Des caméra fixées sur les ailerons de grands requins blancs ont permis de découvrir que ces prédateurs poursuivent leurs proies dans des forêts d’algues géantes supposées jusqu’alors les tenir à distance.
Sur des images étonnantes qui laissent entrevoir un museau gris se déplaçant sans effort entre les tiges suspendues de végétaux sous-marins au large des côtes sud-africaines, le squale aperçoit soudain une otarie à fourrure: la chasse est ouverte. « Le requin a largement augmenté son activité quand il a vu une otarie et tous les requins ont augmenté leur activité lorsqu’ils étaient dans le varech », a expliqué à l’AFP Oliver Jewel, de l’université australienne Murdoch, auteur principal de l’étude publiée mercredi dans Biology Letters.
Les grands blancs, qui peuvent mesurer jusqu’à 6 mètres et peser jusqu’à 2,5 tonnes, se regroupent le long des côtes sud-africaines en hiver pour chasser les otaries à fourrure installées sur les rochers. De précédentes recherches avaient montré que ces animaux chassent en pleine mer à l’aube ou au crépuscule, nageant au fond de l’eau sous leurs proies dont ils repèrent la silhouette à la surface. S’approchant par dessous de sa victime inconsciente de sa présence, le grand requin blanc « charge et saisit l’otarie à la surface au moment où il saute hors de l’eau », indique Oliver Jewel.
Mais près de l’île Dyer où le chercheur et ses collègues ont travaillé en 2014, ce type d’attaques s’est révélé moins courant. Pourquoi? Peut-être en raison de la présence de forêts de varech dans cette zone, forêts qui, selon ce que les scientifiques pensaient jusqu’alors, pouvaient être un refuge pour les otaries en gardant les squales à distance. Pour vérifier leur hypothèse, les auteurs de l’étude, passant des heures en mer, ont fixé des balises équipées de caméras sur huit grands blancs.
« Nous avons appâté les requins avec un leurre en forme de tête de thon ou de phoque, et quand un requin s’approchait, on utilisait une perche pour attacher la balise sur l’aileron », a raconté Oliver Jewell. Les caméras se détachaient après quelques jours, remontant à la surface où elles ont pu être récupérées, révélant des images surprenantes: non seulement ces grands prédateurs s’aventurent dans ces forêts d’algues, mais ils le font pour chasser. En moyenne, ils passent 20% de leur temps dans ces forêts proches d’une colonie de 50.000 à 60.000 otaries à fourrure.
Les plus de 28 heures de vidéo n’ont pas enregistré de capture, mais elles ont montré un requin se rapprochant d’un groupe d’otaries s’enfuyant entre les algues pour échapper aux dents du squale. Et les grands blancs n’ont montré aucune hésitation ni réduction de leur mobilité dans cette jungle sous-marine. « Nous ne faisons qu’effleurer la question avec cette étude », a commenté Salvador Jorgensen, chercheur à l’aquarium californien de Monterey Bay, espérant que des caméras pourront être utilisées pour mieux connaître le comportement en pleine mer de ces animaux classés « vulnérables » sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).
D.C avec AFP
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