L’Union européenne (UE) a critiqué la Chine pour ses pratiques commerciales déloyales, alors que le chef du Parti communiste chinois (PCC) Xi Jinping entamait sa visite officielle visant à renforcer ses relations avec les dirigeants européens.
Les produits subventionnés de la Chine – tels que les voitures électriques ou l’acier – « inondent le marché européen », mais Pékin « continue de soutenir massivement son secteur manufacturier » alors que sa demande intérieure est faible, a déclaré à la presse la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à l’issue d’une réunion trilatérale avec le président français Emmanuel Macron et Xi Jinping lundi dernier. « Le monde ne peut pas absorber l’excédent de production de la Chine », a-t-elle martelé.
Xi Jinping a atterri à Paris dimanche après-midi, donnant le coup d’envoi de sa première visite européenne en cinq ans. Plusieurs experts et observateurs ont estimé que le voyage de six jours de Xi était conçu par Pékin afin de créer des divisions surtout entre Bruxelles et Washington, vu que l’Europe et l’Amérique sont aujourd’hui unies dans leur approche aux menaces posées par l’État-parti chinois.
La réunion trilatérale de lundi a eu lieu à un moment où les tensions entre les 27 membres de l’UE et la Chine augmentent sur de nombreux fronts – de la guerre en Ukraine et le soutien de Pékin à Moscou à la fabrication et l’exportation massive chinoise des produits des secteurs de « l’énergie verte », tels que les voitures électriques et leurs batteries.
En octobre dernier, Mme von der Leyen, démontrant clairement l’engagement de l’UE en faveur du commerce équitable, a annoncé que la Commission européenne – l’organe exécutif de l’UE – avait officiellement ouvert une enquête pour déterminer si les voitures électriques fabriquées en Chine bénéficiaient de subventions d’État. En décembre 2023, Bruxelles a lancé une enquête antidumping sur le biodiesel importé de Chine après que les producteurs européens avaient exprimé leurs inquiétudes quant aux graves dommages causés à leur industrie par les importations d’origine chinoise à bas prix.
Au cours des mois précédant la visite de Xi Jinping, l’UE s’est penchée sur plusieurs secteurs chinois, tels que la production d’éoliennes et de panneaux solaires et, plus récemment, sur la discrimination injuste des entreprises et produits européens sur les marchés publics chinois de dispositifs médicaux.
Lors de la réunion d’information de lundi, Mme von der Leyen a déclaré que l’UE était prête à agir pour protéger ses entreprises de l’inégalité d’accès au marché chinois.
« Pour que le commerce soit équitable, l’accès au marché de l’autre partie doit être réciproque », a-t-elle souligné. « Nous sommes prêts à utiliser pleinement nos instruments de défense commerciale si cela s’avère nécessaire. »
« L’Europe ne peut accepter des pratiques de distorsions du marché qui pourraient conduire à la désindustrialisation européenne. »
Ursula von der Leyen a également qualifié de ‘complexes’ les relations entre Bruxelles et Pékin, soulignant que les dirigeants européens les abordent « avec lucidité, de manière constructive et responsable ».
« Dans le même temps, l’Europe n’hésitera pas à prendre des décisions fermes » si nécessaires pour « protéger son économie et sa sécurité », a-t-elle ajouté.
S’exprimant plus tard aux côtés de Xi Jinping, après que les deux hommes se sont rencontrés à diverses reprises au cours de la journée, ont passé ensemble des troupes en revue et se sont serré la main plusieurs fois devant les caméras, Emmanuel Macron a dit aux journalistes : « L’Union européenne est désormais le marché le plus ouvert au monde (…) mais nous voulons être en mesure de le protéger. »
La position plus ferme de l’UE dans le domaine du commerce avec la Chine s’accorde avec l’approche des États-Unis. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a averti la Chine que Washington n’accepterait pas que de nouvelles industries américaines soient « décimées » par les importations chinoises.
Selon un résumé de la réunion trilatérale publié par le ministère chinois des Affaires étrangères, Xi Jinping a dit à Ursula von der Leyen et à Emmanuel Macron que le dialogue était nécessaire pour « résoudre les frictions économiques et commerciales ».
Toutefois, le chef du PCC a repoussé les critiques concernant les surcapacités industrielles de son pays, affirmant que le problème « n’existe pas du point de vue des avantages comparatifs ou de la demande mondiale ».
Diffuser sa propagande
La visite de Xi Jinping en Europe intervient alors que le régime fait face au ralentissement de son économie minée par une crise immobilière prolongée, une faible confiance des entrepreneurs et des dettes croissantes des collectivités locales.
Face à la morosité de l’économie et à l’escalade des luttes intestines au sein du régime, Xi tient à rassurer les Chinois. Les observateurs estiment que son voyage en Europe, qui comprend également des étapes en Hongrie et en Serbie, constitue une occasion idéale de diffuser la propagande dans son pays.
« La Hongrie est le pays le plus favorable au PCC dans l’Union européenne, tandis que la Serbie est le pays non membre de l’UE qui lui est le plus favorable en Europe », a expliqué à Epoch Times Cheng Chin-mo, expert en sécurité européenne et en relations internationales à l’université taïwanaise de Tamkang.
« Il est facile pour Xi d’avoir une réception de haut niveau dans ces deux pays – les pays qui seront utilisés pour des opérations de propagande intérieure et comme une vitrine pour ce qu’ils appellent ‘l’accomplissement majeur’ de la visite de Xi Jinping à l’étranger », a ajouté M. Cheng.
Alors que les relations de l’UE avec la Chine continuent de se tendre en raison de ses violations des droits de l’homme, de politiques commerciales déloyales, etc., la Hongrie a maintenu des relations politiques et économiques étroites avec le régime chinois. La Hongrie est l’État membre de la plateforme 16+1 de Pékin – une initiative que l’État-parti chinois a utilisée pour renforcer ses liens avec les pays d’Europe centrale et orientale dans des domaines très variés, notamment les infrastructures, l’économie et la technologie.
Après que Xi Jinping a lancé, en 2013, son Initiative Ceinture et Route (ICR) – un titanesque projet mondial visant à renforcer l’influence géopolitique de la Chine par le biais d’investissements dans diverses importantes infrastructures – la Hongrie a été l’un des premiers membres de l’UE à s’y joindre. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a été le seul dirigeant de l’UE à assister au forum organisé à Pékin en novembre dernier pour célébrer le 10e anniversaire de la ICR.
Signe de l’influence grandissante du PCC à Budapest : les policiers chinois sont autorisés à effectuer des patrouilles conjointes dans plusieurs endroits de Hongrie dans le cadre des accords de sécurité que le gouvernement Orban a signés avec Pékin, ce qui a suscité des inquiétudes à Bruxelles en matière de sécurité.
Quant à la Serbie, candidate à l’Union européenne, la Chine a investi des milliards de dollars dans ce pays des Balkans, principalement sous la forme de prêts à taux réduit pour des projets d’infrastructure et d’énergie dans le cadre de son ICR qui vise à relier la Chine aux marchés du monde entier. Xi Jinping a décrit la Serbie comme un « ami inébranlable » de son régime.
Même la date de sa tournée européenne est soigneusement choisie. M. Cheng a noté que Xi arrivera en Serbie le jour du 25e anniversaire du bombardement par l’aviation américaine de l’ambassade de Chine à Belgrade, survenu lors des bombardements de la Yougoslavie par l’OTAN. L’incident, qui s’est produit le 7 mai 1999 et a entraîné la mort de trois journalistes chinois, a été présenté par les médias d’État chinois comme une attaque délibérée de l’armée américaine et a suscité une vive indignation en Chine. Des milliers de manifestants ont pris d’assaut l’ambassade et les consulats américains à Pékin et dans d’autres villes chinoises.
Les États-Unis ont qualifié cette attaque « d’erreur » en mettant en cause des cartes périmées, tandis que le président américain Bill Clinton a présenté des excuses officielles. Cependant, les médias d’État chinois profitent souvent de cet incident pour alimenter les sentiments anti-américains.
En 2016, lors de la dernière visite de Xi Jinping en Serbie, il s’est d’abord arrêté sur l’ancien site de l’ambassade de Chine pour rendre hommage aux Chinois décédés pendant ce bombardement. L’agence de presse officielle Xinhua, qui couvrait la visite de Xi Jinping, a qualifié l’incident « d’attaque barbare au missile » dans le cadre de la campagne de « bombardement effronté » de l’OTAN dirigée par les États-Unis.
Il est à noter que Vladimir Poutine, de son côté, prévoit de se rendre en visite officielle en Chine d’ici la fin du mois de mai. Il pourra discuter avec son « cher ami » Xi Jinping des résultats de son voyage en Europe, ainsi que de l’approfondissement du rapprochement entre la Chine et la Russie dans le cadre de leur « partenariat sans limites » annoncé à la veille de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes en février 2022.
Une mission visant à séparer l’Europe et l’Amérique
Xi Jinping cherche surtout à empêcher Bruxelles de créer un front uni avec Washington, a noté Cheng Chin-mo, qualifiant cet objectif comme étant le « plus important » du voyage du chef du PCC.
Toutefois, les efforts de Xi Jinping risquent d’échouer.
Si, pour le moment, Pékin peut utiliser les sociétés européennes attirées par le marché chinois pour faire pression sur leurs gouvernements afin qu’ils poursuivent une politique de coopération avec la Chine, le ralentissement de l’économie chinoise signifie que de telles tactiques risquent de ne plus fonctionner à l’avenir, a poursuivi M. Cheng
« Bien que Xi Jinping s’efforce d’obtenir des partenaires européens par l’incitation ou la contrainte, la tendance générale lui est défavorable à long terme », a-t-il souligné.
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