Dans une interview pour L’Équipe publiée lundi, la star chinoise du tennis Peng Shuai a déclaré que son accusation d’agression sexuelle formulée contre un haut fonctionnaire chinois sur les médias sociaux avait suscité un « énorme malentendu ».
« Je n’ai jamais dit que quelqu’un m’a fait subir une agression sexuelle », a‑t‑elle déclaré. « Ma vie privée ne devrait pas être évoquée dans le sport et la politique. »
Peng Shuai, 36 ans, a également laissé entendre qu’elle ne se voyait pas revenir au tennis professionnel de haut niveau du fait de multiples opérations du genou. Elle n’a pas joué sur le circuit féminin depuis février 2020.
Peng Shuai avait précédemment publié sur le site de médias sociaux chinois Weibo que l’ancien vice‑Premier ministre Zhang Gaoli, 75 ans, avec l’aide de sa femme, l’avait forcée à avoir des relations sexuelles avec lui.
Ses messages ont été rapidement retirés d’Internet avant qu’elle ne disparaisse de la scène publique pendant près de trois semaines. Peng Shuai était accompagnée de fonctionnaires chinois lors de ses réapparitions ultérieures.
Le bien‑être de Peng Shuai est depuis devenu un sujet d’inquiétude pour la communauté mondiale du tennis et les groupes de défense des droits, et la Women’s Tennis Association (WTA) a suspendu tous les matchs en Chine continentale et à Hong Kong pour une durée indéterminée.
L’interview avec L’Équipe a été réalisée dans un hôtel à Pékin dimanche, organisée par le Comité olympique chinois, avec l’aide du Comité international olympique (CIO).
Le format de l’interview semblait ne pas permettre de suivi soutenu. Les questions étaient soumises à l’avance et un responsable du Comité olympique chinois assistant à la discussion traduisait les commentaires de Peng Shuai.
Lorsque L’Équipe a demandé pourquoi le message avait disparu de son compte, Peng Shuai a répondu qu’elle l’avait supprimé elle‑même.
« Ce post a entraîné un énorme malentendu de la part du monde extérieur. Mon souhait est que la signification de ce message ne soit plus déformée », a‑t‑elle affirmé.
Peng Shuai a également réfuté le fait qu’elle ait disparu après avoir fait cette allégation, affirmant qu’elle a toujours maintenu la communication avec ses amis proches et la WTA.
« Je n’ai jamais disparu. C’est juste que beaucoup de gens, comme mes amis et parmi ceux du CIO, m’ont envoyé des messages, et il était totalement impossible de répondre à tant de messages », a‑t‑elle justifié.
Le CIO a annoncé lundi que son président, Thomas Bach, avait rencontré Peng Shuai pour un dîner au cours du week‑end au Club olympique de Pékin, en présence de l’ancienne présidente de la commission des athlètes du CIO, Kirsty Coventry.
« Au cours du dîner, les trois convives ont parlé de leur expérience commune en tant qu’athlètes aux Jeux Olympiques, et Peng Shuai a évoqué sa déception de ne pas pouvoir se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 », a déclaré le CIO dans un communiqué.
Le CIO a noté que Peng Shuai resterait en contact avec Kirsty Coventry, et que toute communication ultérieure sur le contenu de la rencontre serait laissée à sa discrétion.
Toutefois, William Nee, de l’association Chinese Human Rights Defenders, a estimé dans un message sur Twitter que le CIO aurait dû saisir l’occasion de la réunion « pour sortir Peng Shuai d’une situation qui implique très probablement un contrôle de l’État » sur sa liberté.
Michael Shoebridge, directeur de la défense, de la stratégie et de la sécurité nationale à l’Australian Strategic Policy Institute, a également critiqué le CIO pour ne pas avoir abordé l’allégation initiale de Peng Shuai lors de la réunion.
« Ce dîner organisé en ‘face à face’, qui ne mentionne pas la déclaration de Peng Shuai selon laquelle Zhang Gaoli, ancien membre du Polituro, a abusé d’elle sexuellement, est un exemple en or de politisation du CIO et ternit sa réputation », a écrit M. Shoebridge sur Twitter.
Pendant ce temps, le porte‑parole du CIO, Mark Adams, lors de son point de presse quotidien sur les Jeux olympiques, a refusé de dire si le CIO pense que Peng Shuai s’exprime librement ou sous la contrainte.
« Nous sommes une organisation sportive, et notre travail consiste à rester en contact avec elle et, comme nous l’avons expliqué par le passé, à mener notre diplomatie personnelle et discrète, [et] à garder un lien avec elle, comme nous l’avons fait. »
M. Adams a précisé que ce n’était pas au CIO de juger s’il fallait enquêter sur l’allégation initiale de Mme Peng.
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