BERLIN – Depuis une décennie, le meurtre de prisonniers de conscience pour leurs organes faisait partie des discussions sur les droits de l’homme en Chine, mais il était toujours difficile de trouver une solution à ce problème. Que doit faire l’Occident face à ce que certains chercheurs ont qualifié d’une « nouvelle forme de mal » ? Six réponses à cette question ont été proposées par les législateurs allemands et les principaux chercheurs internationaux dans ce domaine, qui se sont récemment réunis pour un forum public à l’hôtel Albrechtshof, dans le centre de Berlin.
Ce forum a été organisé par l’Organisation mondiale pour enquêter sur la persécution du Falun Gong (WOIPFG), un réseau de chercheurs qui recueillent des preuves sur les pratiques abusives exercées en Chine contre les pratiquants de la discipline spirituelle du Falun Gong.
Après avoir présenté des nombreuses preuves amenant à la conclusion qu’une telle atrocité se produit en Chine sur une grande échelle, les députés allemands ont proposé une série de mesures qui pourraient être prises dans le monde entier pour mettre fin à cette pratique.
Depuis des années, les chercheurs présentaient des preuves que le Parti communiste chinois (PCC) utilisait principalement les pratiquants emprisonnés de la discipline spirituelle du Falun Gong comme source d’organes pour des transplantations. Le Falun Gong est une forme de discipline physique et spirituelle qui a été très populaire en Chine dans les années 1990, jusqu’à ce qu’elle soit interdite par le gouvernement de Jiang Zemin et ciblée pour l’élimination en 1999. D’après les enquêtes, on pense qu’à partir de l’an 2000, les pratiquants emprisonnés ont été soumis à des tests sanguins. Lorsqu’un receveur potentiel d’organes arrivait à l’hôpital, les organes étaient prélevés sur les pratiquants qui restaient encore vivant et étaient tués dans ce processus. L’ampleur de cette pratique n’est pas connue, mais plus tôt cette année, trois enquêteurs ont annoncé que depuis 2000, la Chine effectuait entre 60 000 et 100 000 transplantations d’organes par an, dont la plupart serait prélevés sur les pratiquants de Falun Gong.
Étant donné que, selon les résultats de l’enquête des chercheurs, les hôpitaux militaires communistes chinois ont été largement impliqués dans ce commerce lucratif et atroce, il est difficile de dire quel effet sur cette pratique chinoise pourrait avoir les efforts extérieurs. Cependant, ont souligné les députés allemands, il y a toute une série d’actions qui pourraient être entreprises par des pays comme l’Allemagne, afin d’assurer qu’au moins l’Occident n’est pas complice dans cette atrocité.
Les six propositions issues des discussions au forum pourraient permettre aux pays occidentaux d’aider à mettre fin à la pratique de prélèvements d’organes en Chine.
Condamnation publique
« Il est important d’exercer une pression sur la Chine », a déclaré Martin Patzelt, un député conservateur allemand qui s’intéresse beaucoup aux problèmes des droits de l’homme et qui avait accueilli et aidé à reloger des réfugiés d’Erythrée.
Selon lui, une façon d’exercer une telle pression consiste dans la condamnation des prélèvements d’organes en Chine par voie de résolutions, comme celles adoptée cette année par la Chambre des représentants des États-Unis, ainsi que, plus tôt, par le Parlement européen. M. Patzelt a souligné que le parlement allemand devrait également envisager l’adoption d’une résolution similaire.
Arrêter la formation des chirurgiens chinois
Selon les données disponibles sur les sites web du gouvernement et des hôpitaux chinois, des nombreux chirurgiens chinois ont été formés dans les pays occidentaux. C’est l’une des premières suggestions abordées par les intervenants.
« Nous allons enquêter sur les institutions qui ont formé des médecins chinois. Nous devons adopter des lois pour leur empêcher de le faire », a déclaré M. Patzelt. « Les membres de notre parlement doivent également faire pression sur ces institutions », a-t-il ajouté.
Refuser l’entrée dans le pays aux médecins impliqués dans des meurtres pour les organes
Depuis des années, les États-Unis exigent des étrangers qui traversent leurs frontières de cocher une case sur un formulaire douanier, afin de certifier que cette personne n’a pas été impliquée dans un prélèvement forcé d’organes humains.
Arne Schwarz, chercheur indépendant sur le trafic d’organes, a suggéré que l’Allemagne et d’autres pays devraient adopter une politique similaire. Il a admis que les médecins qui avaient tué des gens pour leurs organes ne seraient pas toujours prêts à le déclarer dans un document officiel. Toutefois, il a remarqué que si on découvre ces faits plus tard, le gouvernement américain aurait des raisons pour expulser ces meurtriers.
« On connaît les noms de certaines personnes impliquées dans les prélèvements d’organes… Quand ils vont à l’étranger, nous ne devons pas les laisser entrer dans notre pays », a déclaré le député Arne Gericke.
Mettre sous pression les sociétés pharmaceutiques occidentales
M. Schwarz a attiré l’attention sur le fait que de nombreuses sociétés pharmaceutiques occidentales ont effectué en Chine des expériences cliniques non éthiques, et ont fournis des médicaments utilisés par des patients qui recevaient des organes d’origine non éthique.
Des mesures pourraient être prises en Occident pour limiter ces activités, a-t-il souligné en ajoutant : « Nous devons commencer par nous-mêmes et poser des questions aux sociétés pharmaceutiques occidentales qui fournissent à la Chine des médicaments de transplantation d’organes et soutiennent la pratique de la transplantation d’organes dans ce pays. C’est très important. »
Adopter des lois interdisant le « tourisme de transplantation »
Le boom de la transplantation d’organes en Chine a été en partie alimenté par les touristes étrangers qui s’y rendent pour recevoir un rein, un foie ou un cœur. Israël, l’Espagne et Taiwan ont adopté des lois qui considèrent une telle pratique comme criminelle ou défendaient son remboursement par les assurances. Le député Gericke a déclaré que l’Allemagne devrait également adopter une telle législation.
« Nous devons stipuler dans la législation allemande que chaque personne qui se rend dans un pays étranger pour une transplantation d’organes doit avoir une idée claire sur la provenance de ces organes et en avoir des preuves qui ne laissent place à aucun doute raisonnable. Nous devons au moins minimiser la possibilité de l’implication allemande dans cet acte criminel », a-t-il précisé.
Sensibilisation au trafic d’organes
L’une des propositions les plus importantes faites lors du forum consiste à poursuivre les efforts qui datent déjà d’une décennie suivant l’apparition en 2006 des premières allégations sur les prélèvements d’organes sur les pratiquants de Falun Gong. Il s’agit d’assurer que le public, la communauté politique et les médias soient entièrement conscients de la réalité et de l’ampleur des prélèvements d’organes en Chine.
Les participants au forum ont souligné que si les gens se rendent largement compte de l’atrocité du crime du Parti communiste chinois, cela aidera à arrêter cette pratique odieuse.
« Plusieurs membres du parlement pensent que ‘‘c’est impossible’’ », a confié M. Patzelt en se référant à l’engagement de l’Allemagne dans les actions ayant comme but d’arrêter une telle pratique en Chine. « Alors je dirais que ‘‘ce n’est pas impossible. C’est juste que nous ne l’avons jamais fait’’. Nous devrions avoir le courage de nous engager dans cette voie, et nous pourrions changer beaucoup de choses », a-t-il ajouté.
Il s’est référé aux efforts de la communauté des pratiquants de Falun Gong, composée de bénévoles, en tant que « modèle » de l’attitude nécessaire pour pouvoir changer les choses dans des circonstances difficiles.
« Les pratiquants de Falun Gong approchaient les députés du Parlement européen en restant persévérants et très patients. Ils étaient persuadés qu’ils pouvaient persuader les députés de signer la déclaration écrite », a déclaré M. Patzelt. Il se référait à la « Déclaration écrite 48 », réaffirmant les conclusions de la résolution adoptée en 2013 par le Parlement européen qui demandait l’ouverture d’enquête sur les pratiques abusives de transplantation en Chine.
« Je pense qu’ils peuvent nous servir de modèle et nous monter comment aborder d’une manière positive la tâche de modifier la législation allemande de transplantation, afin d’empêcher que des Allemands se rendent en Chine pour des greffes d’organes », a-t-il expliqué.
D’autres participants se sont également prononcés lors du forum. Parmi eux étaient Ethan Gutmann, auteur du livre « The Slaughter (Le carnage) » consacré au sujet considéré par le forum ; Dr Wang Zhiyuan, président de l’Organisation mondiale pour enquêter sur la persécution du Falun Gong (WOIPPG) ; professeur Nieh Sen, vice-président de la WOIPFG qui a joué le rôle de modérateur ; Christopher Strässer, député du Bundestag allemand et ancien commissaire aux droits de l’homme en Allemagne ; Dr Charles Lee, ancien prisonnier de conscience et responsable de la sensibilisation du public à la WOIPFG.
Edward McMillan-Scott, ancien vice-président du Parlement européen, a soumis des remarques écrites qui ont été lues lors du forum, de même que Chris Smith, membre républicain du New Jersey de la Chambre des représentants des États-Unis. La présentation de Chris Smith a été intitulée « Les prélèvements et le commerce d’organes sont inacceptables et doivent être arrêtés ».
Version anglaise : Six Ways to Stop Organ Harvesting in China
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