Le Slow Tourisme s’inscrit dans la tendance du Slow Food : l’art de voyager en s’accordant le temps de profiter des espaces visités, des heures douces, des découvertes inattendues, etc. Une vraie pause qui permet d’évacuer le stress de la vie courante ! Comment ? En choisissant déjà sur le site des vacances des modes de transport moins polluants : la randonnée, le vélo, le train, la roulotte, le cheval ou … le bateau et principalement le bateau-habitable !
Nous avons voyagé avec Le Boat, le leader du tourisme fluvial en France et au Canada avec une expertise de plus de 40 ans dans le secteur de la location de house-boat. Tout commence à St-Jean-de-Losne, la plus petite commune de France qui n’en est pas moins le premier port du tourisme fluvial, aux confluents de la Saône, du canal de Bourgogne et du canal Rhin-Rhône, véritable échangeur entre la Méditerranée, la Manche et l’Europe du Nord.
Au rythme de l’escargot
Avant d’être initiés aux rudiments de la navigation fluviale, les enfants envahissent notre paquebot miniature, ouvrant tout ce qui peut s’ouvrir, découvrant les éventuelles cachettes et surtout la magie de ce nouveau décor : un pont surélevé, deux postes de pilotage, un grand carré, quatre cabines et deux cabinets de toilettes avec douche et WC. Quand tous les bagages sont distribués dans l’espace de ce nouveau décor, vient le moment de l’écolage. Pour le capitaine d’occasion, nul besoin de licence, la conduite ne semble pas bien difficile car les manœuvres sont réduites à leur plus simple expression. Une petite heure suffira pour se familiariser avec le gouvernail et le levier qui commande les marches avant et arrière. La vitesse est réduite, un grand maximum de 7 km/heure.
L’après-midi est bien avancée mais pas question de passer notre première nuit dans cette importante escale fluviale. Objectif : Seurre, une petite cité dont les guides vantent le pittoresque du site. A près de 18h, la lumière est douce et toute la rivière nous appartient. C’est l’occasion de franchir notre première écluse de grand gabarit au point que notre bateau semble bien minuscule quand il se retrouve au fond du bassin. Nous avons de la chance, toutes les écluses sont mécaniques sur la Saône et dans le sens de la descente du fleuve, nous y pénétrons au niveau des bollards. Il est aisé pour les moussaillons du jour de jeter l’aussière pour maintenir le bateau durant la descente des eaux. Les vannes s’ouvrent sur un canal de dérivation, on a réussi la première épreuve !
S’amarrer à Seurre s’avérera plus compliqué que dans le port de St-Jean-de-Losne car ici il faut compter avec le courant. La manœuvre est moins aisée d’autant qu’on ne guide pas vraiment le bateau en marche arrière puisqu’il n’y a pas de barre et il faudra s’y reprendre à deux fois. Un magnifique coucher de soleil illumine la petite ville de pierre aux façades sablées de couleurs claires qui se reflètent dans l’eau dont la berge au niveau du port est aménagée en gradins. Le lendemain matin, pendant que les gamins sont partis en vélo avec leur papa à la recherche d’un permis de pêche, nous prendrons le temps de découvrir la belle église St-Martin de la fin du 13ème qui abrite un insolite ex-voto, la maquette d’un bateau voilier de haute mer suspendue dans la nef pour rappeler sans doute qu’une prière a permis de survivre à une tempête.
Le ton est donné
La croisière est rythmée par la répétition de gestes inusités, sur un espace tout aussi inhabituel, dans un environnement très éloigné du quotidien de chacun. Même les enfants apprivoisent le carré devenu leur mini salle de jeu à moins qu’ils ne grimpent sur le pont pour profiter du spectacle. C’est que la terre vue de l’eau offre une nouvelle mise en scène. Entre les manœuvres, on a le temps de laisser vagabonder le regard et l’esprit, surpris par le silence qui baigne le paysage. Chaque méandre offre une surprise pour les naturalistes en herbe : une poule d’eau qui fuit sous les roseaux, une famille de cygnes qui s’ébattent, un héron cendré à l’affût perché sur ses hautes pattes, un martin-pêcheur à moins que ce ne soit un milan noir qui cisaille le ciel…
Après la Petite Saône où les nénuphars abondent le long des barges, nous pénétrons dans la Grande Saône gonflée par les eaux turbulentes du Doubs au-delà de Verdun sur le Doubs, une petite localité qui abrite une Maison du blé et du pain ou comment tout apprendre sur l’histoire de la meunerie et de la panification. On n’est plus qu’à une vingtaine de kilomètres de Chalon-sur-Saône, la balade sur le fleuve plus large se fait tout en douceur. Les charolaises se prélassent sur les petites plages dessinées par les abords sableux et elles n’hésitent pas à s’immerger dans les eaux pour y boire et s’y rafraîchir.
Chalon-sur-Saône entre terre et eau
Le centre historique de Chalon offre la surprise d’une petite ville médiévale qui a su préserver le charme de ses venelles bordées de boutiques dont les vitrines ferment d’anciennes arcades. Il faut lever les yeux pour découvrir des statues qui soulignent les coins de rue ou des écussons qui garnissent les façades d’anciens hôtels particuliers. Magasins de bouche, boutiques, brasseries et petits restaurants, toute une animation qui ne bouscule pas pour autant la quiétude de la ville. Deux places se couvrent de terrasses, celle de l’Hôtel de ville où d’étranges mâts luminaires attirent les curieux et celle dominée par la superbe cathédrale St-Vincent. Longée de maisons à pans de bois, elle devient selon les jours une immense terrasse pour une pause pittoresque hors du temps ou elle s’anime avec un marché traditionnel de produits frais.
La longue promenade au bord du quai Gambetta permet d’admirer les paquebots de croisière qui accostent au port de Villiers, à deux pas de l’office du tourisme installé dans un ancien relais de poste et du musée dédié à Niepce Nicéphore, l’inventeur méconnu de la photographie et de la photogravure. Sur l’autre rive, le monumental édifice de l’ancien hôpital fondé au 16ème siècle permettait une distance entre la ville et les malades, de quoi éviter les éventuelles contagions tout en facilitant les livraisons. Aujourd’hui l’île St-Laurent a bien sûr son port de plaisance mais on y raconte volontiers que les cuisiniers y ont remplacé les bateleurs car c’est là, dans la rue de Strasbourg ensoleillée jusque tard en soirée que se succèdent les meilleures tables de la ville.
Notre dernière étape sur la Saône nous amène à Tournus après une navigation lente sur une rivière-miroir où d’un méandre à l’autre se mirent des bois de peupliers, des champs de maïs et quelques belles maisons à la toiture vernissée. Un petit air du Sud flotte à Tournus sur les bords fleuris de la rivière, avec des terrasses de cafés bavardes. Merveille de l’art roman, l’abbaye Saint-Philibert élevée sur une esplanade attire tous les regards et inévitablement la balade mène à ce haut lieu monastique qui est resté intact et raconte un véritable manifeste du premier art roman.
Remonter la Seille en musardant
Un coude serré sur la gauche et cette fois nous remontons la Seille mais déjà nous rejoignons La Truchère, notre première écluse exécutée par un éclusier. C’est aussi le nom d’un minuscule village dont l’accès au ponton est géré par l’Embarcadère qui tient à la fois de capitainerie, de boutique-épicerie, de restaurant et de salon-bar.
La Seille est tout aussi paisible que la rivière dans laquelle elle se jette mais nettement plus étroite et son eau nappée de tapis de nénuphars tachetés de fleurs jaunes réfléchit de hauts arbres touffus qui lui donnent des couleurs vertes. Les enfants jouent aux cartes sur le pont soleil ou pêchent tout en naviguant. L’arrivée à Cuisery est célébrée par les vivats des gamins qui découvrent une piscine au camping qui sert de capitainerie. Nous veillerons quand même à faire le tour du village du livre, quatrième du nom, né en 1999 quand l’idée y est née d’animer la rue principale en y créant un village dédié aux vieux livres.
A Loisy, notre dernière écluse nous attend avant de joindre Branges, le port de la compagnie du Boat où nous rendrons le bateau. Le ponton de Loisy est privatif mais leurs propriétaires, un charmant couple de retraités, y vivent sur une ancienne barque à huitres qu’ils ont raccourcie, aménagée pour plus de confort et amarrée à leur ponton. Intarissables sur le hameau, ils nous guident vers la petite route qui grimpe vers la place centrale dominée par un bouquet de platanes séculaires. D’un côté la maison communale qui abrite l’école, de l’autre un château privé du 18ème qui s’ouvre sur deux anciennes tours du 12ème qui gardaient jadis un pont-levis jeté sur des douves.
Quand vient le moment de rendre le bateau, chacun, petits et grands, s’étonne « Déjà ! ». C’est que la magie opère, les heures se sont étirées et une semaine plus tard, on a l’impression d’avoir parcouru un long périple bucolique qui ne compte en fait que quelque 120 km.
Informations touristiques : auprès de www.bourgognefranchecomte.fr ou encore www.destination-saone-et-loire.fr
Compagnies et bateaux : Plusieurs compagnies se partagent les services de location. Le Boat est la compagnie de plaisance fluviale qui offre le plus vaste choix de croisière en France avec une flotte de 900 bateaux et plus de 40 modèles répartis sur 22 bases ! Le Boat propose 200 suggestions d’itinéraires en court séjour, semaine, long séjour et aller simple. Le plus difficile est sans doute de choisir sa destination ! www.leboat.fr
Partir avec des enfants : L’expérience vaut la peine d’être tentée car elle ouvre leur regard sur un monde qu’ils n’imaginent pas et qu’ils apprivoisent rapidement. Trois conseils toutefois : être intransigeant sur le port du gilet de sauvetage sur le pont, dans les écluses et à l’abordage, partir avec leurs vélos pour qu’ils puissent se dérouiller les jambes et atteindre plus aisément des sites plus éloignés comme une piscine par exemple et enfin prendre un permis de pêche et investir dans des cannes à pêche ! Les enfants apprendront vite à relâcher leurs prises en fin de journée et pêcher est une manière de rencontrer d’autres pêcheurs débutants quand on est amarré.
Coût d’une croisière : Il est toujours abordable quand il se divise par 4 ou par 6 ou 8, d’autant plus que le voyage est plus confortable si l’équipage est plus important pour partager les manœuvres. Par ailleurs choisir de faire son marché et de cuisiner soi-même les produits du cru évite le coût d’une restauration. Les brasseries offrent toutefois des lunchs attrayants à prix d’ami, une bonne formule pour découvrir les saveurs du terroir. Sur la Saône également parcourue par de plus gros navires de croisière, il n’est pas permis d’amarrer n’importe où, il faut s’en tenir aux villages qui offrent un abordage organisé et il vaut mieux téléphoner à la capitainerie pour s’assurer un emplacement. Pour un supplément modique, des VTT peuvent être mis à votre disposition, ils s’avèrent pratiques quand il faut partir à la recherche d’une boulangerie pour le petit-déjeuner ou tout simplement pour rayonner autour du lieu d’amarrage.
Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux
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