Quels sont les traits de caractère qu’un grand dirigeant doit posséder ? Tout le monde devrait se poser cette question d’une simplicité déconcertante. Comprendre les qualités qui définissent les grands dirigeants nous aide à les reconnaître et à les cultiver en nous.
L’un des plus anciens portraits d’un dirigeant et de ses qualités est la Cyropédie de Xénophon. Cette biographie, qui a été écrite il y a plus de deux millénaires, contient des informations cruciales sur la nature du leadership. À travers une série d’exemples tirés de la vie de Cyrus le Grand de l’Empire perse, Xénophon aborde trois traits de caractère que tout dirigeant doit posséder.
Xénophon d’Athènes : historien, philosophe et général
Contrairement à d’autres auteurs de l’Antiquité, la vie de Xénophon est relativement bien documentée, en partie parce qu’il a écrit des mémoires intitulés Anabase (signifiant en grec ancien, la montée [vers l’intérieur des terres en venant de la mer]). Xénophon est né vers 430 av. J.-C. à Athènes. Pendant sa jeunesse, la péninsule grecque est plongée dans la guerre du Péloponnèse, au cours de laquelle Sparte et Athènes s’affrontent pour la suprématie sur le monde hellénique.
Le jeune Xénophon fréquente le philosophe Socrate, auquel il consacre quatre dialogues. Les tensions politiques qui ont conduit à l’exécution de Socrate ont également affecté Xénophon. Il est témoin de plusieurs événements tumultueux, notamment le renversement de la démocratie athénienne par les Trente Tyrans, un groupe d’oligarques mis en place par Sparte après sa victoire sur Athènes.
À l’âge de 30 ans, Xénophon est personnellement invité à participer à une campagne militaire contre l’Empire perse de Tissapherne, qu’il décrit dans ses mémoires. Il s’agit d’une des nombreuses batailles qui se déroulent dans le bassin méditerranéen. Outre la sanglante guerre du Péloponnèse, la région avait récemment été le théâtre de plusieurs escarmouches entre les chefferies grecques, carthaginoises et perses qui se disputaient la suprématie régionale.
Cette situation précaire a marqué les écrits de Xénophon. Sur les cinq ouvrages historiques qu’il a écrits, tous traitent de la guerre d’une manière ou d’une autre. L’un de ces ouvrages, la Cyropédie, raconte l’histoire de Cyrus le Grand, roi de Perse, et les qualités à l’origine de son formidable règne.
Le charisme
L’une des qualités les plus remarquables de Cyrus était son charisme, c’est-à-dire sa capacité à inspirer la dévotion aux autres. Selon Xénophon, « Cyrus était le plus beau de sa personne, le cœur le plus généreux, le plus dévoué à l’étude et le plus ambitieux, de sorte qu’il endurait toutes sortes de travaux et affrontait toutes sortes de dangers pour l’amour des éloges ». Une partie de son attrait était naturellement renforcée par son apparence et sa bravoure. Mais il savait surtout persuader et inspirer par des paroles honnêtes.
Lors d’une bataille contre des tribus assyriennes, Cyrus s’est retrouvé dans une situation de désavantage numérique évident. Le seul moyen de gagner la bataille était de changer l’attitude de ses soldats. Le général a rassemblé son armée en détresse et a prononcé un discours, exhortant les soldats à compter sur le courage avant tout. Xénophon décrit comment son éloquente franchise a transformé l’armée en une force de mêlée disciplinée. Ses partisans le respectaient et s’engageaient volontairement et sans réserve pour sa cause. Ils ont surmonté leurs désavantages et vaincu l’ennemi. Comme nous le rappelle Xénophon, le charisme peut faire la différence entre la vie et la mort.
La discipline
Sans discipline, le succès est impossible. Lorsqu’il était un jeune garçon perse, Cyrus avait dû apprendre tout ce qu’il y avait à apprendre, de la philosophie morale à la chasse. Le style de vie régimentaire qu’il a développé dans sa jeunesse s’est traduit par ses expériences dans les palais des rois anciens combattants. Lors d’un long séjour chez son grand-père, Astyage le roi des Mèdes, Cyrus résiste aux tentations du luxe. Par exemple, il avait poliment refusé de participer aux banquets fastueux préparés pour lui, préférant conserver ses habitudes alimentaires plus simples et plus modérées.
Une fois que ses armées ont observé de près son impressionnante discipline, elles sont devenues plus enclines à accepter les exigences rigoureuses de Cyrus. Il soumettait ses soldats à un entraînement rigoureux, réaffectant certaines de ses troupes les plus faibles et enseignant à d’autres de nouvelles techniques de combat. Il récompensait la discipline par de généreuses portions de nourriture et des promotions : « pour les capitaines, ceux qui sont considérés comme ayant mis leurs compagnies en meilleure forme doivent être nommés colonels ; pour les lieutenants, ceux qui sont considérés comme ayant mis leurs pelotons en meilleure forme doivent être promus au rang de capitaines », et ainsi de suite.
L’attitude méritocratique de Cyrus valorisait avant tout le travail, ce qui lui a valu un grand respect de la part des soldats, des hommes politiques et des gens ordinaires.
La pensée stratégique
Le succès de Cyrus est dû en partie à ses discours charismatiques et en partie à sa pensée stratégique. Le général était un brillant stratège et un négociateur infatigable. À 16 ans, il propose ses services pour contrer les incursions assyriennes dans le royaume de Mèdes, où règne sa lignée maternelle. Il prévoyait d’utiliser une petite force de cavalerie pour intercepter les porteurs de butin de l’infanterie, réduisant ainsi l’exposition de son armée sur le champ de bataille et récupérant les biens volés. La stratégie était audacieuse, mais elle a été couronnée de succès. Sa victoire lui a valu le respect en tant que stratège, ce qui a accéléré son ascension au pouvoir.
La négociation a également joué un rôle crucial dans la réussite de Cyrus. Parfois, il a vaincu ses ennemis, mais d’autres fois, il a choisi la voie la moins sanglante. Xénophon a écrit qu’au lieu de tuer un groupe important de forces arméniennes qu’il avait conquises lors d’une de ses expéditions, Cyrus a négocié une alliance durable, obtenant ainsi des troupes et des ressources en plus de la terre. La capacité à comprendre un scénario, à évaluer les intérêts divergents de toutes les parties concernées et à proposer des compromis attrayants a été essentielle à la réussite de Cyrus, comme elle l’est pour tout aspirant dirigeant.
L’héritage de Xénophon
Xénophon écrivait à une époque déchirée par la guerre sur un général militaire qui, malgré ses démonstrations de vertu, avait l’habitude d’utiliser la force pour soumettre ses adversaires. Le philosophe admet que les actes tyranniques occasionnels de Cyrus ont semé les graines des problèmes qui ont fini par corroder l’Empire perse. Cette conclusion honnête a rendu l’œuvre de Xénophon d’autant plus influente.
Dans l’Antiquité, la Cyropédie était régulièrement consultée par des personnalités qui ont marqué le monde, comme Alexandre le Grand, Cicéron et Jules César. Le livre est devenu l’archétype du genre littéraire du « miroir des princes ». Tout au long du Moyen Âge et de la Renaissance, les auteurs se sont tournés vers la rédaction de manuels de leadership pour les rois et les personnalités influentes, y compris des récits historiques de bons et de mauvais gouvernants. Nicolas Machiavel s’est largement inspiré du style et du contenu de Xénophon pour écrire son influent livre Le Prince.
L’influence de la Cyropédie s’est poursuivie au cours du siècle des Lumières et de la période moderne, atteignant des personnalités éminentes du Nouveau Monde. Benjamin Franklin a fait allusion à l’ouvrage en l’approuvant, tandis que Thomas Jefferson en possédait apparemment deux exemplaires dans sa bibliothèque privée.
Au-delà des détails historiques, le message de Xénophon est simple. Pour exceller, un dirigeant doit s’assurer un véritable respect, faire preuve d’une discipline inspirante et agir de manière stratégique pour tirer le meilleur parti de chaque situation. Aujourd’hui, qui incarne le mieux ces traits de caractère ?
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