« Quand je suis sur la vague, il y a un moment de vide. On arrive presque à toucher le rien »: Justine Dupont flirte avec les limites sur les plus grosses vagues du monde. Un ascenseur émotionnel à 16 mètres qui lui vaut d’être l’une des meilleures surfeuses sur la planète.
Toute souriante et pleine d’énergie malgré le décalage horaire, Justine Dupont se prête avec bonheur au jeu des questions-réponses, de passage par Paris après avoir été distinguée en Californie. Elle a reçu deux prix majeurs, celui de la plus grosse vague surfée de l’année et celui de la meilleure surfeuse de l’année. Ses fait d’armes: une vague impressionnante de 16 mètres surfée le 18 novembre 2018 à Nazaré, au Portugal.
« Cette vague, ça a été beaucoup de vagues. On regarde sans cesse la météo, on vit un peu sur les nerfs. L’envie arrive de plus en plus avec la tempête qui se forme », raconte à l’AFP la surfeuse de 27 ans, qui aime plus que tout aller jouer avec la vague. « Aller la taquiner presque, se rapprocher le plus possible de la zone où je peux me faire engloutir, mais non ! J’arrive à passer. On se rend compte de la puissance de l’océan ».
La jeune femme de Lacanau a fait du surf de grosses vagues sa vie. Depuis trois ans, elle passe tous ses hivers à Nazaré, le spot par excellence pour ce genre de performances hors-normes, en compagnie de son compagnon, Fred David. Lui est en jetski pour la lancer, tirée par une corde, puis pour la récupérer. Une relation de confiance qui décuple les sensations de la jeune femme sur la vague.
« J’aime beaucoup quand Fred choisit la vague, le moment où je lâche la corde, tu es face à quelque chose de vierge, de vide. Tu pars sur la vague, elle est en train de se former sous toi », confie la vice-championne du monde 2016 de grosses vagues. « Je suis dans l’instant, comme en apesanteur… C’est beau, c’est une impression d’être hyper vivant et en même temps pas du tout vivant. Ce petit moment de Graal, ça c’est dingue. »
Fred David se souvient que ce 18 novembre 2018, Justine Dupont avait surfé une vingtaine de vagues. L’une a été plus belle que toutes les autres pour la Française, qui aspire à aller encore plus haut. « Elle m’impressionne par l’énergie et la volonté qu’elle met dans ce qu’elle fait. Je ne l’ai jamais vue baisser les bras. Elle apprend et elle avance toujours, elle est comme ça dans la vie », souligne Fred David.
Quelques jours à peine après son exploit sur les côtes portugaises, Justine Dupont a fait un difficile apprentissage. Lors de la première étape du circuit mondial, à Hawaii, elle s’est blessée sérieusement à l’épaule gauche et au genou droit, victime d’une très grosse vague. « Je n’ai pas pu passer à travers cette vague, elle m’a cassé dessus ».
« La première sensation, c’est une micro infime panique. Non ce n’est pas de la panique, la panique est interdite. Ça prend à la gorge, c’est une petite peur, et tout de suite c’est ça qui te permet d’appuyer sur le bouton instinct de survie », relate-t-elle. « Au moment où je me suis faite exploser, j’avais déjà analysé tout: le genou c’est pas bon, l’épaule est sortie. Mon cou, tout va bien. Je faisais déjà le scan. C’est presque fascinant de pouvoir passer sur ce coté instinct de survie ».
Après plus de quatre mois de rééducation, Justine Dupont est de retour. Avec dans son viseur les Mondiaux de longboard à Biarritz du 26 mai au 2 juin et une qualification pour les JO-2020. Et des vagues encore plus grosses !
D.C avec AFP
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