La gentillesse peut être aussi simple que de dire bonjour en souriant au chauffeur de bus, offrir à ses collègues une boîte de chocolat pour leur remonter le moral ou de tendre la main à un ami en difficulté. En y regardant de plus près, les occasions de faire preuve de gentillesse sont présentes tout autour de nous. Mais il arrive que nous les manquions parce que nous nous inquiétons de la réaction des autres ou que nous sous-estimons l’importance de la contribution qu’elles pourraient apporter.
Une nouvelle étude publiée par l’Association for Psychological Science révèle que les enfants comme les adultes ont tendance à sous-estimer l’impact positif de la gentillesse.
Dans le cadre d’une expérience, les chercheurs ont demandé à 101 enfants et 99 adultes d’accomplir un acte de gentillesse dans un musée de Chicago. Ils ont reçu deux crayons portant la marque du musée et ont eu la possibilité d’en donner un à une autre personne dans le musée.
Si les participants choisissaient de donner l’objet, ils pouvaient choisir un visiteur qu’ils ne connaissaient pas et qui appartenait au même groupe d’âge qu’eux, puis répondre à un sondage en ligne. Cette enquête demandait aux donateurs de prédire « l’importance d’un acte de gentillesse » à leurs yeux et ce qu’ils pensaient que le destinataire ressentirait.
Après la distribution des crayons, les chercheurs s’approchaient du destinataire et lui expliquaient que le donateur avait choisi de lui offrir un crayon comme un acte de gentillesse de manière totalement aléatoire. Les destinataires répondaient ensuite à la question de savoir « dans quelle mesure » l’acte de gentillesse leur avait semblé important et faisait part de leur ressenti.
Les auteurs ont ensuite comparé les deux enquêtes (côté donateurs et côté destinataires) et ont constaté que les enfants de quatre à sept ans et les adultes sous-estiment « considérablement » l’importance que le destinataire accorderait à leur acte de gentillesse et le sentiment positif qu’il éprouverait par la suite. Notamment, l’humeur positive ressentie par les personnes ayant reçu des cadeaux de la part d’enfants était même deux fois plus élevée que les estimations des enfants eux-mêmes. Cependant, les enfants et les adolescents ont souvent évalué l’acte comme plus important que les adultes.
Obstacles psychologiques au lien social
Les chercheurs, Margaret Echelbarger de l’Université de l’État de New York et Nicholas Employ de l’Université de Chicago, ont déclaré que ce résultat montre que les « attentes mal calibrées » en matière de prosocialité – un autre terme pour désigner les actes de gentillesse – se manifestent tôt dans le développement.
Ils affirment que des « barrières psychologiques » aux actes de gentillesse aléatoires peuvent entraver de telles actions et que « la cognition sociale peut créer une barrière à la connexion sociale ».
« Ces résultats suggèrent que même si les donateurs de nos expériences avaient été en mesure d’interagir avec leurs destinataires pendant qu’ils accomplissaient leur acte de gentillesse, ils n’auraient peut-être pas été en mesure de reconnaître à quel point les destinataires se sentaient bien », ont noter les auteurs.
« Des relations sociales positives sont essentielles au bonheur et à la santé des enfants, des adolescents et des adultes, et pourtant, le fait de tendre la main aux autres peut parfois être entravé par la crainte de la réaction du destinataire.
« Les attentes qui encouragent l’évitement peuvent empêcher les gens de vivre les expériences qui leur permettraient de calibrer leurs attentes. »
» De plus, les gens peuvent ne pas reconnaître l’impact positif qu’ils ont eu sur une autre personne même après avoir vécu une interaction avec elle. Des étrangers qui viennent de discuter ont tendance à sous-estimer à quel point leur partenaire les a appréciés… un autre biais cognitif social qui a récemment été documenté chez les jeunes enfants de plus de cinq ans également (mais pas chez les enfants de quatre ans) ».
Sous-estimer les bonnes choses, surestimer les maladresses
Ce n’est pas la première étude qui s’intéresse à la manière dont notre esprit perçoit les actes de gentillesse.
Dans un article publié en juin 2018 sur Psychological Science, des chercheurs ont mené des expériences similaires sur la rédaction de lettres de gratitude. Les auteurs des lettres devaient prédire à quel point les destinataires se sentiraient « surpris, heureux et gênés », tandis que les destinataires devaient indiquer comment la réception d’une lettre de remerciement les avait réellement fait se sentir.
Le résultat est intéressant : Les auteurs ont déclaré que les personnes qui écrivaient des lettres « sous-estimaient de manière significative le degré de surprise des destinataires quant aux raisons de la gratitude exprimée par les auteurs, surestimaient leur degré de gêne et sous-estimaient leur degré de sentiment de satisfaction des destinataires ».
Les chercheurs ont ajouté que la gêne et l’humeur attendues étaient toutes deux en corrélation avec la volonté des participants d’exprimer leur gratitude.
« Les décisions judicieuses sont guidées par une évaluation précise de la valeur attendue de l’action », indique l’étude.
« Sous-estimer la valeur des actions prosociales, comme exprimer sa gratitude, peut empêcher les gens d’adopter un comportement qui maximiserait leur propre bien-être et celui des autres. »
Bien qu’il soit agréable d’être bon envers les autres, les gens peuvent être réticents à l’idée d’être bons pour les autres ou sous-estimer de telles actions en raison d’une différence de perspectives.
Divergence de perspectives
Une autre étude d’Epley, publiée en février dans Current Directions in Psychological Science, s’est intéressée de plus près aux raisons de ce phénomène.
Les auteurs ont constaté que ceux qui accomplissent des actes de gentillesse s’intéressent souvent davantage à « la pertinence de leurs actions, alors que les bénéficiaires s’intéressent relativement plus à la chaleur transmise ».
« Le fait de ne pas apprécier pleinement l’impact positif de la prosocialité sur les autres peut empêcher les gens de se comporter de manière plus prosociale dans leur vie quotidienne, au détriment de leur propre bien-être et de celui des autres », notent les auteurs.
« Une cognition sociale mal calibrée pourrait non seulement faire paraître les gens plus égoïstes que leur motivation prosociale réelle ne les amènerait à l’être, mais pourrait également conduire les gens à manquer des opportunités faciles d’améliorer leur bien-être et celui des autres. »
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