Sommet Make Europe Great Again : l’Europe à l’heure du trumpisme

Par Etienne Fauchaire
31 janvier 2025 19:35 Mis à jour: 31 janvier 2025 19:37

REPORTAGE – L’onde de choc provoquée par le succès trumpiste outre-Atlantique atteint l’Europe : à Bruxelles, la droite européenne rêve désormais d’un destin à l’américaine. Et veut s’en donner les moyens. Une semaine après l’investiture du nouveau président des États-Unis, le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) a pris les devants, organisant ce mardi et mercredi, en partenariat avec le parti roumain AUR, une nouvelle édition du sommet Make Europe Great Again (MEGA).

Référence explicite au célèbre slogan de Donald Trump Make America Great Again (MAGA), cet évènement organisé dans l’enceinte même du Parlement s’est voulu le fer de lance d’une alternative transpartisane résolue face au progressisme dominant en Occident. Dans cette optique, Européens et Américains ont abordé les thématiques qui cristallisent les enjeux majeurs du Vieux Continent. Crise démographique et migratoire, liberté d’expression, influence des nouveaux médias, défense de la culture occidentale, avenir des relations entre l’Europe et les États-Unis sous une présidence Trump renouvelée… Deux jours durant, un ballet de tables rondes et de discours animés par des responsables politiques, des universitaires et des journalistes s’est enchaîné pour dessiner les contours des solutions d’avenir pour l’Europe et l’Occident.

Côté européen, on retrouvait des personnalités telles que l’ancien Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, aujourd’hui président du parti ECR, ainsi que Marion Maréchal et le Roumain George Simion, tous deux vice-présidents de ce même mouvement. Mais le sommet a aussi accueilli des voix extérieures à l’ECR, à l’instar de Christine Anderson, députée européenne du parti allemand AfD, que le patron de X Elon Musk soutient publiquement à l’approche des élections fédérales allemandes du 23 février. À leurs côtés, l’ancien diplomate roumain António Tânger Corrêa, désormais eurodéputé et membre des Patriotes pour l’Europe (où siège le RN), a également pris part aux discussions.

Depuis l’autre rive de l’Atlantique, des figures emblématiques du paysage conservateur américain ont fait le déplacement. Parmi elles, le Dr. Robert Malone, pionnier de la technologie ARN messager, le commentateur politique Ben Bergquam et Kimberly Fletcher, fondatrice du mouvement Moms for America. Si Kari Lake, ancienne présentatrice propulsée par Donald Trump à la tête de Voice of America, l’organe officiel de diffusion médiatique du gouvernement américain, n’a pu être présente, son nom figurait néanmoins parmi les figures de proue de cet événement d’envergure.

L’Europe à la croisée des chemins

Sans ambages, George Simion, à l’initiative de l’organisation de l’évènement, a explicitement placé cette édition dans la droite ligne de l’expérience trumpienne : « La victoire de MAGA est un exemple pour nous en Europe. Nous aussi, nous devons nous unir sous la bannière de la liberté : liberté d’expression, liberté électorale, liberté de décider de notre destin. »

Il s’agit du « grand évènement du sursaut européen », a estimé pour sa part Marion Maréchal mardi, dans un discours visant à mettre en garde contre le « risque mortel » qui pèse sur l’Europe : « Les menaces qui pèsent sur nous sont nombreuses, mais il y en a une plus grave, plus tragique, plus irrémédiable que les autres : la dénatalité. Car au bout, ce n’est pas seulement l’appauvrissement qui nous attend, ce n’est pas seulement le déclassement géopolitique, au bout, c’est l’extinction ».

Ce déclin démographique contraste avec l’expansion démographique d’une immigration extra européenne principalement issue de pays arabo-musulmans, a-t-elle alerté : « Les dirigeants immigrationnistes ont beau cacher les chiffres, tordre la réalité, inventer de jolis mots, cette réalité s’impose à nous de plus en plus clairement. »

Pour autant, « l’objectif de cet évènement, c’est de prouver que nous ne sommes pas condamnés aux délocalisations, à l’appauvrissement, au déclassement géopolitique, à la submersion migratoire, à la disparition de nos valeurs judéo-chrétiennes », a-t-elle développé dans une prise de parole mercredi : « Nous sommes face à une véritable dynamique politique, culturelle, historique et le fer de lance de cette dynamique en Europe s’appelle le groupe et le parti des Conservateurs et réformistes européens. L’un des grands leaders de cette dynamique européenne s’appelle Giorgia Meloni. […] Sachez que nous avons un combat pour le droit des Européens à la continuité historique. »

« La victoire de Donald Trump aidera l’Europe à se débarrasser du wokisme »

Pour Nicolas Bay, vice-président du groupe ECR, cet évènement est « une façon de s’aligner ou à tout le moins de copier amicalement le slogan de Donald Trump », explique-t-il à Epoch Times, jugeant toutefois que sa victoire est « un défi posé à l’Europe, puisque les Américains vont légitimement défendre prioritairement leurs intérêts ». « Nous devons donc être capables d’avoir une vraie vision européenne ».

Mais d’ajouter que, cela étant, « nous sommes plus que jamais des amis et des alliés des Américains et a fortiori avec Donald Trump à la tête des États-Unis. Nous nous réjouissons de sa victoire, car elle représente le triomphe de nombreuses valeurs qui nous sont chères : la défense des libertés fondamentales, la préservation de notre identité et la lutte contre le wokisme ».

« La victoire de Donald Trump aidera l’Europe à se débarrasser du wokisme. C’est un combat que nous devons mener avec l’aide de nos alliés américains, car cet agenda socialiste poussé par les Nations unies et masqué derrière des objectifs écologiques ne concerne pas seulement les États-Unis, mais aussi l’Europe et Israël », juge pour sa part Rob Roos, ancien vice-président du groupe ECR, auprès d’Epoch Times.

« Néanmoins, c’est un combat qu’il nous faudra aussi mener par nous-mêmes, précise-t-il. Lors d’un diner privé avec Donald Trump Jr., celui-ci m’a dit directement : “Nous avons perdu espoir pour l’Europe de l’Ouest ; nous misons sur l’Europe de l’Est“. Nous devons donc montrer que nous sommes bien capables de nous défaire de ces politiques gauchistes. Mais une chose est certaine : la gauche et Ursula von der Leyen feront tout ce qu’ils peuvent pour se maintenir au pouvoir ».

Pour sa part, le Dr Robert Malone espère que ce type de sommet permettra de favoriser de plus en plus la coopération entre mouvements conservateurs des deux côtés de l’Atlantique : « Je vois cela comme une opportunité de travailler ensemble, d’approfondir des thématiques d’intérêt commun et de nourrir un échange constructif, tant en matière de stratégies éprouvées que sur les défis à venir », confie-t-il à Epoch Times. « Je pense que c’est l’enjeu pour la décennie à venir ».

Reste à voir si cette tentative de transfusion politique saura insuffler un véritable élan électoral et se traduire concrètement dans les urnes, ou si l’opération MEGA ne restera qu’un simple écho venu d’outre-Atlantique. En attendant, tandis que les conservateurs européens resserrent leurs liens avec leurs homologues américains, George Simion a déjà dévoilé son ambition de structurer un mouvement transatlantique à travers une série de conférences, de débats et de rassemblements prévus pour 2025. « De MAGA, le mouvement du président Trump, à MEGA – Make Europe Great Again ».

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