Regardons les choses en face : les algorithmes sont très efficaces et ils tendent à devenir toujours meilleurs.
Tout… le fil Instagram, les recommandations de produits sur Amazon, les vidéos apparaissant sur YouTube, les indications spécifiques de Google Maps… tout est façonné par de puissants algorithmes qui traitent de grandes quantités de données pour nous offrir une expérience adaptée à nos préférences.
Un monde sans algorithmes se traduirait par la disparition d’un grand nombre d’outils extrêmement pratiques que nous avons appris à apprécier et constituerait un recul immédiat en termes de commodité et de personnalisation.
S’il y a des avantages mesurables pour le consommateur, il est plus difficile de quantifier les désavantages de ce monde régi par les algorithmes. Mais il est évident qu’il est nécessaire de repousser cette force pour préserver un espace où les idées anciennes et les traditions peuvent s’épanouir.
Efficacité versus vie accomplie
Comme de nombreux aspects de la vie moderne, les algorithmes rendent notre vie plus facile et plus prévisible. Ils sont étonnamment efficaces.
Mais nous renforçons une culture qui accorde beaucoup trop d’importance au confort, à la nouveauté et à la commodité, au détriment d’autres caractéristiques liées à une société saine et dynamique, comme la prise de risque, l’aventure et surtout… l’indépendance d’esprit.
Au lieu d’encourager la prochaine génération à avoir de l’audace et des principes, nous la poussons à devenir toujours plus dépendante et malléable. Nous finirons par en payer le prix.
Il est nécessaire que davantage de personnes résistent de manière stratégique à ce nouveau mode de vie , tout en reconnaissant que les algorithmes peuvent garder une certaine place à l’avenir.
Ces actes de résistance peuvent ne pas sembler efficaces à court terme. Il est question de séparer davantage nos décisions de ces puissants algorithmes. Nous devons préserver le noyau dur de l’esprit humain : cet ensemble de valeurs qui rendent possible une vie accomplie, et non pas simplement optimisée pour plus de confort, de sécurité ou d’expériences éphémères en ligne.
Arguments contre les algorithmes
Le point abordé est subtil, mais une analogie éclairante permet de l’appréhender.
Il est étonnant que nous soyons si nombreux à vivre dans un monde où la nourriture est abondante. Au cours des cent dernières années, la nourriture est devenue plus abordable, plus savoureuse et plus pratique que jamais à préparer. On peut se réjouir de cet accomplissement et espérer que cela se maintiendra.
Cependant, on constate également des dérives liées à cette évolution. Selon un rapport publié en 2020 par le National Center for Health Statistics, 76% des adultes américains sont en surpoids et 43% répondent aux critères de l’obésité. À un certain niveau, c’est parce que les producteurs d’aliments ont leur propre algorithme. Il s’agit d’une combinaison de prix, de commodité, de grains, de sucres et d’huiles fortement raffinés. Ces aliments sont savoureux, mais sont conçus pour rendre dépendants et contribuent largement à diverses maladies.
Vivre dans un monde d’abondance alimentaire est à la fois une bénédiction et une malédiction. Dans l’ensemble, notre société est peut‑être la mieux nourrie, mais la moins dynamique de tous les temps. Et à bien des égards, nous en payons déjà le prix.
La solution n’est pas de revenir à un monde antérieur à tous ces progrès, mais de remettre au goût du jour un ensemble de valeurs collectives qui repoussent les dangers liés à une abondance d’aliments transformés, tout en laissant un espace suffisant pour profiter des bienfaits des aliments naturels. Des pratiques telles que l’exercice, le jeûne, la culture de nos propres aliments et une alimentation équilibrée semblent correspondre à ces valeurs.
Les arguments contre les algorithmes vont dans le même sens. Afin de bénéficier et de prospérer dans un monde d’automatisation, de commodité, et oui, d’algorithmes, nous devons repousser la complaisance qu’ils encouragent.
Il y a trois réalités vraiment problématiques concernant les algorithmes :
1‑ Les algorithmes façonnent notre vision du monde
La plupart des algorithmes fonctionnent comme une boîte noire, ils enregistrent tout, savent tout. Nous n’avons donc pas beaucoup de contrôle sur ce que nous voyons et quand nous le voyons. Ces dernières années, cette situation a suscité des inquiétudes quant à la propagation rapide de la désinformation et à la présence d’outils de filtrage grâce auxquels les internautes voient principalement des contenus qui les confortent dans leurs opinions.
2‑ Les algorithmes renforcent la consommation passive
Une caractéristique curieuse des algorithmes est leur tendance à décomposer le contenu en petits morceaux et à nous les renvoyer dans un flux constant de dopamine.
– Au lieu d’albums, nous écoutons des stations de radio personnalisées ;
– Au lieu de livres, nous feuilletons des tweets et des images ;
– Au lieu de films, nous regardons des séquences vidéo de 30 secondes.
Les algorithmes visent à extraire le meilleur du meilleur pour le présenter sous la forme d’une expérience pratique de défilement infini qui encourage la surconsommation. Ils augmentent la pertinence et la commodité au détriment du hasard. Nous sommes dès lors privés de la possibilité de découvrir des choses totalement nouvelles, des opinions différentes, avoir des interactions inattendues.
3‑ La dépendance aux algorithmes érode les autres compétences
À court terme, les algorithmes sont souvent de meilleurs décideurs que les humains. Mais qu’en est‑il si cela se fait au prix d’une érosion à long terme des compétences nécessaires à l’épanouissement et à la croissance des hommes ? Prenons un exemple innocent : le GPS. Nous pouvons voir comment l’utilisation du GPS a érodé notre capacité à utiliser une carte papier ou à voyager sans assistance technologique. Sommes nous en train de perdre des compétences plus importantes ?
Au‑delà de tout cela, vient la question cruciale de l’intention qui guide la conception d’un algorithme. Dans de trop nombreux cas, ces algorithmes pilotés par une intelligence artificielle sont conçus pour accaparer notre attention et nous faire dépenser de l’argent.
Comment résister aux algorithmes ?
Lorsqu’on commence à résister aux algorithmes, on ressent tout de suite un effet surprenant. La vie devient bien plus intéressante. Sans aller aux extrêmes, sans être un technophobe qui déteste le progrès ou un technophile qui s’extasie devant chaque nouveau développement, on prend un certain recul avec la conformité. Et ce recul permet d’avoir une vue d’ensemble, ouvre une nouvelle voie pour concilier le meilleur des deux points de vue.
Mais il faut être prêt à exploiter l’esprit anticonformiste qui sommeille en nous. Voici quelques moyens :
Regarder en dehors des algorithmes pour apprendre de nouvelles choses
– Lire des livres entiers et des articles de magazine ardus ;
– Résister à l’envie de tout chercher sur Google ;
– Visiter une librairie ou une bibliothèque pour trouver l’inspiration ;
– Discuter avec des gens qui ne sont pas comme nous ;
– Essayer d’apprendre une nouvelle compétence sans rien lire sur le sujet ;
– Regarder en dehors des algorithmes pour se divertir.
–Assister à des événements réels (concerts, événements sportifs, festivals, théâtre) ;
–Aller au cinéma sans regarder à l’avance ce qui est à l’affiche ;
– Écouter un album complet de musique en une seule fois ;
– Regarder plus de films complets et moins de vidéos courtes sur les réseaux sociaux ;
– Rechercher une vie en dehors des algorithmes ;
– Organiser des dîners (avoir une vie sociale en dehors d’Internet) ;
– Mettre de côté son ordinateur ;
– Trouver des restaurants en les testant plutôt qu’en lisant des critiques ;
– Conduire sans GPS, sauf en cas de nécessité absolue ;
– Visiter des endroits où on n’est jamais allé auparavant ;
– Aller découvrir des endroits sans itinéraire précis.
Résister aux algorithmes c’est redonner du piment à son existence. C’est ce permettre d’avoir accès à des expériences nouvelles et passionnantes hors de leur portée. C’est se lancer… pour reprendre le contrôle de sa vie.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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