Une menace chimique planait jeudi sur les sinistrés américains de la tempête Harvey, après des explosions accidentelles dans une usine texane qui ont libéré des fumées « extrêmement dangereuses ».
De nouveaux incendies sont à redouter dans ce site industriel, opéré par le groupe français Arkema, a mis en garde Richard Rennard, un responsable de la société.
L’usine présentait un risque depuis plusieurs jours, qui avait entraîné la mise en place d’un périmètre d’évacuation de trois kilomètres.
L’accident s’est finalement produit jeudi avant 02H00 du matin (07H00 GMT), dans l’usine située près du bourg de Crosby, au nord-est de la métropole de Houston.
Les services de secours ont d’abord signalé deux explosions et des fumées noires, a annoncé Arkema dans un communiqué.
« Nous basons bon nombre de nos évacuations sur ce qu’on appelle une modélisation du panache et, par conséquent, oui, ce panache est extrêmement dangereux », a déclaré plus tard Brock Long, directeur de l’Agence fédérale des situations d’urgence (FEMA), dans une conférence de presse.
Le bureau du shérif du comté de Harris a annoncé qu’un de ses gradés avait été transporté à l’hôpital après avoir inhalé ces particules en suspension, tandis que neuf autres agents avaient également consulté un médecin « par précaution ».
Lors d’un point presse au petit matin, le shérif Ed Gonzalez s’est voulu plus rassurant, parlant d’une « série de réactions chimiques » plutôt que d’explosions massives.
Inondée et privée d’électricité donc de capacité de réfrigération de ses matériaux hautement inflammables, l’usine d’Arkema fabrique des peroxydes organiques, un composé entrant dans la fabrication de plastiques et de produits pharmaceutiques.
Les deux spécialistes sur place, M. Rennard et le responsable des pompiers spécialisés dans les matières dangereuses, Bob Royall, ont expliqué que la fumée provoquée par la réaction chimique était « irritante ».
« C’est nocif, c’est certainement nocif », a dit M. Rennard, mais sans autre précision.
Secours toujours en phase critique à cause des dangers
« Les peroxydes organiques sont extrêmement inflammables et, en accord avec les autorités, la meilleure chose à faire est de laisser l’incendie s’éteindre de lui-même », a expliqué Arkema.
Un peu plus tard, le groupe a pressé les personnes restées dans le périmètre de couper leur air conditionné « pour éviter une possible exposition aux fumées ».
Les émanations peuvent notamment provoquer « des irritations oculaires, de la peau et/ou respiratoires » ainsi que des nausées et la somnolence, a-t-il prévenu.
Ce risque localisé est venu compliquer la tâche dantesque des secouristes, confrontés au défi de venir à l’aide de milliers d’habitants encore isolés dans des habitations inondées, non seulement au Texas mais aussi en Louisiane, l’Etat voisin désormais frappé par Harvey.
Ces opérations de secours, engagées depuis vendredi dernier, resteront dans une phase critique durant encore plusieurs jours, même si le niveau des eaux a commencé à décroître autour de Houston.
Des dégâts importants
Le Texas, déjà meurtri par la découverte des corps de six membres d’une même famille, craint que la décrue ne révèle davantage de morts et des dégâts qui prendront des années et des milliards de dollars à réparer.
Au moins trente-trois personnes ont trouvé la mort depuis que le sud du Texas a été atteint vendredi soir par l’ouragan alors de catégorie 4, chargé de pluies diluviennes. Il a été rétrogradé en dépression tropicale mercredi soir.
Le vice-président Mike Pence a quitté jeudi Washington pour se rendre au Texas pour rencontrer des victimes des inondations, ce que le président Donald Trump n’avait pas fait lors de sa visite mardi.
Outre les pertes humaines, l’État s’inquiète des dégâts matériels, qui pourraient atteindre entre 30 et 100 milliards de dollars, selon l’agence Bloomberg.
Le Texas, importante région pétrolière, craint de voir son économie handicapée : quinze raffineries de la région représentant 20,9% des capacités totales de raffinage aux États-Unis, étaient fermées ou en cours de fermeture mercredi.
La métropole de Houston, quatrième ville américaine, tentait jeudi de restaurer plusieurs services municipaux, comme le métro et la collecte des ordures.
Certains résidents ont commencé à quitter les abris pour rentrer chez eux, et le nombre de personnes privées d’électricité a également été réduit à 59 000.
Optimisme et solidarité règnent
Plusieurs autoroutes ont également été rouvert à la circulation, tout comme les deux principaux aéroports de la ville.
« J’espère que malgré la puissance de cette tempête, la ville de Houston va vite pouvoir redevenir comme elle était et aller de l’avant », a martelé le maire démocrate Sylvester Turner mercredi soir.
Beaucoup de Texans, qui multiplient les actes de solidarité envers leurs voisins, partageaient son optimisme.
« Ici, si vous voyez quelqu’un, vous allez le voir et vous faites ce que vous pouvez pour aider », a raconté à l’AFP Cynthia Guillory, 51 ans, une conductrice de camions originaire de Louisiane.
« C’est normal au Texas. Tout le monde se rassemble autour d’une cause commune », confiait Bernard Redeo, un conducteur de train de 58 ans.
Des élans de solidarité similaires ont été observés à La Nouvelle Orléans, ville frappée par Katrina en 2005 et désormais sous les nuages pluvieux de Harvey. Le service météo de la ville indiquait jeudi matin que la tempête « s’éloignait très lentement » avec des risques de précipitation pour la journée. La Louisiane a reçu jusqu’à 56 cm d’eau.
A Lake Charles, un refuge visité par l’AFP était rempli de 400 à 500 sinistrés, étendus sur des lits de camp. Certains collectaient de quoi se changer sur des piles de vêtements offerts par la population.
« Ils ont été amenés trempés jusqu’aux os durant la nuit », expliquait Angela Jouett, la responsable du centre.
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