Dans le cadre d’une expérimentation sur le bien-être au travail, l’Urssaf de Picardie a proposé à ses salariés la possibilité de travailler quatre jours par semaine pendant un an. Malgré un accueil de prime à bord enthousiaste, seuls trois fonctionnaires sur les 200 éligibles ont décidé d’y prendre part.
« Une pure utopie qui deviendra bientôt une réalité », s’est exclamé le quotidien italien La Repubblica le lendemain de l’annonce officielle d’Intesa Sanpaolo en octobre dernier, selon laquelle la première banque italienne voulait proposer une semaine de quatre jours à ses 76.000 employés sans baisser leurs salaires.
La semaine de quatre jours est devenue depuis quelque temps l’un des sujets d’actualité en Europe. En Belgique, le Parlement belge l’a adoptée en fin septembre 2022. En Espagne, un projet pilote a été mis en place pour aider les PME à réduire le temps de travail de leurs employés avec un niveau de rémunération inchangé.
En France également, la semaine de quatre jours a fait la une de plusieurs journaux après que Gabriel Attal, ministre délégué aux Comptes publics, a annoncé que la formule allait être expérimentée auprès de fonctionnaires de l’Urssaf de Picardie, il y a pratiquement un mois.
Certains médias ont cité l’étude du think tank Autonomy, cosignée par des chercheurs de l’université de Cambridge et du Boston College, selon laquelle l’expérimentation de la semaine de quatre jours impliquant 61 entreprises au Royaume-Uni durant six mois a connu un grand succès : 56 sociétés testées souhaitaient la poursuivre, notant une réduction du taux de stress de 71%.
Un test effectué en pleine réforme des retraites
D’autres médias, comme RTL, ont analysé la question sous un autre angle, plus lié à l’actualité politique. D’après la radio contrôlée par M6, « c’est aussi malin de la part de Gabriel Attal d’évoquer cette possibilité en plein bras de fer au sujet de la réforme des retraites. Cela permet au gouvernement de déplacer le curseur, notamment en direction des métiers pénibles et des travailleurs du privé qui gonflent de plus en plus les cortèges de manifestants ».
Pourtant, contrairement au résultats encourageants évoqués outre-Manche, le test français en Picardie de la semaine de quatre jours s’avère déjà « un flop », selon BFM Business dans une vidéo publiée le mercredi 1er mars.
Alors que l’expérimentation doit durer un an, son bilan est d’ores et déjà qualifié par Boursorama Banque comme « plus que mitigé » : seulement « 3 salariés de l’Urssaf sur les 200 éligibles ont au final décidé de prendre part à l’expérience ».
Il y a encore quelques mois, ils étaient une quarantaine à envisager de se porter candidats au test. Cependant, la semaine de quatre jours proposée par l’Urssaf de Picardie ne prévoit aucune réduction de temps de travail. En effet, les candidats doivent travailler 36 heures sur quatre jours par semaine, et ce, pendant un an.
D’après le Courrier Picard, c’est l’une des raisons principales pour lesquelles la plupart des salariés de l’Urssaf de Picardie ont décidé de ne pas participer à l’expérimentation du fameux dispositif de la semaine de quatre jours : « On a déjà des journées chargées. Si vous ajoutez aux neuf heures de travail, 30 minutes de pause le midi et les temps de trajet, ça finit par faire beaucoup ».
Alors que l’expérimentation de leur dispositif de semaine de quatre jours était tout juste lancée, la direction de l’Urssaf de Picardie, toujours selon la même source, s’était posé la question : « La semaine de quatre jours, sans réduction du temps de travail, peut-elle être jugée intéressante ? »
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