La luge transcende les générations et réunit toute la famille sur les pistes. Dans nos stations, celles-ci se multiplient et s’améliorent depuis dix ans. Les rires et les cris de joie des enfants résonnent au loin sur la piste de luge de Preda-Bergün.
Dans ce canton des Grisons, berceau de la luge et de la mythique Davos, un bruit de glissade se fait entendre et voici Lena et Fiona, jumelles de 9 ans et demi, qui déboulent à vive allure et disparaissent aussitôt dans la forêt. Que deux enfants fassent de la luge, rien d’étonnant… Mais bientôt, c’est leur grand-mère qui leur emboîte « le patin » ! « Je me suis remise à la luge pour accompagner mes petites-filles », déclare Esther Weber, âgée de 63 ans. Vers midi, les parents des jumelles rejoignent les lugeurs. « On a beaucoup de plaisir ! La luge est un sport que toute la famille peut pratiquer », se réjouit Angela Heinrich (37 ans). Elle nous confie que ses filles connaissent déjà la piste par cœur, freinent avec une grande précision, utilisent les bosses en guise de tremplin et se laissent tomber dans la poudreuse.
Nouvel élan romand
Il y a en Suisse romande environ 60 km de pistes de luge, sur un total de 650 km en Suisse. Cependant les « toboggans » romands ont tendance à s’allonger : « Nous vivons depuis dix ans un phénomène de résurgence de la luge », analyse Véronique Kanel, chargée de communication à Suisse Tourisme. « Soit les stations créent des pistes, soit elles prolongent et améliorent celles qui existent déjà, en proposant, par exemple, des descentes de nuit. »
Exemple aux Diablerets (VD) où l’ancienne piste de luge est reprise en main depuis une décennie. La station vaudoise y investit quelque 100 000 francs suisses par an : des professionnels la soignent quotidiennement, des places d’évitement ont été créées et un point d’honneur est mis sur la signalisation et la sécurité.
Pour toute la famille
La diversification de l’offre des stations est au cœur de cette renaissance. À La Braye, près de Château-d’Œx (VD), une piste a été créée voici près de quinze ans : « Nous nous sommes rendu compte que tous les membres des familles qui vont aux sports d’hiver ne skient pas forcément », explique Michel Bertholet, directeur des remontées mécaniques. « C’est important de leur permettre de profiter aussi des joies de la neige. Cela influe sur leur choix de venir passer leurs vacances chez nous ou pas. »
Idem du côté de La Breya à Champex-Lac en Valais. Après avoir fermé sa piste de luge, la station a décidé de la réhabiliter en 2013 suite à la forte demande des usagers : « Nous sommes une petite station et nous ne pouvons pas nous passer d’un type de clientèle », commente Alain Darbellay, responsable des remontées mécaniques.
La Tzoumaz en Valais avait quant à elle anticipé le tir en construisant dans les années 1990 déjà la plus longue piste de luge de Suisse romande : 10 km. « Cette infrastructure a permis de nous faire connaître loin à la ronde », relève le directeur de l’office du tourisme Luc Pignat. Entre 10 000 et 12 000 personnes viennent chaque année à la Tzoumaz uniquement pour luger.
Sur la piste de La Robella, au-dessus de Buttes, dans le Val-de-Travers (NE), environ la moitié de la clientèle ne vient que pour luger.
Retour en enfance
Ce sont donc les touristes qui ont donné à la luge un nouvel élan en Suisse romande. Mais pourquoi aime-t-on autant ce sport ? Pour Véronique Kanel, c’est parce que la luge est un loisir idéal à pratiquer en famille ou entre amis : « C’est bon marché, accessible à tous et convivial. Chacun peut aller à son rythme. Et puis je pense qu’en lugeant, les adultes retournent un peu en enfance ! »
La luge est sans doute l’un des plus anciens moyens de transport que l’on connaisse. Elle était utilisée dans les Alpes pour transporter le foin ou le bois. Elle entre dans l’histoire des sports d’hiver en 1872. Des Anglais en vacances dans les Grisons aménagent la première piste artificielle de luge derrière un grand hôtel de Saint-Moritz. La première compétition officielle a lieu en 1881, toujours aux Grisons, mais à Davos. S’y affrontent des touristes anglais et des locaux, mais les femmes et les enfants ne peuvent pas participer pour des questions de sécurité.
Des officiers britanniques construisent en 1884 la mythique piste Cresta à Saint-Moritz. Ce toboggan glacé de 1,2 km de long est composé de dix virages. Il est encore en activité aujourd’hui.
Parallèlement à la luge se développe à partir de 1888 le bobsleigh. Son invention revient à un touriste américain qui a eu l’idée démente d’assembler deux luges pour emmener avec lui deux camarades. Un râteau de jardinage servait de frein…
Des Championnats d’Europe de luge sont organisés à partir de 1914. Les premiers Championnats du monde ont lieu en 1955. Et neuf ans plus tard, en 1964, la luge fait ses débuts olympiques aux Jeux d’Innsbruck avec une épreuve mixte, une pour homme et une pour femme. Quelle aventure !
Pour en savoir plus : www.cooperation.ch
Article original : http://www.cooperation.ch/Tous+en+luge
Code de la piste
Dix conseils
Swiss Sliding, association suisse de bob, luge, skeleton et traîneau à cornes, donne dix conseils pour luger en toute sécurité :
- Se comporter de manière à ne pas mettre autrui en danger.
- Avoir une bonne visibilité tout au long de sa descente.
- Adopter une trajectoire qui assure la sécurité de celui qui précède.
- Lors d’un dépassement, respecter une distance suffisante.
- Avant de s’élancer, toujours regarder vers l’amont.
- Ne s’arrêter qu’en bordure de piste.
- Monter ou descendre de sa luge en bordure de piste uniquement.
- Respecter les balisages et les signalisations.
- En cas d’accident, tout lugeur doit prêter secours.
- Tout lugeur doit communiquer son identité lors d’un accident.
Interview
« J’ai atteint 165 km à l’heure ! »
Le sportif Jean-Pierre Gottschall a participé à cinq Championnats du monde de luge et aux Jeux olympiques d’Innsbruck en 1964. De plus, il a été deuxième aux Championnats d’Europe juniors en 1958. Né en 1941 dans les Grisons, il habite aujourd’hui à Leytron en Valais.
Comment avez-vous été pris par le virus de la luge ?
À Davos, on faisait soit du ski, soit du hockey. Comme j’étais moyen dans les deux, je me suis dirigé vers la luge de course.
Lugeait-on beaucoup à votre époque ?
Comme loisir, la luge était très populaire, mais nous n’étions pas beaucoup à faire de la compétition. Aujourd’hui presque toutes les stations proposent des pistes de luge ! Ce qui n’était pas le cas auparavant en Suisse romande, où l’on avait beaucoup délaissé ce sport. Heureusement, c’est de nouveau à la mode.
La luge de course a-t-elle beaucoup évolué ?
À l’époque, les pistes étaient naturelles. On construisait nous-mêmes des parcours en terre durant l’été, et en hiver, après les avoir moulés avec de la tchaf, on les giclait le soir pour que ça gèle. Aujourd’hui ce sont des pistes en béton, glacées artificiellement et entretenues par des employés. Mais les coureurs actuels ne glissent pas plus vite que nous : une fois, j’ai atteint les 165 km/h !
Ne faut-il pas être un peu casse-cou pour faire de la luge de compétition ?
Il n’y a pas davantage de risques que de pratiquer le freestyle entre les rochers ! Une fois, je suis sorti de piste et je me suis fracturé deux vertèbres contre un arbre. Mais cela ne m’a pas empêché de recommencer, après deux ans de pause, et de gagner des courses !
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