Vendredi dernier, le journaliste Taha Bouhafs se trouve dans le même théâtre que le président Emmanuel Macron et le signale sur Twitter. Interpellé par la GSPR, il a été placé en garde à vue, puis remis en liberté.
Le reporter filme alors M. Macron assis devant lui puis diffuse la vidéo vers 21H00 sur Twitter, avec ce message : « Je suis actuellement au théâtre des Bouffes du Nord (Métro La Chapelle). 3 rangées derrière le président de la République. Des militants sont quelque part dans le coin et appellent tout le monde à rappliquer. Quelque chose se prépare… la soirée risque d’être mouvementée ».
« La sécu me regarde bizarre là »
M. Bouhafs demande ensuite à ses dizaines de milliers d’abonnés s’il doit lancer ses chaussures sur le président, à l’image du célèbre geste d’un journaliste irakien contre le président américain George W. Bush en 2008. « Je plaisante (…) la sécu me regarde bizarre là », précise ensuite le reporter du site d’information Là-bas si j’y suis.
Vers 22H00, quelque 200 manifestants dans la rue se dirigent vers l’entrée, scandant « Macron démission », « Macron on vient te chercher », selon des rapports de police. Parvenu à forcer l’entrée, le groupe est stoppé dans le hall, mais certains réussissent toutefois « à ouvrir deux portes qui donnaient sur la salle de spectacle » pendant « environ 30 secondes, ce qui a perturbé la présentation mais ne l’a pas interrompue », rapportent les policiers. Le président Macron, présent avec son épouse, est alors « sécurisé » pendant quelques minutes puis retourne voir la pièce jusqu’au bout, selon son entourage.
Pendant que les policiers faisaient sortir les manifestants du théâtre, « M. Bouhafs, resté sur les marches pour filmer l’évacuation, nous a été désignés par un membre du GSPR (service de sécurité de la présidence) comme étant celui qui était précédemment dans la salle et qui a appelé à participer à l’attroupement », selon les rapports.
« On a franchi un cap dans la répression des journalistes »
À l’issue d’une garde à vue, M. Bouhafs a été déféré samedi, devant le tribunal de grande instance de Paris puis présenté à un juge d’instruction dans la soirée. « Le parquet de Paris demandait sa mise en examen pour participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations et pour appel à une manifestation non-déclarée », ce qu’a rejeté la juge d’instruction, d’après son avocat Arié Alimi.
La juge d’instruction a toutefois décidé de placer M. Bouhafs, 22 ans, sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre la mise en examen et le statut de témoin simple. Il a été remis en liberté.
Selon franceinfo, Me Arié Alimi précise que l’interpellation de son client a été « demandée » par la GSPR. « Je pense qu’on a franchi un cap dans la répression des journalistes », a-t-il déclaré. Il dénonce enfin la saisie par la justice de son téléphone, dans lequel se trouvent les images de la scène mais aussi les contacts du journaliste. « C’est regrettable on veut l’empêcher d’informer, d’être journaliste. Il y a une vraie violation de liberté individuelle contre un journaliste, ce n’est que le début d’une affaire d’État », déplore M. Alimi.
« Nous avons déposé plainte pour faux et usage de faux par des personnes dépositaires de l’autorité publique », a annoncé Me Arié Alimi à franceinfo.
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