Soutenu par les investissements et l’expertise de l’Occident, le Brésil est devenu le dernier pays en date à se joindre aux efforts déployés par les États-Unis pour briser la domination de la Chine dans le secteur mondial des terres rares, ouvrant la première de plusieurs mines destinées à exploiter ses réserves de terres rares.
Les observateurs estiment que le régime communiste chinois est en train de perdre son influence sur la géopolitique et la concurrence avec l’Occident, en raison de l’augmentation des investissements et de la coopération dans l’exploration et l’extraction des terres rares par des pays tels que l’Australie, les États-Unis, le Japon, le Viêt Nam et d’autres.
En mars, le gouvernement australien a annoncé un investissement de 840 millions de dollars australiens (environ 523 millions d’euros) dans la première mine et la première raffinerie de terres rares exploitées par Arafura Rare Earths dans le nord de l’Australie.
Le Viêt Nam a prévu de redémarrer sa plus grande mine de terres rares d’ici à la fin de 2024 en coopération avec des entreprises occidentales, comme l’entreprise australienne Blackstone Minerals Ltd, afin de contrer la domination de la Chine dans ce secteur.
En mars 2023, l’entreprise japonaise Sojitz et l’Organisation japonaise pour les métaux et la sécurité énergétique ont annoncé un investissement de 200 millions de dollars australiens (125 millions d’euros) dans l’entreprise australienne Lynas Rare Earths afin de réduire sa dépendance à l’égard de la Chine.
La première mine de terres rares du Brésil, Serra Verde, a commencé à produire cette année, rejoignant ainsi la course et les efforts de l’Occident pour diversifier la chaîne d’approvisionnement de cette ressource d’importance stratégique.
Les terres rares sont un groupe de 17 métaux utilisés dans les batteries, les puces électroniques et les véhicules électriques. La Chine est le premier producteur mondial de ces matériaux, les États-Unis le deuxième et la Birmanie, également connue sous le nom de Myanmar, le troisième.
Les troisièmes plus grandes réserves de terres rares se trouvent au Brésil, qui cherche à tirer parti de ses faibles coûts de main-d’œuvre, de son énergie renouvelable, de ses réglementations établies et de sa proximité avec les acheteurs des États-Unis pour construire une industrie des terres rares influente. Le pays prévoit également de construire la première usine d’aimants d’Amérique latine pour produire des métaux de terres rares d’ici la fin de l’année.
Il a fallu 15 ans à Serra Verde pour commencer à produire, grâce aux investissements et aux incitations des pays occidentaux. Elle devrait produire 5000 tonnes cette année et pourrait doubler sa production d’ici 2030, selon l’entreprise.
« Serra Verde et le Brésil disposent d’avantages concurrentiels significatifs qui pourraient soutenir le développement d’une industrie des terres rares d’envergure mondiale à long terme », a déclaré Thras Moraitis, PDG de Serra Verde. Ces avantages comprennent une géologie attrayante, l’accès à l’énergie hydroélectrique, des réglementations établies et une main-d’œuvre qualifiée.
« Il s’agit encore d’un secteur naissant qui aura besoin d’un soutien continu pour s’établir sur un marché hautement compétitif. Les principales technologies de transformation sont contrôlées par un petit nombre d’acteurs », a-t-il déclaré. Les analystes du secteur ont prédit que le Brésil pourrait compter deux ou trois mines de terres rares supplémentaires d’ici à 2030.
La Chine a produit 240.000 tonnes de terres rares en 2023, soit plus de cinq fois la production américaine, selon les données de l’U.S. Geological Survey.
La Chine transforme également environ 90 % des terres rares du monde en aimants permanents, utilisés dans toute une série de produits technologiques, des éoliennes aux voitures électriques en passant par les missiles.
Alors que les tensions avec l’Occident augmentent, le Parti communiste chinois (PCC) a fait des terres rares un outil de compétition géopolitique. En juillet 2023, le PCC a restreint les exportations de gallium et de germanium utilisés dans la fabrication de semi-conducteurs, en représailles aux sanctions occidentales contre le régime.
En réponse, les États-Unis, l’Union européenne et le Japon ont commencé à lancer ou à mettre à jour des stratégies nationales d’approvisionnement en minerais critiques au cours des deux dernières années et à élaborer de vastes plans d’investissement dans des chaînes d’approvisionnement plus diversifiées afin de réduire la dépendance à l’égard de la Chine.
D’autres pays ont rejoint la course pour contester la domination de la Chine dans ce domaine, en accélérant l’exploration des ressources en terres rares et le développement industriel. Un modèle d’approvisionnement international en terres rares plus diversifié a commencé à se former grâce aux efforts conjoints des États-Unis, de l’Australie, du Laos, de la Birmanie, de l’Afrique et d’autres régions et pays.
Au cours des deux dernières années, les prix des terres rares ont chuté de 70 %.
L’industrie chinoise des terres rares a souffert. Selon les données financières publiées le 30 avril, les principales entreprises chinoises de terres rares cotées en bourse, ayant réalisé des bénéfices l’année dernière, ont enregistré des déficits au cours du premier trimestre de cette année en raison de la chute des prix des terres rares et des efforts de l’Occident pour réduire sa dépendance à l’égard de la Chine.
China Rare Earth a perdu environ 289 millions de yuans (environ 37,2 millions d’euros), Guangsheng Nonferrous Metals, 304 millions de yuans et Shenghe Resources, 216 millions de yuans. Northern Rare Earth, la seule exception, a réalisé un petit bénéfice de 52,05 millions de yuans.
Importance stratégique des terres rares
Su Tzu-yun, chercheur et directeur de la division de la stratégie de défense et des ressources à l’Institut taïwanais de recherche sur la défense et la sécurité nationales, a déclaré à Epoch Times le 18 juin que « la fabrication d’un avion de chasse F-35 nécessite 122 kilogrammes de terres rares pour produire des matériaux utilisés dans les radars, les ordinateurs, les moteurs et les fuselages ».
Selon lui, Pékin a essayé d’utiliser la domination des ressources en terres rares comme levier stratégique, et « lorsque les relations avec l’Occident s’intensifient, Pékin interdit délibérément les exportations de terres rares ».
« Cela affecte certainement la production industrielle et l’économie de l’Occident, ce qui a des ramifications politiques », a-t-il ajouté. « C’est pourquoi de nombreux pays ont essayé de s’éloigner de la chaîne d’approvisionnement chinoise. »
Sun Kuo-hsiang, professeur d’affaires internationales et de commerce à l’université Nanhua de Taïwan, a déclaré que la production brésilienne de terres rares « écourte la chaîne d’approvisionnement, ce qui signifie que [l’Occident] n’a pas besoin d’aller en Chine pour acheter des terres rares ».
« Ils peuvent simplement importer des terres rares directement du Brésil », a-t-il déclaré à Epoch Times le 18 juin. « Nous pouvons donc voir que la production de terres rares du Brésil joue un rôle qui peut remplacer la Chine dans le cadre de la concurrence géopolitique actuelle entre Pékin et l’Occident. En d’autres termes, si la Chine tente toujours d’utiliser les terres rares comme un outil stratégique pour la géopolitique et l’économie, elle ne sera plus en mesure de le faire. »
M. Sun a déclaré qu’étant donné que des pays tels que le Brésil sont des pays en développement, « si les sociétés minières des pays développés peuvent investir dans ces pays, les objectifs de diversification des projets de terres rares peuvent être atteints plus rapidement ».
« Nous pouvons alors constater que les pays démocratiques et libres peuvent commencer à contourner la menace de la Chine vis-à-vis de l’approvisionnement en terres rares », a-t-il ajouté. « La concurrence stratégique entre les États-Unis et la Chine peut être plus étendue et plus soutenue sans être affectée par l’influence de la Chine. Les États-Unis disposent ainsi d’une référence pour ce type de concurrence technologique avec Pékin et pour mettre en œuvre des stratégies telles que leurs projets dans la région indo-pacifique. »
Avec Reuters
Luo Ya a contribué à la rédaction de cet article.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.