Des leaders de la restauration dénoncent une « fuite » des titres-restaurant vers les grandes et moyennes surfaces (GMS), atteignant 800 millions d’euros, une perte importante pour le secteur de la restauration ou de la boulangerie.
Si, comme leur nom l’indique, les titres-restaurant étaient destinés initialement à l’achat de produits alimentaires à consommer immédiatement, dans les bars, restaurants, boulangeries, pâtisseries, traiteurs ou charcutiers, la donne a changé depuis 2022.
Avec l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat des Français, le gouvernement a étendu l’usage de ces titres à l’achat de produits alimentaires non consommables dans l’immédiat, tels que les conserves, les pâtes, le riz…
« Depuis, ce sont près de 800 millions d’euros qui ont été fléchés vers la grande distribution », s’alarme Catherine Quérard, présidente du Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR) sur Le Parisien.
« Une grande partie des restaurateurs sont dépendants des titres-restaurant »
En effet, sur les 9 milliards d’euros de titres-restaurant dépensés, la part des titres utilisés dans les GMS ne cesse d’augmenter, au détriment des restaurants et autres fabricants de nourriture consommable dans l’immédiat.
« À ce rythme, la GMS deviendra le premier bénéficiaire des titres-restaurant en 2025-2026 », renchérit Romain Girard, président du syndicat national de la restauration rapide (SNARR) et vice-président de McDonald’s France.
Aussi, ces responsables des secteurs de la restauration dénoncent-ils une situation qui s’aggrave pour les professionnels de la filière. « Une grande partie des restaurateurs sont dépendants des titres-restaurant, rappelle Catherine Quérard. Ils représentent parfois 40 %, 50 %, 60 % de leur chiffre d’affaires », déplorant même un risque de fermeture pour certains établissements.
Une autre donne est venue aussi favoriser cette tendance, le télétravail. En effet, travailler à la maison nécessite bien moins d’aller déjeuner en extérieur ou acheter des plats tout préparés.
Afin de tenter d’équilibrer la part d’utilisation de ces titres-restaurant, les restaurateurs ont proposé d’instaurer un double plafond, limitant à 10 euros la dépense par jour en titres-restaurant dans les GMS, contre 25 euros dans les autres commerces de bouche. Les restaurateurs estiment en effet que la dépense moyenne pour l’achat d’un repas en supermarché avoisine les 2 à 3 euros. Mais, au nom du pouvoir d’achat, la proposition n’a pas été retenue.
Pour les restaurateurs, il est clair que, dans ce cas, il faudrait rebaptiser les titres-restaurant en chèques-chariot ou tickets d’alimentation…
Autre point d’achoppement évoqué par les professionnels de la filière, les commissions exorbitantes, entre 3 à 5 %, perçues par les émetteurs de titres-restaurant et, là encore, payées par les restaurateurs. Si certains de ces émetteurs, tels que Edenred et Sodexo, ont déjà été condamnés pour pratiques anticoncurrentielles, les restaurateurs ne voient pas encore le bout du tunnel : « Nos commissions continuent d’augmenter. Nous sommes les seuls à financer le système parce que les émetteurs se considèrent comme des apporteurs d’affaires, ce qui est contestable. Et tout ce qu’on nous propose est une charte d’engagement pour que les commissions soient modérées. C’est de la poudre aux yeux. »
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