Trois leçons d’amitié tirées du roman « Orgueil et Préjugés »

Le roman de Jane Austen aborde les relations au-delà du romantisme

Par Walker Larson
16 janvier 2025 15:33 Mis à jour: 16 janvier 2025 17:08

Le génie littéraire de Jane Austen ne réside pas dans des descriptions lyriques ou des intrigues épiques et tentaculaires, mais dans ses observations fines de la nature humaine. Son étude des caractères et des relations, notamment des relations romantiques, la place au premier rang des écrivains de langue anglaise. Ses romans nous apprennent beaucoup sur la condition humaine et la société. Le cadre quotidien des romans rend leurs enseignements particulièrement accessibles et pertinents.

Le roman le plus célèbre de Jane Austen, Orgueil et Préjugés, figure parmi les romans d’amour les plus célèbres de tous les temps. En plus d’offrir une belle histoire d’amour, le livre explore également les amitiés de manière incisive. Voici trois leçons d’amitié que nous pouvons tirer d’Orgueil et Préjugés.

Méfiez-vous des premières impressions

Le titre du roman indique à lui seul qu’il traite de la façon dont nous nous jugeons les uns les autres à la première impression, et de la manière dont ces jugements peuvent s’avérer totalement erronés. Pride and Prejudice n’est pas le titre initial ; le premier jet d’août 1797 – Jane Austen a alors 21 ans – s’intitule First Impressions (Premières impressions), mais en janvier 1813 le roman est publié sous son nom définitif. L’héroïne du roman, Elizabeth Bennet, est généralement un bon juge de caractère. Cependant, son sens aigu de l’observation et ses antécédents de jugements exacts accroissent sa confiance dans ses opinions, même lorsqu’il lui arrive de se tromper.

Lorsqu’elle rencontre pour la première fois le sombre M. Darcy, elle le considère immédiatement comme un homme fier et distant, avec une « propension à détester tout le monde ». Il y a une certaine vérité dans le jugement qu’elle porte sur M. Darcy. Il a des fautes à corriger, et il l’a insultée lors de leur première rencontre. Cependant, l’évaluation rapide d’Elizabeth est loin d’englober l’ensemble de la situation et n’est pas le reflet exact d’un homme qui est au fond très noble.

Peu de temps après avoir rencontré M. Darcy, Elizabeth rencontre M. Wickham, un jeune homme bien plus charmant, et l’impression qu’elle en a est diamétralement opposée à celle qu’elle a eue de M. Darcy. Elle le trouve charmant, intelligent, chaleureux et séduisant. Suite à cette première impression favorable de l’un et défavorable de l’autre, Elizabeth est prédisposée à croire M. Wickham lorsqu’il commence à lancer des accusations contre M. Darcy et à jeter le discrédit sur son caractère.

Mais comme les amateurs du roman le savent bien, le récit de M. Wickham sur M. Darcy s’avère malhonnête. L’apparence de grâce, de bonnes manières et de comportement de gentleman de M. Wickham s’avère être une façade couvrant une vie débauchée et dégénérée. De plus, M. Wickham utilise ce masque de vertu pour gagner la confiance de tous et finalement profiter de la jeune sœur d’Elizabeth.

Tout d’abord charmée par M. Wickham, Elizabeth Bennet ne tarde pas à découvrir son véritable caractère. Illustration tirée de l’édition de 1895 d’Orgueil et Préjugés de C.E. Brock. Interrogée sur son séjour à Rosings Park, Elizabeth laisse entendre à M. Wickham qu’il est démasqué. (Domaine public)

Comme Elizabeth le remarque plus tard, une fois qu’elle a appris la vérité sur M. Darcy et M. Wickham, « l’un a toute la bonté, et l’autre toute l’apparence de la bonté ». Parfois, ceux qui semblent dignes de notre confiance et de notre amitié ne le sont pas, et vice versa.

L’amitié au-dessus des désaccords

Ne pas être d’accord avec quelqu’un que l’on aime peut être l’une des expériences les plus difficiles dans n’importe quel type de relation. Cela devient particulièrement difficile lorsque le désaccord porte sur un sujet important, comme la nature d’une vie heureuse et d’un mariage heureux.

C’est le point de désaccord entre Elizabeth Bennet et son amie Charlotte Lucas dans le roman. Elizabeth pense qu’un mariage heureux découle du fait d’épouser quelqu’un que l’on aime et qui possède la vertu, et, espérons-le, une position sociale et financière stable. Charlotte est plus pragmatique. Elle place la stabilité financière au premier plan. Elle considère le mariage comme le seul moyen de mener une vie stable et confortable, compte tenu de la situation économique et sociale des femmes dans son monde.

Jane Austen écrit à son sujet : « Sans avoir une haute opinion des hommes ou du mariage, le mariage a toujours été son objectif : c’était la seule disposition honorable pour les jeunes femmes bien éduquées et peu fortunées, et, même s’il n’est pas certain qu’il leur apporte le bonheur, il doit être leur plus agréable moyen de se mettre à l’abri du besoin. »

Charlotte n’est pas une romantique : pour elle, le mariage n’est pas susceptible d’apporter le bonheur en soi, quel que soit l’homme qu’elle épouse. C’est plutôt un moyen d’éviter le dénuement et l’incertitude d’une vie de vieille fille dans une société où la propriété passe entre les mains des hommes. Selon les propres termes de Charlotte, « le bonheur dans le mariage est entièrement une question de chance ». Charlotte estime que le caractère de son conjoint n’a pas grand-chose à voir avec la réussite du mariage.

Fidèle à sa philosophie, Charlotte, de sept ans plus âgée qu’Elizabeth, se marie pour des raisons de stabilité financière avec M. Collins, un homme stupide et odieux. Ce mariage surprend Elizabeth, qui s’inquiète de l’avenir de son amie. « Elle avait toujours pensé que l’opinion de Charlotte sur le mariage n’était pas exactement la même que la sienne ; mais elle n’aurait pas pu imaginer que, lorsqu’elle aurait été appelée à agir, elle aurait sacrifié tous ses meilleurs sentiments à des avantages mondains. Charlotte, la femme de M. Collins, était une image des plus humiliantes ! À la douleur de voir une amie se déshonorer et sombrer dans son estime, s’ajoutait la conviction affligeante qu’il était impossible pour cette amie d’être relativement heureuse dans le sort qu’elle avait choisi. »

Néanmoins, Elizabeth ne donne pas de conseils non sollicités à Charlotte, ne lui fait pas de remontrances acerbes et ne rompt pas leur amitié. Elle continue à rendre visite à Charlotte après son mariage et s’efforce de promouvoir son bonheur et son bien-être. En cela, elle est un exemple d’amie fidèle. Une amitié solide peut perdurer même si des divergences d’opinion importantes apparaissent ou si nous n’approuvons pas les choix de notre amie.

Illustration de Hugh Thomson représentant M. Collins protestant qu’il ne lit jamais de romans. (Domaine public)

Des relations réussies exigent des efforts

Outre les exemples d’amitiés réussies, Jane Austen dépeint également des amitiés ratées dans son roman. L’une d’entre elles est l’amitié entre deux époux, ce qui rend son échec encore plus tragique : la relation entre les parents d’Elizabeth, M. et Mme Bennet.

Ici, Jane Austen présente un mariage qui, bien qu’ininterrompu, est loin de correspondre à ce qu’un mariage devrait être. Ayant fait un choix quelque peu irréfléchi de son épouse, M. Bennet a rapidement découvert le peu de choses que sa femme et lui avaient en commun. « Le père [d’Elizabeth], captivé par la jeunesse et la beauté, et cette apparence de bonne humeur que donnent généralement la jeunesse et la beauté, avait épousé une femme dont l’étroitesse d’esprit et la faible compréhension avaient, très tôt dans leur mariage, mis fin à toute véritable affection pour elle. Le respect, l’estime et la confiance s’étaient évanouis pour toujours, et toutes ses idées sur le bonheur domestique avaient été renversées. »

Pour faire face à la situation, le sardonique M. Bennet se met à taquiner son épouse et à se divertir de ses pitreries. « Il faut dire que l’ignorance et l’égarement de sa femme contribuaient à son amusement. Ce n’est pas le genre de bonheur qu’un homme souhaiterait en général devoir à sa femme. »

Nous pouvons comprendre la réaction de M. Bennet à l’égard de sa femme. Il est plus patient avec son égocentrisme et sa superficialité que beaucoup d’hommes ne le seraient. Mais en fin de compte, sa réponse aux difficultés de son mariage est de renoncer à avoir une relation significative avec sa femme. Il ne voit pas de profondeur en elle, mais il ne semble pas non plus en chercher beaucoup. Leur relation se résume à une tolérance mutuelle, ponctuée de moments d’amusement sournois de sa part et de frustration confuse de la part de son épouse. Mais en renonçant à leur relation, M. Bennet en a assuré le déclin progressif et continu.

Les recherches confirment l’idée que la qualité des relations dépend en grande partie des efforts déployés. Une étude a montré que l’engagement et le travail acharné au sein d’un mariage sont de meilleurs indicateurs du bonheur et de la stabilité que la compatibilité des conjoints.

Cette leçon peut également s’appliquer aux amitiés. Une amitié réussie, comme un mariage réussi, exige des efforts continus pour se comprendre, s’apprécier et s’aider mutuellement.

Bien sûr, il y a des moments où une amitié doit prendre fin. Cependant, un refus total de faire des efforts dans une relation, un refus de surmonter les obstacles, les malentendus ou les blessures, peuvent conduire à la disparition prématurée d’une amitié qui a encore beaucoup de potentiel. Dans de nombreux cas, la pierre angulaire d’une relation solide est la quantité d’efforts que les deux parties y consacrent.

Le charmant roman de Jane Austen, Orgueil et Préjugés, dépeint des vérités sur plusieurs types de relations et d’amitiés, tant dans le cadre du mariage qu’en dehors. Bien que le livre soit léger et plein d’esprit, nous le jugeons mal si nous pensons que cela signifie qu’il n’a rien à dire au-delà de la romance.

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