« Oui, un deal a bien eu lieu » entre M. Macron et la firme américaine Uber, a souligné mardi la députée LFI Danielle Simonnet, en présentant à la presse un rapport d’enquête, taxé de « complotisme » par la majorité.
La publication du rapport sur les Uber Files publié mardi pointe du doigt une relation « opaque » nouée par Emmanuel Macron avec la plateforme américaine à son arrivée en France.
« La confidentialité et l’intensité des contacts entre Uber, M. Emmanuel Macron et son cabinet témoignent d’une relation opaque mais privilégiée », y compris depuis son accession à la présidence de la République en 2017, selon le rapport.
Emmanuel Macron, ministre de l’Économie à l’époque des faits, poursuit-il, avait passé un « deal secret » avec la société américaine : qu’elle renonce à son application controversée Uber Pop, et l’État simplifiera largement l’obtention d’une licence de Voiture de transport avec chauffeur (VTC).
Qu’est-ce que l’application Uber Pop ?
Le service Uber Pop de l’entreprise américaine permettait à des particuliers sans aucune licence d’utiliser leur véhicule personnel pour transporter des clients à des prix défiant toute concurrence.
« J’étais ulcéré par le comportement d’Uber », a rappelé l’ancien ministre de François Hollande, dénonçant « le cynisme » de la start-up qui « faisait en sorte de créer le plus grand désordre pour obliger la règlementation à évoluer en leur faveur ».
Après plusieurs mois de conflits, Uber avait fini par fermer son service Uber Pop en juillet 2015. Une série d’enquêtes menées à l’été 2022 par un consortium de journalistes a évoqué l’existence d’un « deal secret » conclu entre Uber et Emmanuel Macron quand il était ministre de l’Économie.
En échange de la suppression d’Uber Pop, Macron aurait promis de simplifier les conditions nécessaires à l’obtention d’une licence de Voiture de transport avec chauffeur (VTC).
« Est-ce qu’il y a eu l’évocation d’un deal au gouvernement ? À ma connaissance jamais », a affirmé l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
« Je n’ai jamais eu connaissance d’un deal en 2015 et je ne l’aurais pas accepté », a également assuré le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls.
La majorité disqualifie le rapport
La députée LFI Danielle Simonnet, rapporteuse de la commission d’enquête, décrit comment Uber a « exploité toutes les failles et mis en place un lobbying agressif », et accusé l’État d’avoir « échoué à faire respecter la loi ».
Parmi les membres de la commission d’enquête, douze députés ont validé le rapport final – tous ceux issus de la Nupes, du groupe Liot ou du RN. Mais les dix députés Renaissance et leurs alliés, ainsi que l’unique élu LR, se sont abstenus.
La majorité n’a pas mâché ses mots mardi pour disqualifier le rapport.
Le président de la commission d’enquête, le député Renaissance Benjamin Haddad, a dénoncé une « couverture partisane et complotiste ». « L’État n’a pas failli à sa tâche, il a répondu à une tâche complexe (l’arrivée des plateformes) en adaptant la réglementation », selon le député Renaissance.
« Votre rapport est creux », a ensuite lancé à Mme Simonnet le ministre du Travail Olivier Dussopt, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. « Vous pensiez trouver un complot, vous n’avez trouvé que le droit et la loi ».
« Il n’y a eu aucune forme d’opacité, de contrepartie, de connivence entre les acteurs publics et Uber au moment de son arrivée en France », a martelé M. Haddad. Et « il n’y a aucun nouveau fait qui viendrait étayer que ces acteurs (interrogés par la commission) ont menti ».
« Qu’elle aille au bout, qu’elle fasse un signalement au procureur de la République », a lancé Aurore Bergé, la patronne des députés Renaissance.
« Les Uber Files sont révélatrices d’un sentiment d’impunité de l’exécutif. Or il a des comptes à rendre », a répondu Danielle Simonnet.
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