Suisse : un chasseur professionnel abat trois lynx croyant tuer des loups, le tireur reconnaît son « erreur »

Par Emmanuelle Bourdy
2 décembre 2024 10:51 Mis à jour: 2 décembre 2024 10:51

Croyant qu’il abattait des loups, un chasseur a tué trois lynx boréaux dans le massif du Jura suisse, mi-novembre. Une enquête a été ouverte.

Une mère lynx et ses deux petits ont été abattus par un chasseur professionnel suisse dans le canton des Grisons, en Suisse orientale. L’homme, qui est également garde-faune, avait initialement reçu l’autorisation de tuer des loups et a assuré qu’il s’agissait d’un « accident ». La nouvelle a provoqué une onde de choc auprès des associations protectrices des animaux, d’autant plus que cette espèce est protégée.

« Des chasseurs professionnels qui sont normalement aguerris et compétents »

« C’est une catastrophe ! » a déploré dans les colonnes de L’Est républicain Patrice Raydelet, représentant du Pôle Grands prédateurs du Jura, sachant qu’il ne resterait que 200 lynx environ dans le secteur. « Comment un chasseur professionnel, mandaté par le gouvernement, peut se tromper à ce point ? » s’est-il encore interrogé. Pour lui, ce geste « montre une méconnaissance totale de la faune ». « On a franchi la ligne rouge vers la destruction totale de la biodiversité », a-t-il martelé.

Le tireur, qui s’est lui-même dénoncé, a reconnu de son côté son « erreur ». « C’était vraiment une grosse erreur que nous regrettons vivement. Néanmoins, nous devons maintenant en assumer la responsabilité », a déclaré à l’agence de presse Keystone-ATS Adrian Arquint, le directeur de l’office de la chasse et de la pêche du canton des Grisons. Il s’est par ailleurs demandé comment une telle confusion avait pu se produire, soulignant qu’un garde-chasse pouvait « en principe distinguer les loups des lynx, même la nuit ».

Un point sur lequel Patrice Raydelet est d’accord. « Le loup ressemble à un berger allemand avec une grande queue, le lynx à un gros chat, avec une petite queue […] On a affaire à des chasseurs professionnels qui sont normalement aguerris et compétents. C’est du délire », s’est encore indigné le représentant du Pôle Grands prédateurs du Jura auprès de France 3 Bourgogne-Franche-Comté.

« On ne tire pas sur un gibier si on ne l’a pas parfaitement identifié »

Également interrogé par la chaîne de télévision, Alexandre Callodro, chasseur et propriétaire d’une armurerie de Lons-le-Saunier (Jura), a signifié que cette méprise n’était « pas crédible » en raison du « profil » très différent des deux espèces. « Le loup est beaucoup plus gros, plus massif. Le lynx est plus petit. Même la nuit, pour moi, c’est impossible », a-t-il martelé. Il a également rappelé l’importance de ne pas tirer sur un gibier n’ayant pas été « parfaitement identifié » au préalable.

Juste après les faits, une enquête pénale a été ouverte. L’auteur de ces trois tirs malheureux s’expose à une lourde peine. En France, un tir sur un lynx boréal est passible d’une amende de 150.000 euros et de trois ans d’emprisonnement. Mais, selon Patrice Raydelet, ce type de peine n’a jamais été appliquée. « Je pense que le jour où ça sera fait, ça fera réfléchir les candidats à ce genre d’activité », a-t-il avancé.

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