« Technique de guerre » à Grenoble : le patron du bar blessé lors l’attaque à la grenade, s’est dit « visé »

Par Epoch Times avec AFP
15 février 2025 11:30 Mis à jour: 15 février 2025 11:35

L’attaque d’un bar grenoblois à la grenade est « inédite » car jamais une telle « technique de guerre » n’avait été utilisée en France, a souligné vendredi Bruno Retailleau, déplorant que « toutes les limites » soient « désormais dépassées ». Le patron du bar a été blessé dans l’explosion et pense qu’il était « visé », a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

C’est « inadmissible », « inacceptable » et « nous retrouverons celui qui a fait ça », a déclaré le ministre de l’Intérieur devant la presse, lors d’une visite sur les lieux de l’attaque qui a fait 15 blessés mercredi soir dans un café associatif, quartier du Village olympique.

Auparavant, on avait « déjà des armes de guerres », a-t-il rappelé. « Vous savez que la kalachnikov est une des armes privilégiées par les narcoracailles, mais là, on est passé au stade supérieur puisque c’est une grenade », a souligné M. Retailleau.6

La police recherche toujours activement l’auteur de l’attaque, qui s’est introduit cagoulé et armé d’un fusil d’assaut vers 20h15 dans le bar l’Aksehir, où se trouvaient de nombreux clients. Il a dégoupillé une grenade à fragmentation (qui projette des éclats métalliques) sans dire un mot, puis a pris la fuite, tandis que l’établissement a été soufflé de l’intérieur par la déflagration.

« Un contexte de trafic et de crime organisé »

« Là on est sur une opération criminelle inédite, puisqu’on a utilisé une technique de guerre, une grenade très spécifique », avec un « double effet » liée à la projection de 3000 petites billes et « un effet blast », une arme « plutôt faite d’ailleurs pour blesser que pour tuer », a affirmé Bruno Retailleau. Cette arme a fait quinze blessés, dont six grièvement. Ils avaient été hospitalisés dans des services de réanimation, mais plus aucun pronostic vital n’est engagé vendredi, a souligné le ministre.

La piste terroriste a été écartée, a-t-il confirmé, « on est sur un contexte plus large de trafic et de crime organisé ». L’enquête, ouverte notamment pour « tentative de meurtre en bande organisée », est d’ailleurs menée par la Juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée (JIRS) de Lyon.

Lourd casier judiciaire

Au total, 20 enquêteurs sont mobilisés sur cette affaire, a précisé le ministre. Le patron du bar de 56 ans et son fils de 28 ans, présent au bar juste avant l’attaque, ont en outre un lourd casier judiciaire, a indiqué le parquet de Lyon qui supervise l’enquête.

Le père a été condamné à onze reprises et son fils treize fois, notamment pour un double meurtre, a dit le procureur Thierry Dran, confirmant une information de FranceInfo.

Selon la radio, le jeune homme a été condamné à onze ans de prison pour le meurtre de Kevin Noubissi et Sofiane Tadbirt, deux jeunes lynchés à mort en 2012 à Échirolles, dans la banlieue de Grenoble, par une bande d’un quartier voisin.

Le lien potentiel entre ce meurtre, qui avait suscité une vive émotion, et l’attaque à la grenade « sera sans doute une piste de l’enquête », a déclaré David Metaxas, avocat du père et de son fils.

Le père fait, de son côté, l’objet de poursuites pour trafic de cigarettes, selon Me Metaxas.

Suite à de récents contrôles liés à « divers trafics », son bar faisait l’objet d’une procédure de fermeture administrative, a indiqué le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui s’est rendu sur place vendredi.

Mercredi soir, les deux hommes étaient dans ce bar, l’Aksehir, situé dans le quartier populaire Village olympique. Le fils l’a quitté juste avant qu’un homme cagoulé et armé d’un fusil d’assaut y lance une grenade à fragmentation, faisant quinze blessés. Touché à la jambe, le père a été hospitalisé, sans que son pronostic vital ne soit engagé, a précisé son avocat.

Lors de son audition, le quinquagénaire a dit aux enquêteurs qu’il pensait être la cible de l’attaque, selon une source policière. « Il est passé à côté de la mort, la grenade a été lancée dans le café où il était donc il se sent nécessairement visé », a souligné Me Metaxas, en précisant qu’il n’avait toutefois pas fait l’objet de menaces préalables.

Quant à son fils, il est revenu sur les lieux juste après l’explosion et a été interpellé sur place pour « contrebande de cigarettes », avant d’être remis en liberté, selon son avocat.

Pas une première

Ce n’est toutefois pas une première en France : une grenade du même type a explosé en mai en pleine rue à Aubervilliers, près de Paris, blessant grièvement un cycliste de passage. L’enquête a révélé que l’attaque avait été commandité par des narcotrafiquants, selon le parquet de Bobigny.

En septembre 2012, deux individus cagoulés avaient jeté une grenade dans une épicerie casher de Sarcelles (Val d’Oise), blessant légèrement une femme. Le même mois, un homme avait lancé une grenade devant un restaurant des Ulis, en Essonne, faisant trois blessés légers.  Par ailleurs, en 1988, un bar à Grenoble avait été visé de la même manière, faisant plusieurs blessés, selon des sources policières à l’AFP.

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