Le chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, a été visé par une opération militaire américaine dans le nord-ouest de la Syrie dans laquelle il aurait été tué, ont indiqué des médias avant une déclaration dimanche annoncée comme « très importante » par Donald Trump.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de sources sur le terrain, des commandos américains ont été héliportés et débarqués dans la nuit dans la région d’Idleb où se trouvaient des « groupes proches de l’EI », le groupe Etat islamique.
Something very big has just happened!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 27, 2019
« Le président des Etats-Unis fera une annonce très importante » dimanche à 09H00 (13H00 GMT) depuis la Maison Blanche, a annoncé un porte-parole à Washington. Donald Trump avait publié auparavant un message sibyllin sur Twitter: « quelque chose d’énorme vient de se passer ! ».
Dans la nuit de samedi à dimanche, les chaînes de télévision américaines CNN et ABC ont fait état de ce raid visant Abou Bakr al-Baghdadi, considéré comme responsable de multiples attentats sanglants à travers le monde.
Selon CNN, des tests sont en cours afin de pouvoir confirmer formellement la mort du chef du groupe jihadiste qui aurait fait exploser sa veste chargée d’explosifs pour se suicider au moment du raid.
Le village de Barisha où aurait été tue Baghdadi cette nuit, se trouve à 5km de la frontière turque, 10 km de Reyhanli, la base arrière turque des groupes djihadistes depuis le début de la guerre, et du poste frontière stratégique de Cilvegözü. pic.twitter.com/GUNUjssWmY
— Concerned Citizen®?? (@raia_husika) October 27, 2019
Si l’opération militaire américaine a effectivement été couronnée de succès, elle serait la plus importante visant un haut responsable jihadiste depuis la mort, le 2 mai 2011, d’Oussama ben Laden, le chef d’Al-Qaïda tué par les forces spéciales américaines au Pakistan.
Sur le terrain, l’OSDH a fait état de tirs d’hélicoptères après minuit dans la province syrienne d’Idleb. Il a précisé que l’attaque avait fait au moins neuf morts, dont deux femmes et un enfant, mais n’était pas en mesure de dire si le chef de l’EI se trouvait dans ce secteur.
Une opération historique
Sans confirmer nommément la mort de Baghdadi, les forces kurdes ont fait état dimanche matin dans un communiqué d’une opération « historique », résultat d’une coopération « conjointe de renseignements » avec les Etats-Unis.
Les tirs de huit hélicoptères ont visé après minuit une maison et une voiture aux abords du village de Baricha, a déclaré à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Abdelhamid, un habitant de Baricha, s’est rendu dans le secteur touché très tôt dimanche matin. « Il y a une maison écroulée, des tentes et une voiture civile endommagées avec deux morts à l’intérieur », a-t-il raconté à l’AFP.
Aux abords de Baricha, un correspondant de l’AFP a pu voir la carcasse d’un minibus carbonisé, touché par des bombardements.
« L’opération a duré au moins jusqu’à 03h30 du matin », a précisé un autre habitant
Ce développement intervient dans une période d’intense activité militaire dans le nord de la Syrie, où les forces turques ont lancé début octobre une vaste offensive contre les forces kurdes.
De leur côté, le régime de Damas et son allié russe ont accéléré le déploiement de leurs troupes à la frontière syro-turque, tandis que les Américains annonçaient l’envoi de renforts militaires dans une zone pétrolière plus à l’est.
Leader de l’État islamique
La dernière apparition d’al-Baghdadi remonte à une vidéo de propagande du 29 avril dernier où il appelle ses partisans à poursuivre le combat.
Il y apparaissait pour la première fois depuis cinq ans et avait promis que son organisation « vengerait » la mort des jihadistes tués de l’EI, affirmant que le combat contre l’Occident était « une longue bataille ».
En septembre, Abou Bakr al-Baghdadi avait appelé dans un enregistrement audio ses partisans à « sauver » les jihadistes détenus dans les prisons et leurs familles vivant dans des camps de déplacés notamment en Syrie et en Irak.
C’est à Mossoul en Irak que le chef de l’EI a fait sa seule apparition publique connue, en juillet 2014, à la mosquée al-Nouri.
En turban et habit noirs, barbe grisonnante, il avait alors appelé tous les musulmans à lui prêter allégeance à la tête du « califat » de l’EI autoproclamé sur les vastes territoires conquis en Irak et en Syrie voisine.
Ce « califat » a été déclaré éradiqué le 23 mars 2019 par les forces antijihadistes en Syrie, mais le chaos sécuritaire de la région fait craindre une résurgence de l’organisation.
De son vrai nom Ibrahim Awad al-Badri, le chef de l’EI serait né en 1971 dans une famille pauvre de la région de Bagdad. Passionné de football, il a échoué à devenir avocat puis militaire avant d’étudier la théologie.
C’est lors de l’invasion américaine de l’Irak en 2003 qu’il crée un groupuscule jihadiste sans grand rayonnement avant d’être arrêté et emprisonné dans la gigantesque prison de Bucca.
Libéré faute de preuves, il rejoint un groupe de guérilla sunnite sous tutelle d’Al-Qaïda et en prend la tête quelques années plus tard. Profitant du chaos de la guerre civile, ses combattants s’installent en Syrie en 2013 avant une offensive fulgurante en Irak.
Le groupe, rebaptisé Etat islamique, supplante Al-Qaïda, tandis que ses succès militaires initiaux et sa propagande soigneusement réalisée attirent des milliers de partisans du monde entier.
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