De Jasper the Disaster à Jasper the Master : Jasper Philipsen, réputé pour ses étourderies, a montré qu’il était peut-être le meilleur sprinteur du moment en gagnant avec une marge confortable la troisième étape du Tour de France lundi à Bayonne.
Le Belge de 25 ans, dont le surnom « The Disaster » (le désastre) a été popularisé par la série Netflix portant sur la Grande Boucle, n’a laissé aucune chance aux autres « grosses cuisses » pour signer sa troisième victoire dans la plus grande course du monde.
La seule fois que le coureur d’Alpecin a tremblé, c’est lorsque les commissaires de course ont décidé de visionner les images pour vérifier s’il n’avait pas dévié de sa route au moment de tasser légèrement son compatriote Wout Van Aert dans les barrières.
S’en suivirent quelques minutes de flottement où Philipsen, tel un élève attendant les résultats du bac, scrutait avec anxiété les images sur un petit écran de télévision dans la zone protocolaire en compagnie de… Tadej Pogacar, avec lequel il est très ami.
« Je savais que le côté droit était le plus direct. Quand tu es en tête, tu essaies de prendre le chemin le plus court », a-t-il justifié plus tard, reconnaissant que la limite était « fine ».
Peut-être le meilleur sprinteur du monde
Au feu vert des commissaires, il s’est levé d’un bond pour se diriger vers le podium et célébrer la première victoire du Tour 2023 sur le sol français, rallié sur un rythme de sénateur après deux journées agitées dans le Pays basque espagnol.
Avec cette septième victoire de la saison, le Belge confirme qu’il est peut-être le meilleur sprinteur du monde. Une douce revanche pour un coureur qui a longtemps manqué de confiance en lui.
Ses hésitations, ses oublis et ses gaffes ont servi de trame aux équipes de Netflix pour camper dans leur série un personnage aux cuisses très musclées mais finalement fragile.
Avec en point d’orgue cette fameuse scène où il franchit l’arrivée à Calais sur le Tour de France 2022 les bras en croix et en hurlant de joie, croyant avoir gagné. Pour constater quelques secondes plus tard que c’était en fait l’échappé Wout Van Aert – qui d’autre ? – qui avait coupé la ligne avant lui en mimant un albatros.
« C’est la honte », a-t-il alors murmuré à sa copine.
Le Belge a effacé l’affront en gagnant à deux reprises ensuite sur le Tour, dont le sprint royal sur les Champs-Élysées.
Flashé à 72,1 km/h dans la dernière ligne droite
Lundi à Bayonne il a enfoncé le clou, idéalement lancé par un Mathieu van der Poel surpuissant, pour devancer largement l’Allemand Phil Bauhaus et l’Australien Caleb Ewan.
« Ce n’est pas facile de rester dans la roue de Mathieu. Quand tu vois les autres trains incapables de passer, c’est que ça va très vite », a souligné Philipsen, flashé à 72,1 km/h dans la dernière ligne droite.
À raison, il a insisté sur l’apport inestimable de son leader. Avoir le vainqueur de Paris-Roubaix et Milan-Sanremo comme poisson-pilote est un luxe dont peu de sprinteurs peuvent se prévaloir.
Mais, et ça se voit comme le nez dans la figure, Philipsen a aussi pris confiance et il se sent très fort. Plus fort lundi que ses principaux rivaux, les Néerlandais Fabio Jakobsen (4e) et Dylan Groenewegen (8e).
Plus aussi que Wout Van Aert (5e), « beaucoup plus détendu » après ce nouvel échec, que la veille lorsqu’il avait tapé son guidon de rage après avoir fini deuxième derrière Victor Lafay.
Quant à Mark Cavendish (6e), il a raté une première occasion de battre le record de victoires sur le Tour de France qu’il détient avec le grand Eddy Merckx (34 succès).
Le Britannique pourra tenter sa chance à nouveau mardi lors de la quatrième étape qui promet d’arriver également au sprint sur le circuit automobile de Nogaro.
Mais Jasper Philipsen rôdera encore dans les parages et il ne fera pas de cadeaux.
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