Les amateurs de musique classique apprécieront cet ouvrage. Quiconque a souffert de la perte d’un être cher comprendra la profondeur du chagrin qui y est décrit.
Les deux thèmes majeurs que sont la musique glorieuse et le chagrin insoutenable fusionnent pour créer dans ce livre un récit sincère et émouvant. Les lecteurs seront rafraîchis et stimulés par cette histoire inspirante et pleine de foi qui se déroule dans l’Allemagne des années 1700.
Le chagrin d’un enfant
Nos cordes sensibles sont touchées dès le début du livre, où l’on retrouve Stefan Silbermann, 13 ans, tout juste orphelin. Enfant unique, il vient de perdre sa mère. Son père, sans doute rongé par la douleur lui aussi, l’envoie dans une école éloignée, l’école St. Thomas à Leipzig, et lui conseille de ne pas trop penser à sa mère mais au contraire d’embrasser son nouvel environnement d’étude et d’apprentissage.
Cependant, Stefan est hanté par l’absence maternelle. Ses cheveux roux le distinguent des autres et cela ne se passe pas bien. Il subit l’intimidation de ses camarades de classe. Il se sent indésirable et mal aimé. Son âme a besoin de confort et cherche un sanctuaire. Il se demande comment il va survivre à cet endroit.
Mais St. Thomas est aussi un lieu de religion et de musique. Il y a le chant et le jeu des instruments, et le jeune Stefan fait partie de la chorale. Son esprit est transporté.
Le texte gracieux et lyrique de l’auteur James Runcie est un régal. Voici un aperçu de Stefan s’imprégnant d’une partition musicale avec d’autres jeunes choristes :
« Il y avait tant d’entrées différentes, et les voix arrivaient de partout pour chanter, comme si les chanteurs ne pouvaient attendre pour nous dire la bonne nouvelle du Christ ressuscité. Le préfet, Schmid, chantait un air de ténor qu’un hautbois accompagnait avec une telle beauté et une telle nostalgie que j’eu un moment de plénitude, dans lequel j’imaginais que rien ne pourrait me faire du mal tant que durerait cette cantate ; ni la peur de ma nouvelle école, ni la perte de tout ce que j’avais connu et aimé ».
La bienveillance de Bach
Stefan s’attire rapidement les ferveurs de Jean-Sebastien Bach, le cantor de l’école. Ce nouvel élève a en effet une très belle voix. Bach y voit tant de promesses qu’il l’élève rapidement du chœur à un poste de soliste.
La vie de Stefan change radicalement. Parce qu’il connaît la valeur de la discipline, Bach est exigeant avec le meilleur de son jeune protégé et lui fait découvrir un monde musical qui l’enveloppe de promesses et de joie.
Le fait d’être reconnu comme un soprano exceptionnel suscite l’envie de ses camarades de classe, notamment de David Stolle, le fils de l’un des plus célèbres chanteurs basse de la région.
Leur relation semble vouée à l’échec, marquée par de constantes et dures confrontations et peu de réconfort pour Stefan.
Sous la tutelle bienveillante mais ferme de Bach, les prouesses musicales de Stefan se développent et deviennent de plus en plus audacieuses. En plus du chant, il commence à travailler comme copiste pour le prolifique Bach et ses nombreuses œuvres musicales.
Un cadeau salvateur pour Stefan est quand il est invité dans la famille immédiate de Bach et loin de la cruauté de la vie de dortoir. Il trouve du réconfort auprès de la femme de Bach, Anna Magdalena, qui devient une figure maternelle de substitution, son mentor musical et son amie. La fille aînée de Bach de son premier mariage, Catharina, invite Stefan à ses excursions de chasse aux papillons dans les forêts luxuriantes voisines.
Une grande partie de la psyché de Bach reste un mystère dans le roman, mais comme le hautboïste Gleditsch le fait remarquer : « Il parle en musique. Il faut toujours se souvenir de cela à propos des musiciens. L’allemand n’est pas leur première langue. C’est la musique. C’est pourquoi il est parfois difficile de comprendre ce que nous disons ».
Plus Stefan travaille avec Bach, et plus il apprécie le génie de l’homme. Plus Stefan le voit avec sa famille nombreuse, et plus il apprécie la sagesse du musicien en tant que père. Il est reconnaissant d’être en la présence de Bach et il travaille dur pour lui plaire.
Puis, la tragédie frappe quand un membre de la famille de Bach meurt. Confronté à nouveau à l’horreur de la mort, Stefan trouve du réconfort dans la religion. Finalement, il constate que la beauté peut jaillir des pertes les plus profondes.
Vers le crescendo
À l’approche de Pâques 1727, Bach se lance avec vigueur dans une nouvelle œuvre : la Passion selon saint Matthieu, un oratorio sacré pour voix solistes, double chœur et double orchestre, avec un livret du poète Picander. Cette œuvre monumentale met en musique les 26e et 27e chapitres de l’Évangile de Matthieu, entrecoupés de chœurs et d’arias.
Les lecteurs seront entraînés dans la frénésie de sa création, le chaos pour tous ceux qui y participent, puis la représentation glorieuse et profondément émouvante qui élève les âmes de chacun et appelle le salut du jeune Stefan.
Dans son ouvrage The Great Passion, Runcie a créé un tour de force imaginatif et tout à fait passionnant. Chanter, jouer et écouter la musique de Bach sera considérablement amélioré par cette lecture.
The Great Passion
Par James Runcie
Bloomsbury Publishing, 15 mars 2022
Couverture rigide : 272 pages
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