Vingt-sept migrants originaires d’Afrique subsaharienne sont morts ou portés disparus après deux naufrages vendredi et samedi au large de la Tunisie, a indiqué à l’AFP un porte-parole du tribunal de Sfax, dans le centre-est du pays.
Ces deux nouveaux accidents portent le bilan depuis début mars à plus d’une centaine de morts ou disparus lors d’une série de naufrages survenus au large de la Tunisie, selon un décompte de l’AFP.
D’après des témoignages recueillis par la justice, 37 migrants originaires d’Afrique subsaharienne étaient « partis du littoral au nord de Sfax sur deux embarcations quand l’une a fait naufrage vendredi après-midi », a précisé Faouzi Masmoudi. Vingt d’entre eux sont portés disparus et seuls « 17 qui se trouvaient sur la deuxième embarcation » ont pu être sauvés, a-t-il ajouté.
« Trouver les organisateurs de ces traversées »
Un autre naufrage a eu lieu samedi matin, a-t-il dit en début de soirée à l’AFP, en donnant un bilan de « quatre corps repêchés sur une plage au nord de Sfax, trois disparus et 36 personnes secourues » pour cet accident survenu « plus près de la côte » que celui de vendredi. Le porte-parole a précisé que la justice avait ouvert des enquêtes sur les circonstances des accidents. L’objectif est aussi « de trouver les organisateurs de ces tentatives de traversée qui les ont fait embarquer sur des embarcations en tôle de fer, n’offrant pas du tout de conditions de sécurité minimales, mais qui sont moins chères à fabriquer que celles en bois », a précisé M. Masmoudi.
Des chiffres « en très forte hausse »
La plus récente tragédie datait du 26 mars quand les corps de 29 migrants provenant d’Afrique subsaharienne avaient été repêchés après trois naufrages distincts au large de la Tunisie, tandis que 11 personnes avaient été secourues.
Vendredi, la garde nationale a annoncé avoir secouru ou intercepté « 14.406 personnes dont 13.138 originaires d’Afrique subsaharienne, le reste étant des Tunisiens », sur les trois premiers mois de l’année, soit plus de cinq fois le nombre recensé pour la même période de 2022. Les chiffres pour 2023 sont « en très forte hausse parce qu’il y a beaucoup plus de départs », avait précisé à l’AFP Houssem Jebabli, porte-parole de la garde nationale. La quasi-totalité des interceptions et sauvetages en 2023 ont eu lieu dans les zones de Sfax, la deuxième ville du pays, et Mahdia, sur la côte centre-est.
Le président tunisien contre l’immigration clandestine
La Tunisie, dont certaines portions de littoral se trouvent à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa, enregistre très régulièrement des tentatives de départ de migrants, majoritairement originaires de pays d’Afrique subsaharienne, vers l’Italie. Les départs se sont intensifiés après un violent discours le 21 février du président tunisien Kais Saied pourfendant l’immigration clandestine.
M. Saied avait affirmé que la présence en Tunisie de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays. Après ce discours, une partie importante des 21.000 ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail, généralement informel, et leur logement, du fait de la campagne contre les clandestins. La plupart des migrants africains arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d’immigrer clandestinement par la mer vers l’Europe.
Selon le ministère italien de l’Intérieur, plus de 14.000 migrants sont arrivés en Italie depuis le début de l’année, contre un peu plus de 5300 durant la même période l’an dernier, et 4300 en 2021.
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