Sundar Pichai, l’ingénieur qui vient de prendre les rênes d’Alphabet, la maison mère de Google, rejoint le cercle grandissant des patrons de multinationales américaines d’origine indienne à un moment épineux pour la Silicon Valley.
Voix posée, barbe taillée, lunettes rectangulaires, physique affuté, le nouveau dirigeant du géant de l’informatique, 47 ans, a grandi à Chennai, dans le sud de l’Inde, dans une famille modeste où il dormait à même le sol du salon.
« Des amis, jouer au cricket dans la rue, lire des livres – c’était toute ma vie. Mais je n’ai jamais eu l’impression de manquer de quoi que ce soit », racontait-il dans une interview au New York Times fin 2018.
Lecteur vorace pendant son enfance, il a étudié à l’Institut indien de technologie Kharagpur, dans le Bengale occidental, avant de poursuivre ses études aux Etats-Unis, à l’université californienne de Stanford puis à la Wharton School, en Pennsylvanie.
Après avoir débuté sa carrière chez le fournisseur d’équipements et de services pour des fabricants d’électroniques Applied Materials, puis chez le cabinet de conseil McKinsey, il entre chez Google en 2004.
Il y participe notamment au développement du populaire navigateur Chrome avant d’être chargé de tous les produits du groupe, comme le service de cartographie Google Maps ou le système d’exploitation Android.
Propulsé à la tête de Google en 2015
Sundar Pichai est propulsé à la tête de Google en 2015 quand ses deux co-fondateurs Sergey Brin et Larry Page décident de créer Alphabet, une entité plus large englobant également des projets annexes comme les voitures autonomes. Il rejoint le conseil d’administration de la maison mère en 2017 avant d’en être nommé directeur général mardi.
Cet adepte des baskets de ville Lanvin s’inscrit ainsi dans les traces d’autres dirigeants américains d’origine indienne dans le secteur informatique, comme Satya Nadella chez Microsoft, Shantanu Narayen chez Adobe Systems ou Sanjay Mehrotra chez Micron Technology.
Le milliardaire indien Anand Mahindra, dont l’empire s’étend des voitures à l’immobilier, a félicité mercredi M. Pichai sur Twitter, soulignant avec humour que « le produit que l’Inde exporte le mieux est probablement ‘le patron de multinationale’ « .
« Sundar apporte de l’humilité et une grande passion pour la technologie à nos utilisateurs, à nos partenaires et à nos employés au quotidien », écrivent MM. Brin et Page dans la lettre annonçant le changement à la tête de leur entreprise, créée dans un garage en 1998.
« Nous n’aurions pas pu trouver mieux pour mener Google et Alphabet vers l’avenir », ajoutent les deux entrepreneurs, peu présents depuis plusieurs années dans la vie quotidienne de l’entreprise mais gardant toujours, grâce à leurs actions préférentielles et à leur présence au conseil d’administration, la main haute sur les décisions stratégiques.
La complexité de la structure d’Alphabet
En confiant à M. Pichai les rênes de Google et d’Alphabet, la direction reconnaît peut-être implicitement que l’organisation imaginée en 2015 était une mauvaise idée, a souligné Avi Greengart du cabinet Techsponential en affirmant « ne pas comprendre » la structure d’Alphabet et ses multiples filiales.
Sous la houlette de M. Pichai, marié et père de deux enfants, Google « s’est concentré sur le développement de produits et services, optimisés par les dernières avancées en matière d’intelligence artificielle », a rappelé mardi le groupe dans une présentation de son travail en mettant aussi en avant ses investissements dans Google Cloud et YouTube.
« Il est très intelligent et très compétent, il a une attitude très discrète et mesurée », estime Bob O’Donnell, analyste chez Technalysis Research pour qui il représente une certaine « force tranquille ». Mais il va devoir, selon l’expert, s’attaquer frontalement à certaines problématiques.
Besoin de gérer les nombreuses controverses
M. Pichai doit en effet gérer les nombreuses controverses entourant actuellement Alphabet, depuis sa position dominante sur internet, ses pratiques en termes de protection de la vie privée, ses relations avec les gouvernements américains ou chinois jusqu’aux reproches de plus en plus vindicatifs de salariés sur des sujets comme le harcèlement sexuel.
« Au moment où les grosses entreprises de la tech se retrouvent sur le banc des accusés, elles ont besoin de quelqu’un qui soit disposé à faire face publiquement », rappelle Avi Greengart en soulignant que ni Larry Page ni Sergey Brin ne semblaient vouloir tenir ce rôle.
« Quand je suis arrivé à Google, j’ai été frappé par l’idéalisme et l’optimisme qui y régnait », soulignait le nouveau patron dans l’interview au New York Times. Si ces traits sont toujours présents, « le monde est différent », ajoutait-il. « Peut-être est-on devenu plus réaliste sur la difficulté de certaines choses. »
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