Les dirigeants de l’UE vont tenter de s’entendre durant leur sommet jeudi à Bruxelles sur le nom d’une personnalité acceptable par le Parlement européen pour la présidence de la Commission, car aucun des prétendants en lice ne fait consensus.
« Je suis prudemment optimiste », a avoué mercredi le président du Conseil Donald Tusk, mandaté pour trouver un accord entre les chefs d’Etats et le Parlement, à la suite des élections européennes.
Les trois prétendants choisis par les familles politiques, l’Allemand Manfred Weber pour le Parti Populaire Européen, le Néerlandais Frans Timmermans pour les Socialistes et la Danoise Margrethe Vestager pour les Libéraux, ne sont pas parvenus à trouver une majorité au Parlement européen sur leur nom, ont assuré à l’AFP plusieurs sources européennes.
L’élu, qui succèdera le 1er novembre au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, doit obtenir le soutien de 21 des 28 dirigeants européens et rallier une majorité d’au moins 376 voix au Parlement. « La personne capable de réunir cette double majorité n’est pas encore connue », a confié un diplomate européen.
Mais un accord se dessine pour la répartition des quatre postes de pouvoir. Le PPE, premier groupe au Parlement, revendique la présidence de la Commission européenne, et cette exigence n’est pas contestée, ont indiqué à l’AFP trois responsables.
Les Libéraux veulent la présidence du Conseil européen et les Socialistes obtiendraient le poste de chef de la diplomatie européenne et se partageraient les cinq années du mandat de présidence du Parlement avec les Verts, à raison de deux ans et demi chacun.
Mais « ça peut encore bouger », a averti un responsable européen.
Restent à trouver les noms pour chacune des fonctions. L’accord doit respecter des exigences de parité et d’équilibres géographiques. Donald Tusk s’est engagé à faire nommer deux femmes. « Heureusement que les frais d’itinérance ont été abolis dans l’Union car les téléphones chauffent », a ironisé un diplomate.
La brouille franco-allemande a été surmontée. Le président Macron et Angela Merkel se parlent chaque jour, a confié un de leurs proches. Maintenant, « nous savons ce que les Français veulent réellement », a confirmé une source gouvernementale allemande.
Des discussions animées sont également attendues sur les autres grands thèmes du sommet, notamment l’objectif de neutralité carbone, un équilibre entre les émissions et les absorptions de gaz à effet de serre par les sols et les forêts, à l’horizon 2050 et le budget de la zone euro.
« Le Brexit n’a pas été inscrit à l’ordre du jour car le but est de ne traiter que de l’agenda positif », a persiflé un diplomate européen. Emmanuel Macron arrivera jeudi pour des entretiens bilatéraux avec la chancelière et le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sanchez.
Chaque famille politique a prévu de réunir ses dirigeants pour arrêter ses positions de négociations avant le sommet. L’incapacité des prétendants de rallier une majorité au Parlement soulage la chancelière Merkel, a assuré un responsable européen.
« Il lui aurait été difficile de renoncer à soutenir Manfred Weber devant le Conseil des chefs d’Etat, mais l’élimination du prétendant du PPE par le Parlement européen lui permet d’examiner une autre candidature », a-t-il expliqué.
Le PPE défend plusieurs personnalités, dont Michel Barnier. « Mais la chancelière n’est pas encore prête a accepter la désignation d’un Français pour le poste », a-t-on assuré de sources française et allemande. En cas d’échec sur les noms jeudi, un sommet extraordinaire est envisagé le 1er juillet, à la veille de la session inaugurale du nouveau Parlement au cours de laquelle il doit élire son président.
« Il faut trouver rapidement un accord car nous devons avoir une Commission européenne opérationnelle pour gérer le Brexit, surtout si Boris Johnson devient Premier ministre du Royaume-Uni », a insisté un diplomate de haut rang.
Les discussions pourraient se poursuivre en marge du sommet du G20 à Osaka vendredi et samedi, a estimé un responsable européen. Six dirigeants européens participeront à cette réunion: Angela Merkel, Emmanuel Macron, l’Espagnol Pedro Sanchez, l’Italien Giuseppe Conte, la Britannique Theresa May et le Néerlandais Mark Rutte, invité par le Japon.
D.C avec AFP
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