Les Nations unies ont annoncé vendredi vouloir prendre contact avec les militaires ayant pris le pouvoir au Niger après la suspension des activités des ONG et organisations internationales dans certaines zones, a indiqué une porte-parole vendredi.
« Nous avons pris connaissance des informations » et « nous sommes en train de prendre contact avec les autorités de facto au Niger », a déclaré une porte-parole de l’ONU à Genève, Alessandra Vellucci, interrogée à ce sujet lors d’un point de presse. L’ONU souhaite « mieux comprendre ce que cela signifie et quelles sont les conséquences pour l’activité humanitaire », a-t-elle ajouté.
Les militaires au pouvoir au Niger ont annoncé jeudi soir la suspension de toutes les activités des organisations internationales, ONG et agences onusiennes dans les « zones d’opérations » militaires en raison de la « situation sécuritaire du moment », mais sans préciser les régions concernées.
710.000 personnes déplacées
Le Niger est confronté depuis plusieurs années à la violence des groupes jihadistes, dans sa partie sud-ouest, près des frontières du Burkina Faso et du Mali et dans sa partie sud-est près du bassin du lac Tchad et de la frontière avec le Nigeria. Les militaires qui ont renversé le Président Mohamed Bazoum le 26 juillet ont notamment invoqué la « dégradation de la situation sécuritaire » pour justifier leur prise de pouvoir. Depuis le coup d’État, les attaques se sont poursuivies.
Les violences ont provoqué le déplacement de plus de 20.000 personnes depuis le coup d’État, a rapporté mardi le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR). Le Niger compte actuellement plus de 710.000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont des réfugiés et des demandeurs d’asile, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Genève.
Environ 5000 migrants, principalement originaires d’Afrique de l’Ouest et centrale, qui participent au programme d’aide au retour volontaire, sont bloqués dans les centres de transit de l’OIM au Niger. Quelque 1400 autres migrants attendent par ailleurs une aide à l’extérieur de ces centres.
L’OIM demande un couloir humanitaire
L’OIM a demandé la mise en place d’un couloir humanitaire qui permette de délester les centres de transit installés au Niger, où des milliers de migrants sont coincés. « Pour l’instant, nous n’avons pas la possibilité d’organiser des vols charters et, par conséquent, les gens vont rester sur place pendant des semaines, voire des mois », a déclaré Christopher Gascon, directeur régional de l’OIM, lors du point de presse à Genève.
« Nous avons vu ce genre de situation se produire pendant la période du Covid-19. Les gens sont restés bloqués pendant plusieurs mois et, bien sûr, la situation est rapidement devenue désastreuse », a-t-il dit. Le responsable a indiqué que la plupart des migrants qui sont bloqués dans les centres de transit viennent du Mali, de Guinée, du Sénégal et du Nigeria.
Le couloir humanitaire permettrait aux humanitaires d’acheminer les migrants vers l’aéroport et d’organiser « des vols charters » pour qu’ils puissent retourner dans leur pays, a indiqué M. Gascon. L’établissement d’un couloir humanitaire devrait pouvoir permettre aussi d’acheminer de l’aide dans le pays pour aider les populations dans les régions touchées par le conflit, selon l’OIM.
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