Le programme d’aide de trois milliards de dollars du FMI à destination du Sri Lanka se veut « très ambitieux » et demandera des efforts importants dans sa mise en place, estime le directeur régional de l’institution pour l’Asie et le Pacifique, Krishna Srinivasan, dans un entretien à l’AFP.
Le programme du Fonds monétaire international (FMI) intervient dans un contexte économique et social compliqué au Sri Lanka, êtes-vous malgré tout optimiste quant à son résultat ?
Il y a un consensus à travers l’ensemble du spectre politique quant à la nécessité de ces réformes, étant donné la situation économique du pays. Nous pensons donc que le gouvernement mettra en place les réformes nécessaires, il a déjà commencé d’ailleurs.
Mais la mise en place est un élément-clé pour la réussite du programme. Il vise à créer les conditions d’une consolidation financière significative en améliorant les rentrées fiscales. Mais il implique également des efforts sur l’inflation, la stabilité financière, la croissance, la protection des plus vulnérables et la lutte contre la corruption. C’est un programme très ambitieux, qui demande une véritable volonté politique dans son application.
Concernant la corruption, le Sri Lanka est le premier pays d’Asie pour lequel nous allons faire un diagnostic complet en la matière, avec un rapport qui sortira en septembre et proposera une feuille de route et les réformes à réaliser en priorité.
Comment le gouvernement peut-il allier assainissement des finances publiques et prise en compte des attentes sociales ?
La consolidation des finances publiques doit être atteinte en renforçant les rentrées fiscales. Cela concerne la TVA, l’impôt sur le revenu, sur les sociétés et ce sont des réformes importantes qui doivent être réalisées. Mais nous savons que, sur le plan intérieur, cela peut créer une forme de lassitude qui limiterait la volonté de réforme.
La question de fond est donc comment vous répartissez le fardeau. Si l’on parle de la réforme de l’impôt sur le revenu, elle a été pensée pour être progressive, de manière avec ce que les riches participent plus à l’effort nécessaire. Par ailleurs, le programme intègre la mise en place de filets de sécurité, avec une hausse des dépenses sociales.
Certains aspects du programme ciblent spécifiquement l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres. Les réformes visent à ce que ceux qui peuvent payer payent plus et à mieux protéger ceux qui en ont besoin. Il y a nécessité à ce que les plus riches paient plus, c’est un élément important de l’équation car s’ils ne payent pas, qui le fera ?
Mais il faut aussi le rappeler, un des objectifs premiers du programme est de faire ralentir l’inflation. L’inflation est la pire taxe sur les plus pauvres donc réussir à la faire ralentir est extrêmement important.
Les discussions ont été rapides avec certains créanciers, plus complexes avec d’autres, y a-t-il eu mauvaise volonté de certains pays ?
Il est évident que l’Inde et les pays du Club de Paris (les pays les plus avancés, NDLR) ont apporté des garanties plus rapidement que la Chine, dont les premières propositions n’étaient pas suffisamment crédibles et spécifiques, elles ne remplissaient pas les critères qui sont les nôtres. Nos critères sont les mêmes pour l’ensemble des créanciers.
Nous avons donc continué à discuter afin de nous assurer que leurs efforts étaient en phase avec nos attentes. Il faut avoir en tête qu’en Chine, il existe plus d’une institution concernée par la gestion de la dette détenue et ils ont encore un problème de coordination à régler, ce qui demande plus de temps.
Désormais, il appartient au Sri Lanka de s’entendre définitivement avec ses créanciers, tant bilatéraux que du secteur privé, pour parvenir à un accord global sur leur dette. Nous ne prenons pas part à ces discussions, nous avons défini les paramètres et le cadre nécessaire pour restaurer la soutenabilité, c’est désormais au pays de parvenir à un accord, que nous espérons finalisé avant notre prochaine visite.
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