Évacuation des déblais du chantier du village olympique, acheminement de la nef de la charpente de Notre-Dame, bientôt La Poste : à Paris, la Seine gagne des galons comme mode de transport pour des livraisons plus écologiques, voire plus ponctuelles.
Avec des fleuves qui traversent 22 métropoles et 8500 km de voies navigables, la France possède le plus long réseau européen. Pénalisé par le ralentissement du secteur du bâtiment et la baisse des exportations de céréales, le fret fluvial a reculé de 10% en France en 2023. Mais il se développe sur certains segments de marché, comme la logistique urbaine, qui a progressé sur la même période de plus de 40% sur l’aire parisienne.
Ainsi, sur un quai du port de Gennevilliers, plateforme de 400 hectares au nord de Paris, le bras articulé d’une barge charge des dizaines de caisses de produits Ikea sur le bateau de 72 mètres de long prêt à naviguer sur la Seine.
Des commandes Ikea livrées en 48 heures
Le géant du meuble suédois livre depuis fin 2022 une partie de ses clients parisiens par le fleuve, ce qui a permis d’éviter 12.000 passages de camions dans les rues de la capitale, affirme Émilie Carpels, directrice du projet fluvial au sein du département logistique d’Ikea France.
La barge navigue de nuit jusqu’à Bercy, au cœur de Paris, où les colis sont chargés sur des camions électriques au petit matin pour atteindre leur destination finale en respectant le délai de livraison de 48 heures. « Vos colis s’offrent une croisière ! », reçoivent les clients par message quelques heures avant leur réception.
Parmi les autres entreprises utilisant ce mode d’acheminement, l’enseigne de supermarchés Franprix livre ses 300 magasins parisiens par la Seine depuis douze ans.
Le transport fluvial émet trois à cinq fois moins de CO2 que le transport réalisé par camion, selon l’Agence française de la transition écologique (Ademe). « C’est une solution de décarbonation de la logistique, un mode de transport du futur qu’on n’a pas besoin d’inventer puisqu’il existe déjà », avance Antoine Berbain, directeur général délégué de Haropa Port, établissement public qui regroupe les ports du Havre, de Rouen et de Paris.
« Le fait que le camion part de l’intérieur de Paris permet aux livreurs de respecter les horaires de livraison », ajoute M. Berbain. « Cela permet de fiabiliser et de raccourcir le créneau de livraison, on s’affranchit de la congestion à l’entrée de Paris (et) c’est un meilleur confort pour les clients », abonde Mme Carpels.
Trois cents clients d’Ikea en moyenne sont livrés par la Seine chaque jour, ce qui représente 60% à 70% des livraisons du groupe dans la capitale.
La Poste a annoncé en septembre se mettre elle aussi au transport fluvial par la Seine avec l’objectif d’acheminer 3000 colis chaque jour depuis Gennevilliers jusqu’au port de Boulogne à partir de 2026.
Déchets des Jeux olympiques et matériaux pour Notre-Dame
« Les Jeux olympiques ont été accélérateurs en matière de bonnes pratiques », se réjouit Patricia Pelloux, directrice adjointe de l’association Atelier parisien d’urbanisme (Apur). Trente mille camions ont été évités en évacuant les déblais du chantier du village olympique par la Seine.
La reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris a elle aussi fait la part belle au fleuve puisque « la charpente de la grande nef a été transportée par la Seine », précise Antoine Berbain.
« Seules 6% des marchandises sont transportées par voie fluviale », regrette Jean-Michel Genestier, conseiller délégué de la métropole du Grand Paris chargé de la logistique. Pour étendre ce mode de transport à grande échelle, « il y a encore besoin de développer les infrastructures, tous les outils ne sont pas encore en place ».
« On continue à investir dans ces infrastructures pour améliorer les liens entre la mer et Paris, promet M. Berbain. Rentrer dans l’agglomération parisienne en camion est une perte de temps ».
D’autant que, ajoute-t-il, le déploiement des zones urbaines à faibles émissions (ZFE), qui vise à écarter les véhicules les plus polluants, encourage d’autant plus les entreprises à remettre en question leur mode de transport et à se tourner vers la Seine.
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