Le président taïwanais Lai Ching-te a déclaré fin août que « l’autoritarisme croissant de la Chine ne s’arrêtera pas à l’île » et a appelé les « pays démocratiques » à s’unir pour contrecarrer cette expansion.
Répression de toute pensée alternative, contrôle strict de la population, propagande et surveillance généralisées, le Parti communiste chinois (PCC) est la plus grande menace mondiale pour les démocraties.
« Ces puissances autoritaires cherchent par tous les moyens à déstabiliser et affaiblir les démocraties occidentales » déclarait la députée Renaissance Constance Le Grip, rapporteure de la Commission sur les ingérences étrangères, en pointant la Chine et la Russie. Ces puissances extérieures « mènent contre les sociétés démocratiques une guerre hybride, de manière insidieuse, sournoise et systémique », selon la députée.
Une occasion de comprendre l’exemple de la démocratie chinoise de Taïwan pour les démocraties occidentales, pour lutter contre les opérations d’influence du régime chinois qui cherche à promouvoir son modèle de contrôle et de propagande à l’étranger.
« L’autoritarisme croissant de la Chine ne s’arrêtera pas à Taïwan »
Taïwan est gouverné de manière autonome depuis 1949, lorsque les nationalistes s’y sont réfugiés après une guerre civile en Chine continentale face aux communistes. Si, en 1979, les États-Unis ont établi des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, au détriment de Taïwan, ils sont restés son partenaire le plus important et son principal fournisseur d’armes. Taïwan a son propre gouvernement, son armée et sa monnaie et la majorité de ses 23 millions d’habitants se considèrent comme ayant une identité distincte de celle des Chinois.
Fin juillet, le président taïwanais Lai Ching-te a déclaré devant des parlementaires d’une vingtaine de pays réunis à Taïpeï qu’ « une menace de la Chine à l’encontre de n’importe quel pays constitue une menace pour le monde », appelant les démocraties à s’unir contre « l’expansion totalitaire ».
« Taïwan fera tout son possible pour rallier des partenaires démocratiques afin de maintenir le parapluie de la démocratie et de protéger les nations démocratiques contre la menace d’une expansion totalitaire », a ajouté le Président qui s’adressait à 49 parlementaires venus de 23 pays ainsi que du Parlement européen.
Ces dernières années, la Chine a intensifié ses pressions militaires et politiques sur l’île de Taïwan, que Pékin revendique comme faisant partie de son territoire. L’armée taïwanaise fait état quasi-quotidiennement de la présence de navires de guerre chinois dans ses eaux et d’avions de chasse et de drones autour de l’île.
En mai, Pékin avait qualifié le président taïwanais de « dangereux séparatiste », lorsque celui-ci déclarait lors de sa prise de fonction que Taïwan « défendra les valeurs de liberté et de démocratie, et préservera la paix et la stabilité dans la région », alors que la Chine menait des exercices militaires autour de l’île.
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L’autoritarisme du PCC en Chine et à l’étranger
Le PCC est un régime autoritaire luttant contre tout ce qui peut détourner les Chinois de l’allégeance au Parti. Pour contrôler les esprits à l’étranger et à l’intérieur de la Chine, le Parti communiste chinois utilise une variété d’outils comme les médias d’État, les médias étrangers complices, l’infiltration et l’autocensure dans les pays étrangers.
L’objectif de la propagande du PCC en Chine est de vanter les avantages du système chinois, ainsi que l’idée qu’il est préférable de vivre sous la protection du régime chinois. Les citoyens chinois n’ont alors pas à aspirer aux libertés ou à la démocratie occidentales, car ils jouissent déjà d’une vie meilleure que celle du reste du monde.
Pour maintenir la pression sur sa population, le régime chinois espionne chacun de ses citoyens, y compris les hauts dirigeants. Il le fait grâce à un programme nommé « Big Intelligence » qui est sous le contrôle du ministère de la Sécurité publique. Le programme de surveillance regroupe les informations captées par les caméras de surveillance dans tout le pays, depuis celles des taxis à celles placées aux coins des rues et celles des commerces. Les véhicules ont également tous un identifiant pour pouvoir les géolocaliser en temps réel. Le régime utilise ces données pour surveiller les Chinois 24 h sur 24 et pour pouvoir les traquer avec la reconnaissance faciale.
Avec son système de crédit social, le régime chinois va encore plus loin.L’objectif du système de crédit social chinois est de surveiller, d’évaluer, de contrôler et de façonner le comportement et la « fiabilité » de tous les citoyens et entreprises en Chine. La fiabilité définie par le PCC signifie un comportement obéissant qui ne fait rien qui puisse remettre en question la ligne politique du PCC. La surveillance des activités quotidiennes des citoyens grâce aux systèmes de vidéosurveillance, de reconnaissance numérique et de surveillance des dépenses permet d’établir des « scores de crédit social » individuels qui peuvent être utilisés par l’État pour restreindre ou récompenser les comportements jugés « corrects », leur permettant par exemple de se déplacer dans une autre ville, de rentrer dans certains magasins, d’avoir un logement, etc.
Des agents du PCC épient également les discussions en ligne, pour supprimer certains contenus et dénoncer les internautes aux autorités. Ils emploient un réseau massif d’environ 500.000 trolls sur Internet, réseau connu sous le nom d’ « armée des 50 cents » dont l’objectif est de promouvoir et défendre la propagande en ligne du PCC en Chine et à l’étranger.
En septembre 2021, une étude sans précédent de 650 pages, publiée par l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (Irsem) du ministère des Armées, a dévoilé le réseau tentaculaire d’influences du Parti communiste chinois à travers le monde. L’objectif de ces opérations d’influence chinoises dans le monde est d’une part d’empêcher tout discours négatif sur le PCC, notamment concernant les « cinq poisons » (Ouïghours, Tibétains, Falun Gong, « militants pro-démocratie » et « indépendantistes taïwanais ») et d’autre part, de produire un discours positif sur la « prospérité, la puissance et l’émergence pacifique » de la Chine.
« Ils se sentent menacés par la démocratie, c’est ontologique. Ils ont un besoin vital de démontrer qu’elle est inférieure à leur système de gouvernement » a commenté Paul Charon, directeur du domaine Renseignement, anticipation et stratégies d’influence de l’Irsem, et co-auteur du rapport.
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Taïwan, un modèle de démocratie « à la chinoise »
Le système démocratique de Taïwan serait la meilleure voie pour une Chine post-communiste, selon l’analyste chinois Wu Jianmin. Wu Jianmin était l’un des leaders étudiants de la ville de Nanjing lors des manifestations du 4 juin 1989 sur la place Tiananmen à Pékin et est lui-même issu d’une famille de hauts dirigeants communistes.
« Après 30 ans, la démocratie taïwanaise a atteint une certaine maturité », analyse-t-il. « Parmi les démocraties du monde entier, la contribution de Taïwan et sa mise en œuvre du système démocratique sont aujourd’hui parmi les meilleures au monde. »
Selon lui, l’exemple de Taïwan prouve que « le peuple chinois peut pratiquer la démocratie » – réfutant ainsi un mythe communément propagé par le régime communiste selon lequel les Chinois ne peuvent pas pratiquer la démocratie.
« Taïwan est désormais proche des sociétés occidentales développées », déclare-t-il. « En d’autres termes, le système démocratique de Taïwan peut servir d’exemple, de modèle transposable en Chine continentale. De plus, il s’agit d’un peuple lié par le sang à la Chine continentale, qui partage les mêmes ancêtres et la même culture. »
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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