La question essentielle
La question qui plane sur toute critique de film—à savoir si le film en question est plaisant—ne coïncide pas toujours parfaitement avec une autre interrogation : est-ce que le film est de qualité? Nous aimons ce que nous aimons, et parfois, cela n’a rien d’une œuvre raffinée. Ce n’est pas un problème, à mes yeux.
Ce qui rend The Gorge, qui vient de sortir sur Apple TV+, particulièrement divertissant, c’est que sa bande-annonce laisse penser à un thriller militaire, centré sur un sniper, croisé avec un film de monstres. Un bel exercice de prestidigitation, car il s’agit en réalité d’une romance déguisée en film d’horreur. Et il y a une raison à sa sortie le jour de la Saint-Valentin.
The Gorge
Mais The Gorge ne traite pas du fossé entre divertissement et qualité : il met en scène un fossé réel, une gorge, qui plonge tel un gouffre dans la brume d’un mystérieux pays d’Europe de l’Est. Cette gorge a été dissimulée par des… euh… dispositifs électroniques de dissimulation, afin d’échapper à l’œil scrutateur de Google Maps. Surplombant l’abîme, de part et d’autre, se dressent deux tours de guet en béton, austères et imposantes.
Recruté par une mystérieuse ponte—sans doute de la CIA—incarnée par Sigourney Weaver, Levi (Miles Teller) s’apprête à passer une année entière dans la tour occidentale. Ancien sniper des Marines, il affiche un impressionnant nombre de cibles confirmées. Dans la tour orientale se trouve Drasa (Anya Taylor-Joy), une élancée et ravissante tueuse à gages lettone dont l’adresse au fusil n’a rien à envier à Levi. Mais que cache ce précipice noyé dans la brume ? Nul ne le sait. Les sentinelles qui l’ont précédé l’ont surnommé les portes de l’Enfer.
Leur mission consiste à abattre les hollow men, ces créatures surgissant parfois des parois de la faille et qui se débattent furieusement. Des mitrailleuses lourdes et des fusils de calibre 50 sont à leur disposition, disséminés le long du gouffre. Levi et Drasa doivent aussi remplacer les mines suspendues qui explosent au fil des attaques. Ces hollow men, qui ressemblent à des cousins mal lunés de Groot et de Sylvebarbe, ont aussi quelque chose de zombiesque : ils transmettent une infection redoutable. Il est impératif de contenir ces abominations.
Silence radio !
Les deux opérateurs, l’un à l’ouest, l’autre à l’est, parachutés sur place sans quasiment aucune explication, ont interdiction formelle d’échanger le moindre mot. Une règle simple lorsqu’il s’agit de deux hommes. Mais quand on vous impose un an d’isolement en semi-solitaire et que le seul être humain que vous pouvez apercevoir dans vos jumelles a tout d’une vedette de cinéma, la tentation est grande.
Quelques regards appuyés, quelques frissons de connivence. Levi, bon soldat, tente d’appliquer la consigne, mais, comme le dit Jack Nicholson : Les femmes ne respectent pas les règles des hommes. Et bientôt, sur un tableau blanc, un message apparaît : C’est mon anniversaire, et je ferai ce qu’il me plaît !
Les deux tireurs d’élite, aussi passionnés que séparés par le vide, cherchent un moyen de se rejoindre pour enfin consumer leur idylle naissante. Mais, comme le veut l’adage militaire : L’ennemi a toujours son mot à dire. Et les hollow men ne se laissent pas oublier. Levi et Drasa finissent par se retrouver dans la gorge, une issue inévitable, puisque le film s’intitule… The Gorge.
De bonnes inspirations
S’agit-il vraiment des portes de l’Enfer ? Ou bien The Gorge se rapproche-t-il davantage de The Terminal List, où une unité de Navy SEALs sert, à son insu, de cobaye à un programme pharmaceutique secret visant à tester un stimulant de performance ? Peut-être bien les deux. Il faudra voir le film pour le découvrir.
Au fond, c’est un joyeux bric-à-brac : une fusion improbable entre Jason Bourne : L’Héritage et Vous avez un message, saupoudrée d’une pincée du Seigneur des Anneaux, avec un soupçon de L’Île du docteur Moreau. Par moments, on croirait assister à une adaptation cinématographique d’un jeu vidéo, avec ses vagues de monstres de plus en plus redoutables.
Mais son cœur bat ailleurs. Le milieu du film prend une toute autre tonalité. Miles Teller et Anya Taylor-Joy y déploient une alchimie indéniable, faisant monter la tension amoureuse à chaque échange. Ce devait être un film d’horreur. C’est en réalité une parfaite comédie romantique pour la Saint-Valentin.
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