ENTRETIENS EPOCH TIMES

Stéphane Ravier : « L’État faillit volontairement à sa responsabilité fondamentale de garantir la sécurité des Français »

octobre 2, 2024 16:34, Last Updated: octobre 2, 2024 16:34
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ENTRETIEN – Le meurtre de Philippine, 19 ans, a déchiré le cœur de millions de Français. En sa mémoire, un rassemblement était organisé dimanche dernier, à Paris. Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône et président du mouvement Marseille d’abord, était l’un des rares élus politiques à être présent. Il revient dans cet entretien sur une tragédie qu’il associe au « résultat direct d’une politique migratoire insensée, aggravée par un laxisme judiciaire inadmissible » et livre ses pronostics concernant l’éventualité d’un changement de cap politique avec l’arrivée de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur.

Epoch Times : Comment avez-vous réagi au meurtre de Philippine et pourquoi avoir décidé de faire le déplacement au rassemblement organisé en son hommage ce dimanche ?

Stéphane Ravier : Je suis venu à cette manifestation, non pas en tant que sénateur, mais avant tout en tant que père de famille. J’ai quatre enfants, dont deux filles, et lorsque j’ai appris la tragédie qui a frappé Philippine et sa famille, je me suis senti profondément touché. J’habite avec mes enfants à Marseille, l’une des villes les moins sûres de France. Et je ne peux m’empêcher de penser que Philippine aurait pu être ma fille aînée, qui a 27 ans, et qui m’a déjà fait l’immense bonheur de devenir grand-père.

Philippine, elle, n’aura jamais eu cette chance. Elle n’aura jamais connu la joie de devenir mère, ni de faire de son père un grand-père. C’est une injustice cruelle, une horreur insupportable. Les circonstances de sa disparition sont révoltantes. Il ne s’agit pas de malchance ou d’être au mauvais endroit au mauvais moment ; elle a été assassinée par un individu qui n’aurait jamais dû être présent sur notre sol, un étranger qui aurait dû être renvoyé depuis longtemps dans son pays d’origine.

Ce drame est le résultat direct d’une politique migratoire insensée, aggravée par un laxisme judiciaire inadmissible. À Marseille, 62 % de la délinquance est le fait d’étrangers, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. À Paris, 75 % des viols sont commis par des étrangers. Ce sont les conséquences tragiques et directes de décisions politiques irresponsables, et il est temps de faire face à cette réalité.

C’est pourquoi, en ma qualité de sénateur, je ne cesserai d’œuvrer en faveur d’un changement radical de politique. Il en va de l’intérêt supérieur des Français, de leur sécurité, car ces choix se paient du prix le plus terrible qui soit, en vies humaines, en larmes, en sang. Le sang de nos enfants.

Il était possible de voir lors de cette manifestation le slogan « La France m’a tuée ». Y adhérez-vous ?

La France est notre mère patrie, notre nation, à la fois immatérielle et charnelle. Le véritable responsable de ces maux, c’est l’État. Il faillit volontairement à sa responsabilité fondamentale de garantir la sécurité des Français. Chaque année, nos institutions laissent entrer sur notre territoire 400.000 étrangers, sans contrôle rigoureux de leurs intentions. Pendant ce temps, elles ferment les yeux sur la présence de 800.000 clandestins, dont certains bénéficient de conditions de vie parfois plus favorables que celles de nos compatriotes qui ont travaillé dur toute leur vie.

La faillite de l’État dans sa volonté à lutter contre les conséquences de notre politique migratoire découle également d’un laxisme judiciaire inacceptable. Dans le secteur privé, un travail mal exécuté peut entraîner un licenciement. Pour moi, élu du peuple, une mauvaise gestion peut aboutir à une non-réélection. Dans chaque profession, des conséquences existent pour sanctionner les manquements, sauf, manifestement, pour les juges.

En France, ces derniers jouissent d’une impunité qui les rend intouchables. Lorsqu’ils se distinguent, certains reçoivent des récompenses prestigieuses, comme l’Ordre national du Mérite ou la Légion d’Honneur. Mais lorsque leur laxisme, qu’il soit direct ou indirect, aboutit à la libération de criminels, aucune sanction ne vient jamais les frapper.

Il serait grand temps de de réfléchir à une réforme pour changer cet état de fait.

Le ministre de la Justice Didier Migaud a évoqué la possibilité de « faire évoluer l’arsenal juridique » pour que la situation en lien avec le meurtre de Philippine « ne puisse pas se reproduire ». Partagez-vous cette analyse ou les juges devraient-ils simplement appliquer les peines prévues par le Code pénal ?

Le Code pénal est déjà, en soi, suffisamment strict. Mais le véritable problème réside dans le fait que ce Code a été embrouillé au fil du temps par une accumulation de jurisprudences, de lois contradictoires, de contre-lois, d’anti-lois… Appelez cela comme vous le voulez, le résultat est le même : un ensemble confus et incohérent, devenu presque impossible à comprendre de manière limpide. Aujourd’hui, il est primordial de reprendre les fondements de notre droit, de mettre les choses à plat pour bâtir un Code pénal unifié, sans contradictions, ne laissant pas aux avocats l’opportunité de défendre l’indéfendable.

La défense relève du rôle de l’avocat, et il est juste que chacun ait le droit à une défense. Cependant, alors que la seule réponse judiciaire appropriée est l’expulsion des clandestins vers leur pays d’origine, les avocats appartenant à des associations immigrationnistes parviennent ainsi à empêcher leur mise en œuvre. Cela révèle l’urgence de revoir et de simplifier notre Code pénal, afin de le clarifier dans un seul but : protéger les citoyens de ce pays, leur sécurité, et l’ordre qui leur est dû.

Les discours de Bruno Retailleau suscitent de l’engouement à droite. Pensez-vous que son arrivée au ministère de l’Intérieur aboutira aux changements attendus ?

Je voudrais y croire. Je connais Bruno Retailleau depuis quelques années, puisqu’il a été sénateur. Je l’ai aussi connu comme un grand orateur, un tribun capable de parler sans notes. On pourrait croire que c’est un homme de cœur, de convictions. Chacune de ses interventions est solidement structurée, argumentée, et on prend plaisir à l’écouter.

Quand je lis ses déclarations en tant que ministre de l’Intérieur, j’ai envie de les soutenir, de les applaudir. Mais l’expérience nous a enseigné la prudence : les belles paroles, nous en avons entendu beaucoup. Et malheureusement, elles ne se sont pas toujours traduites par des actions concrètes.

Je veux croire que cette fois-ci sera différente, mais je refuse d’être une fois de plus déçu. Les Français ne veulent plus de promesses non tenues, ils veulent des résultats tangibles.

C’est pour cela que je vais faire mon possible pour aider Bruno Retailleau à transformer ses mots en actes. Je le soutiendrai, en demeurant vigilant. Vigilant non seulement quant à ses déclarations, mais surtout en ce qui concerne les actions qu’il devra entreprendre. Il est essentiel qu’il donne des directives claires aux forces de l’ordre et qu’il manifeste son soutien à leur égard, ce qu’il a déjà commencé à faire, et c’est louable. Cependant, il devra aussi gagner le bras de fer qui s’annonce avec le ministre de la Justice, qui, lui, est animé par une autre vision politique, de gauche.

En réponse à Bruno Retailleau, qui avait dit vouloir des « sanctions fermes et rapides pour les délinquants », Didier Migaud lui avait rétorqué que « la justice est indépendante dans notre pays et que c’est quelque chose qui est essentiel dans une démocratie ».

Il faut tout de même veiller à ce que les juges appliquent les textes de loi avec rigueur, et non selon leur propre interprétation. Qu’on le veuille ou non, certains juges sont influencés par leurs convictions politiques, en particulier ceux issus du Syndicat de la magistrature, qui n’hésitent pas à exprimer publiquement leurs positions.

Si l’indépendance de la justice est un principe fondamental, alors, Monsieur le ministre de la Justice, il est de votre devoir de garantir cette indépendance en vous assurant qu’un tiers de ces magistrats cesse de faire de la politique.

Le manque de fermeté parfois reproché à certaines peines prononcées par des juges ne pourrait-il pas aussi être lié selon vous à l’insuffisance des ressources allouées à la justice, notamment au nombre limité de places en prison ?

Si le Syndicat de la magistrature défend une idéologie de gauche permissive et laxiste, d’autres juges se montrent sévères dans leurs condamnations.

Cela dit, il est indéniable qu’ils manquent de moyens. Dans les centres de rétention administrative, le nombre de places disponibles est insuffisant. Le président Macron avait par ailleurs promis la création de plusieurs milliers de places en prison, mais nous en sommes encore très loin.

Il faut également imposer de véritables sanctions pour assurer une véritable prévention. Quand les délinquants et les criminels auront la certitude qu’il existe une volonté réelle de sanctionner dans ce pays, cela constituera déjà une forme de prévention efficace. Lorsqu’on sait qu’une punition est possible et probable, on fait tout pour l’éviter.

Les OQTF doivent également être appliquées avec rigueur. Un ordre n’est pas un souhait, c’est une obligation qui doit être respectée. Et cela nécessite des ressources adéquates. Certes, la sécurité a un coût, mais c’est un investissement indispensable. Lorsque, à Paris, dans les quartiers de Marseille et ailleurs, la population se sentira en sécurité, elle reprendra les transports en commun, retournera au restaurant, au cinéma. Cela relancera l’activité économique. La sécurité crée un cercle vertueux, alors qu’actuellement, nous sommes piégés dans un cercle vicieux où l’insécurité prévaut.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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