DONALD TRUMP

Trump reconnu coupable de 34 chefs d’accusation à New York

Trump est le premier ancien président américain reconnu coupable d'un crime
mai 31, 2024 16:29, Last Updated: octobre 21, 2024 8:53
By Catherine Yang et Michael Washburn

NEW YORK – L’ancien président Donald Trump a été reconnu coupable de 34 chefs d’accusation pour falsification de documents commerciaux, un jury de 12 personnes ayant rendu son verdict à l’unanimité le 30 mai après moins de deux jours de délibération. Avec ce résultat, il devient le premier président américain à être reconnu coupable d’un crime.

À l’énoncé du verdict, l’ancien président est resté impassible.

Son avocat s’est engagé à faire appel de la condamnation.

Le juge Juan Merchan de la Cour suprême de New York a fixé l’audience de détermination de la peine au 11 juillet à 10 heures, soit quatre jours seulement avant la convention nationale du Parti républicain, au cours de laquelle l’ancien président devrait être officiellement désigné comme candidat à l’élection présidentielle. Il conserve le droit de se présenter à l’élection présidentielle.

À l’extérieur de la salle d’audience, Trump a fustigé la condamnation.

« Il s’agit d’une décision truquée depuis le premier jour. Et nous nous battrons pour notre Constitution », a-t-il déclaré.

Le verdict intervient à l’issue d’un procès de six semaines au cours duquel 22 témoins ont été entendus. Les plaidoiries finales ont eu lieu le 28 mai et le jury a commencé à délibérer peu avant midi le lendemain. Le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, a accusé Trump de 34 chefs d’accusation de falsification de documents commerciaux.

Les procureurs ont soutenu que Trump avait caché des paiements d’argent à destination de l’actrice de films pour adultes, Stephanie Clifford, dans le cadre d’une tentative d’ingérence dans l’élection présidentielle de 2016.

L’intéressé a dénoncé une persécution politique et des ingérences électorales. Il a toujours à répondre de trois autres accusations, qui sont soit liées à sa prétendue tentative de retourner l’élection de 2020, soit à sa gestion de documents classifiés.

La Maison-Blanche compte utiliser le procès Trump pour la campagne de Biden

L’équipe de campagne de Joe Biden a salué cette condamnation, estimant que « personne n’est au-dessus de la loi », une phrase qu’ils répètent depuis le début des accusations.

« Donald Trump a toujours cru, à tort, qu’il n’aurait jamais à subir les conséquences d’avoir enfreint la loi pour son profit personnel », a déclaré Michael Tyler, directeur de la communication de Biden-Harris 2024, dans le communiqué.

« Mais le verdict d’aujourd’hui ne change rien au fait que les Américains sont confrontés à une simple réalité. Il n’y a toujours qu’un seul moyen d’empêcher Donald Trump d’accéder au bureau ovale, et c’est les urnes. Condamné ou non, Trump sera [bel et bien] le candidat républicain à la présidence. »

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Ian Sams, a quant à lui refusé de commenter le verdict, se contentant de dire : « Nous respectons l’État de droit. »

Les Républicains n’ont pas tardé à condamner la décision.

« Il s’agissait d’un exercice purement politique et non d’un exercice juridique », a déclaré le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, sur X.

Rand Paul (sénateur) a parlé d’un « triste jour pour l’Amérique », tandis que Jim Jordan (représentant) a qualifié le verdict de « parodie de justice ».

Loi sur la fraude de New York

Les procureurs de Manhattan ont inculpé Trump de falsification de documents commerciaux ayant pour but la dissimulation d’un délit supplémentaire.

Selon les procureurs, le second crime est la violation d’une loi électorale new-yorkaise qui criminalise le fait de « promouvoir ou d’empêcher l’élection d’une personne à une fonction publique par des moyens illégaux ». Cependant, l’accusation n’a pas été en mesure de prouver que l’infraction secondaire avait effectivement été commise.

Des récits concurrents

Lors des plaidoiries finales du 28 mai, les avocats de la défense ont cherché à convaincre le jury que l’accusation n’avait pas réussi à prouver ses arguments.

L’avocat de la défense Todd Blanche a rappelé aux jurés que les éléments clés de l’affaire reposent sur un ancien avocat de Trump, Michael Cohen, qui a fait part de son antagonisme à son égard à multiples reprises.

Le procureur, Joshua Steinglass, a reconnu que les témoins n’étaient pas parfaits, mais a rappelé que c’est Donald Trump lui-même qui a « choisi » M. Cohen pour être son « agent de liaison ». Il a estimé que son animosité à l’égard de l’ancien président était tout à fait normale au regard des circonstances.

Documents produits par l’accusation

Les documents présentés comptaient onze chèques à l’ordre de M. Cohen, avec les factures et reçus totalisant 420.000 dollars sur 11 mois en 2017.

M. Cohen a déclaré avoir versé 130.000 dollars à Stephanie Clifford, mieux connue sous son nom d’actrice de film pour adultes, Stormy Daniels, dans le cadre d’un accord de non-divulgation touchant à la relation que Trump et Mme Daniels auraient entretenue, ce qui, selon le candidat de l’époque, aurait pu nuire à sa campagne électorale.

Mme Clifford a affirmé avoir eu une relation sexuelle avec M. Trump en 2006, et que cela générait beaucoup d’intérêt de la part des médias. Lors du procès, Mme Clifford a réaffirmé avoir eu cette relation sexuelle avec lui, ce que Trump a nié.

M. Cohen a déclaré avoir effectué le paiement en 2016, s’étant mis d’accord avec son employeur que celui-ci le rembourserait discrètement par d’autres moyens.

À la barre des témoins, M. Cohen a expliqué qu’ils étaient dans une situation d’urgence à la mi-octobre 2016, soit peu de temps avant l’élection, les agents de Mme Clifford exigeant un paiement rapide. Il a déclaré avoir seulement voulu faire plaisir à son patron et avoir effectué le paiement avec son approbation.

M. Cohen a également déclaré avoir été très en colère par la suite quand il s’est rendu compte que sa prime avait été réduite de deux tiers.

Il en a discuté avec Allen Weisselberg, l’ancien directeur financier de la Trump Organization, qui aurait dressé un calendrier de remboursement pour lui rembourser 130.000 dollars pour le paiement à Mme Clifford et 50.000 dollars pour un paiement antérieur à une tierce personne, pour lequel il a déclaré qu’il n’avait toujours pas été remboursé. La somme a ensuite été doublée à 360.000 dollars pour tenir compte des taxes, et M. Weisselberg aurait ajouté 60.000 dollars pour compléter le bonus de M. Cohen.

Les procureurs ont affirmé que le fait que M. Weisselberg ait « majoré » les chiffres à des fins fiscales prouvait qu’il avait l’intention de « camoufler » le remboursement en tant que revenu.

Ces 420.000 dollars ont ensuite été versés à M. Cohen sous forme de chèques mensuels tout au long de l’année 2017.

Donald Trump n’a pas été directement accusé de conspiration et les procureurs n’ont pas établi qu’il y ait même eu conspiration.

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