Traitement des AVC : une avancée majeure réalisée par des chercheurs caennais

Par Epoch Times avec AFP
9 novembre 2024 09:50 Mis à jour: 9 novembre 2024 10:42

Une nouvelle piste se dessine pour à la fois « repérer et détruire les caillots de sang responsables des AVC », selon le chargé de recherche à l’Inserm Thomas Bonnard et son équipe, basés à Caen.

Ce chercheur de 37 ans a synthétisé avec deux collègues du laboratoire BB@C (Blood and Brain at Caen-Normandie ndlr) des particules baptisées PHySIOMIC permettant de repérer et détruire les minuscules caillots de sang responsables des accidents vasculaires cérébraux (AVC), avec plus de précision et moins de toxicité pour l’organisme que le procédé actuel.

Efficace chez la souris, il faut encore tester PHySIOMIC sur deux « gros animaux », puis l’être humain, et définir une procédure pour le produire en série avant de le commercialiser, ce qui n’arrivera pas avant « cinq à dix ans », selon Thomas Bonnard.

« Un AVC ischémique est causé par un caillot qui va migrer à partir de l’artère carotide et aller boucher la circulation sanguine dans le cerveau, tuant ainsi des neurones. Aujourd’hui, les gros caillots, on sait les voir en IRM (imagerie par résonance magnétique ndlr) » retrace M. Bonnard, « par contre, les plus petits caillots, ou « microthrombi », on ne savait pas les détecter ».

L’agent de contraste PHySIOMIC est constitué de microparticules d’oxyde de fer et poly-dopamine : un assemblage de molécules du neurotransmetteur dopamine par lequel les neurones communiquent habituellement, utilisé ici comme matériau.

Fixation au micro-caillot

Une fois injecté dans la circulation sanguine, il va se fixer au micro-caillot et sera visible en IRM grâce à ses propriétés magnétiques. Il y a « des inquiétudes » avec les agents de contrastes utilisés actuellement à base de Gadolinium, « associé dans le passé à certains risques de complication rénales », selon Thomas Bonnard. Ce n’est pas le cas, d’après le chercheur, de PHySIOMIC : « il n’aura jamais d’effets toxiques, puisqu’il utilise exclusivement des matériaux qui sont déjà présents dans l’organisme. »

Le « MIC » de PHySIOMIC signifie « Mussel Inspired Clusters » (agglomérat inspiré des moules, en anglais) car la moule, pour se fixer à son rocher, utilise également la dopamine. « Quand on injecte quelque chose dans le sang, des protéines viennent » s’agglutiner « dessus et participent à la fixation au micro-caillot », décrit Charlène Jacqmarcq, 30 ans.

Cette post-doctorante à BB@C est assise devant un « poste microfluidique » : un réseau de tubes et de pompes chargé de reproduire le système sanguin dans lequel elle « simule des AVC » sur du sang humain récupéré en partenariat avec l’Établissement français du sang (EFS).

Une fois repérés, les microthrombi doivent être détruits, une recherche qui revient à Audrey Picot, thésarde de 27 ans au laboratoire BB@C, qui ajoute à PHySIOMIC un activateur tissulaire du plasminogène (tPA). Seul traitement pharmacologique aujourd’hui délivré aux victimes d’AVC, le tPA présente un risque de saignement qui sera diminué par le ciblage de l’agent de constraste PHySIOMIC, selon M. Bonnard.

« On a de la chance de travailler ici »

« On a mis en place une collaboration avec l’entreprise pharmaceutique australienne CSL Behring, ainsi qu’Inserm Transfert, pour développer cet outil diagnostique et le faire devenir un outil théranostique : ça signifie qu’il va venir à la fois diagnostiquer, rendre visibles les micro-caillots, permettre leur dégradation et restaurer le flux sanguin chez les patients », précise Mme Picot. Payée par l’Inserm sur les fonds privés de CSL Behring, toute l’équipe bénéficie des outils du laboratoire BB@C.

IRM « petit animal », scanner d’imagerie par particules magnétiques (le 1er de France), un échographe 3D super résolution… « On ne trouve pas ce matériel concentré en un seul lieu dans tous les centres de recherche, on a de la chance de travailler ici », se réjouit Charlène Jacqmarcq.

« BB@C a été fondé par l’Inserm, l’Université de Caen et le CHU de Caen » explique Denis Vivien, 58 ans, professeur de biologie cellulaire et directeur de l’institut, « 170 personnes y travaillent associées à quatre startups pour développer de nouvelles stratégies thérapeutiques et de diagnostics, essentiellement sur les AVC », détaille son fondateur.

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