Situation chaotique cet hiver en Chine face à un tsunami de cas de Covid-19

Par Léonard Plantain
18 janvier 2023 08:36 Mis à jour: 18 janvier 2023 08:36

La situation pourrait devenir bien pire après le Nouvel An.

Alors qu’actuellement une épidémie de sous-variants d’Omicron fait rage en Chine, plusieurs pays ont mis en place des mesures exigeant la présentation d’un test négatif pour les voyageurs en provenance du pays, de Hong Kong et de Macao, 48 heures avant le départ. L’épidémie s’est déclarée suite au revirement soudain de la politique zéro Covid de la Chine début décembre.

Le 25 décembre dernier, les autorités sanitaires chinoises ont cessé de publier les bilans quotidiens des cas positifs. Tandis que les chiffres officiels indiquent moins d’une douzaine de décès pour le mois de décembre, les experts médicaux sont plutôt sceptiques. Le nombre de contaminations reflète seulement les personnes hospitalisées, alors que le taux de mortalité ne comprend que les décès liés directement au coronavirus. Les médecins doivent donc s’assurer que les patients ne souffraient pas d’autres maladies préexistantes avant de confirmer une mort liée au virus sur leur certificat de décès.

D’autres chiffres, qui auraient été cités lors d’une téléconférence tenue par la Commission nationale de la santé le 21 décembre dernier, circulent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux : depuis la levée des restrictions sanitaires au mois de décembre, plus de 240 millions de personnes auraient été contaminées, et le taux d’infection serait de l’ordre de 17,56% à travers tout le pays. Quant à Pékin et Sichuan, le taux d’infection aurait passé la barre des 50% contre entre 20 et 50% à Tientsin, Hubei, Henan, Hunan, Anhui, Gansu et Shandong. Selon des experts, le taux d’infection du pays pourrait dépasser 50% après les célébrations du Nouvel An chinois, au mois de janvier.

Face à la recrudescence de l’épidémie en Chine, et en l’absence de données épidémiologiques relatives au virus et à son séquençage génomique, de nombreux pays (tels que le Japon, l’Italie, l’Espagne, les États-Unis, le Canada, et l’Australie) exigent maintenant la présentation d’un test négatif effectué 48 heures avant le départ de tous les voyageurs en provenance de provinces chinoises. L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (USFDA) a notamment déclaré :

« Reduced testing and case reporting in (China) and minimal sharing of viral genomic sequence data could delay the identification of new variants of concern if they arise ».

Traduction automatique : « La diminution de la fréquence des tests de dépistage et du signalement des cas positifs en Chine, ainsi que l’échange restreint de données sur le séquençage génomique du virus, pourraient retarder l’identification potentielle de nouveaux variants préoccupants ».

En Chine, la panique s’est très vite répandue suite à un véritable tsunami de cas positifs. Les réseaux sociaux sont inondés d’avis de décès, les hôpitaux et crématoriums sont débordés, et la population se rue sur les médicaments contre la grippe et la fièvre à cause des ruptures de stock.

De plus en plus de Chinois critiquent le gouvernement pour le démantèlement brutal de sa politique zéro Covid. Un utilisateur a publié le poste suivant (depuis supprimé), sur Weibo :

« 北京这波疫情到底死了多少人?不知道!
王劲松的妈妈、樊登的爸爸相继离世。
演员储兰兰、导演王景光疫情离世。
从讣告看,北大、清华成批的院士、教授离世。
北京火葬场业务暴增,单人从40到150,排队到第八天。
只能管中窥豹,不会有真实数据。
但谁对他们的死亡负责?
这一切都归于防疫政策的突变! »

Traduction automatique : « Combien de personnes sont-elles maintenant décédées à Pékin ? Personne n’en sait rien.
La mère de l’acteur Wang Jincong et le père de Fan Dang, animateur sur la Télévision centrale de Chine (CCTV), sont tous les deux morts.
Chu Lanlan, actrice à l’Opéra de Pékin et âgée de 40 ans, et le cinéaste Wang Jingkuang, âgé lui de 54 ans, sont aussi décédés.
Des avis de décès publiés par les universités de Pékin et de Tsinghua révèlent que de nombreux professeurs et universitaires ont succombé au virus.
À Pékin, le nombre de crémations quotidiennes est passé de 40 à 150 et le délai pour être incinéré est maintenant de 8 jours.
C’est seulement grâce à ces quelques informations que nous pouvons cerner la situation, faute de données fiables.
Qui est responsable de toutes ces morts ?
Merci pour l’abandon brutal de la politique zéro Covid ! »

Wang Xiangwei, ancien rédacteur en chef de South China Morning Post, suggère aussi dans un récent billet de blog que le gouvernement serait à l’origine de la crise sanitaire dans laquelle la Chine se trouve actuellement :

Quantité limitée de médicaments contre la fièvre, hôpitaux débordés, pénurie de sang, augmentation du nombre de décès chez les personnes âgées, morgues saturées. Pourquoi la Chine connait-elle une telle crise après sa soudaine réouverture ?— Wang Xiangwei (@wangxiangweihk) December 22, 2022

Depuis le début du mois de décembre, les autorités chinoises ont modifié le discours officiel sur la Covid-19 ; au lieu de qualifier le virus de « maladie mortelle » et d’« ennemi de l’humanité », il n’est à présent plus qu’une maladie semblable à une grippe. Plus récemment encore, des représentants du gouvernement ont également suggéré que : « Il vaut mieux contracter le virus maintenant que plus tard » (早阳早好).

Un tel revirement exerce des pressions supplémentaires sur le système de santé du pays et met en danger les personnes âgées. Un grand nombre de professionnels de la santé démentent au contraire toute suggestion selon laquelle le coronavirus serait comparable à une simple grippe. Un chirurgien, employé dans l’un des meilleurs hôpitaux de la province de Jiangsu, exprime son indignation sur Weibo :

« 新冠病毒並不是流感… 現在放開後,醫院呼吸內科和ICU已經淪陷,急診和發熱門診也排不上隊。 »

Traduction automatique : « La Covid-19 n’a rien à voir avec la grippe…suite de la réouverture du pays, les services de pneumologie et de soins intensifs sont complètement saturés. Les services d’urgences et pour les malades fiévreux ne peuvent plus accueillir de nouveaux patients, faute de place… »

Ceux qui ont perdu des membres de leur famille ne peuvent plus contenir leur frustration face au nouveau discours officiel du gouvernement ; un utilisateur s’exprime sur Weibo le 23 décembre dernier :

« 谁他妈也别再跟我这新冠就是个小感冒,我爷爷奶奶今年90了,身体健康能吃能喝,就因为感染了我爷昨天下午不在了,我奶现在高烧看见我爷爷不在了也开始不吃不喝。
你自己得了都难受何况是老人?你知道现在医院急诊和icu都满的,那你知道现在火葬场都排队吗?!还他妈说这就是感冒祝你一年得十次 ​ « 

Traduction automatique : « Arrêtez de dire que la Covid-19 n’est qu’une simple grippe ! Mes grands-parents avaient plus de 90 ans ; ils étaient en bonne santé et vivaient heureux. À cause de la Covid-19, mon grand-père est mort hier alors que ma grand-mère est toujours très fiévreuse et refuse de s’alimenter après avoir appris le décès de mon grand-père. Les jeunes sont aussi gravement touchés par le virus, alors qu’en est-t-il des personnes âgées ? Ne voyez-vous pas que les services d’urgences et de soins intensifs dans les hôpitaux sont complètement débordés ? Que les cercueils font la queue devant les crématoriums ? Si c’est juste une foutue grippe, je souhaite que vous l’attrapiez au moins dix fois dans l’année ».

Pire encore, le pays n’était pas du tout prêt sur le plan médical à faire face à l’épidémie, comme en témoigne la pénurie actuelle de médicaments contre la grippe et la fièvre. Rong Jian, journaliste chevronné, a publié sur Weibo des postes de médecins concernant la pénurie de médicaments :

Incroyable ! Même les hôpitaux n’ont plus de stocks de médicaments contre la grippe et la fièvre. Par contre, Lianhua Qingwen, remède traditionnel chinois, est largement accessible.

Un autre médecin exerçant à l’hôpital Huashan, de l’université de Fudan, explique que son service est en rupture de médicaments contre la fièvre et la toux. Et un chirurgien cardio-vasculaire se demande pourquoi la vente de médicaments contre la fièvre, la grippe et anti-inflammatoires a-t-elle été limitée dans les pharmacies durant la politique zéro Covid ?

Dans le cadre de la politique zéro Covid, toute personne désirant acheter des médicaments pour soigner des symptômes liés à la Covid-19 devait tout d’abord justifier son identité. C’est la raison pour laquelle beaucoup de pharmacies n’ont pas assez de stocks pour faire face à l’épidémie. Par contre, Lianhua Qingwen, parmi d’autres traitements traditionnels chinois à base de plantes, est maintenant recommandé par l’État pour prévenir et soigner la Covid-19, et ce malgré de nombreux doutes quant à son efficacité.

Actuellement l’épidémie est bien pire dans les villes qui, contrairement aux régions rurales, bénéficient de meilleures ressources médicales et structures hospitalières. La situation pourrait devenir encore beaucoup plus grave lorsque l’épidémie se propagera dans les régions moins développées du pays après le Nouvel An chinois.

Articles écrit par Oiwan Lam et traduit par Corinne Molton de Global Voices.

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