Les propriétaires et agriculteurs qui exploitent les terres craignent des dommages à long terme sur le site classé Natura 2000.
Depuis le 11 août, des dizaines de caravanes se sont installées sur des terres agricoles le long d’une départementale de Grandvillars, une commune d’environ 3000 habitants située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Montbéliard.
Les membres de la communauté ont décidé de se réunir sur le terrain privé de plusieurs hectares afin d’y célébrer le mariage de deux jeunes de la région. Selon France Bleu, 150 caravanes et 300 personnes sont attendues d’ici ce dimanche.
Une situation dénoncée par les propriétaires et les agriculteurs qui exploitent ces terres, des prairies dont l’herbe est traditionnellement fauchée afin d’engranger du foin pour l’hiver.
« Ça pénalise la repousse pour les campagnes suivantes »
Éleveur de vaches laitières dans le petit village de Froidefontaine, à trois kilomètres de Grandvillars, Guillaume avait ainsi prévu de faucher l’herbe la semaine prochaine pour faire des provisions pour son troupeau.
« On comptait dessus, l’année dernière les stocks étaient à zéro, il n’y avait plus rien dans les hangars. Cette année c’est un peu mieux, mais c’est dommage, avec la pluie qu’il y a eu, de retrouver sa récolte fichue en l’air », explique l’éleveur.
« Les gens du voyage sont rentrés quand il avait plu près de 25 mm, dimanche soir. Ça casse la structure du sol, ça pénalise la repousse pour les campagnes suivantes, et ça nécessite une remise en l’état qui coûte de l’argent », ajoute-t-il.
« C’est une grande place, et il y a beaucoup de caravanes, c’est pour ça qu’on s’est installés ici. Mais il n’y aura pas de problèmes, on va ramasser les ordures avant de partir », assure pour sa part Jean Yatchi, responsable de la communauté des gens du voyage ayant envahi le terrain privé.
Des agriculteurs désabusés après l’installation de gens du voyage sur un terrain agricole à Grandvillars #territoiredebelfort #agriculture #gensduvoyage https://t.co/3brPAbWuYZ
— France Bleu Belfort Montbéliard (@bleubelfort) August 14, 2019
« Comment est-ce qu’on va remettre en état ? »
Des déclarations qui n’ont visiblement pas convaincu les exploitants, la zone concernée faisant partie du réseau Natura 2000 qui rassemble des sites naturels ayant une grande valeur patrimoniale, ce qui oblige les agriculteurs à respecter des contraintes environnementales spécifiques.
« Comment est-ce qu’on va remettre en état ? Honnêtement… je ne sais pas. On va sans doute demander une dérogation. Heureusement, nous sommes soutenus par les syndicats », confie Guillaume.
« Les exploitants ou les propriétaires peuvent effectivement faire une demande de dérogations à la DDT, la Direction départementale des territoires, pour pouvoir faire des retournements de prairie. Les services de l’État étudieront ces demandes avec la plus grande bienveillance », souligne Elise Dabouis, secrétaire générale de la préfecture du Territoire de Belfort
« S’ils veulent venir au mariage, moi je les accepte ! »
Consciente du problème posé par ces occupations sauvages – les gens du voyage avaient déjà investi le terrain concerné il y a une quinzaine de jours – la préfecture a décidé d’organiser une réunion avec la DDT, les forces de l’ordre et des membres de la chambre d’agriculture début septembre afin de « mieux informer les agriculteurs des procédures disponibles lors de l’installation de gens du voyage sur un terrain sans autorisation », rapporte France Bleu.
Si Jean Yatchi assure comprendre la colère des agriculteurs, il considère que les membres de la communauté des gens du voyage n’avaient pas d’autres choix que de s’installer sur les terres agricoles occupées depuis le 11 août et ce, malgré l’existence d’une aire de grand passage sur l’Aéroparc de Fontaine, à moins de vingt kilomètres de Grandvillars.
« Oui, c’est compliqué, mais ils n’ont pas le choix. Mais les agriculteurs ici sont très gentils, très agréables. Et s’ils veulent venir au mariage, moi je les accepte ! », conclut Jean Yatchi.
Quatre plaintes ont été déposées par les propriétaires et les exploitants des terres occupées illégalement.
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