléphone pour contacter EDF. « On m’a répondu que, pour l’instant, la renégociation n’est pas à l’ordre du jour », explique celle qui refuse aussi de signer un contrat chez un fournisseur concurrent, où elle se voit proposer des tarifs plus élevés que chez EDF.
Pour seule solution, la commerçante envisage une astuce : modifier son contrat actuel, qui lui fait bénéficier d’un compteur de plus de 42 kilovoltampères (kVA), afin de le remplacer par deux compteurs moins puissants.
Par cette démarche, elle espère pouvoir utiliser la même puissance électrique tout en bénéficiant du bouclier tarifaire, qui limite la hausse du prix de l’électricité à 15% depuis janvier pour les TPE ayant un compteur de moins de 36 kVA. « Il fallait absolument trouver une solution, on a trouvé celle-ci », explique-t-elle.
Malgré les annonces de l’exécutif, « il n’y a pas de raison qu’on passe au travers », philosophe Arthur Viot, poissonnier au marché Saint-Germain à Paris. Son contrat actuel fixe le tarif de son électricité à 300 euros mensuels, mais il s’attend à une augmentation en 2023.
Dans sa fromagerie parisienne, Christine Bouchet, dont la facture électrique Engie est passée de 180 euros par mois en juillet à 229 euros par mois pour les derniers mois de 2022, n’envisage pas de changer de fournisseur.
« Ils proposent tous des tarifs à peu près similaires », se justifie-t-elle.
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