L’Assemblée nationale française a reconnu mardi comme un génocide l’Holodomor, cette famine provoquée au début des années 1930 en Ukraine par les autorités soviétiques, à l’origine de la mort de plusieurs millions de personnes, un vote salué par le président ukrainien.
« Reconnaissance envers les députés de l’Assemblée nationale pour cette décision historique », a réagi Volodymyr Zelensky, dans un tweet publié en français peu après le vote. Dans une résolution adoptée à une quasi-unanimité (168 voix contre 2), les députés ont appelé le gouvernement à en faire de même, pour répondre à la forte attente de Kiev au sujet de ce souvenir douloureux, ravivé par l’invasion russe du pays.
La France vient de reconnaître #Holodomor de 1932-33 comme génocide du peuple ??. Reconnaissance aux députés de @AssembleeNat ?? pour cette décision historique. Le régime totalitaire du Kremlin, passé ou présent, n’a pas pu détruire et ne détruira jamais la vérité et la justice! pic.twitter.com/0JKPplzOG5
— Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) March 28, 2023
L’Holodomor (extermination par la faim), c’ « est l’histoire d’une barbarie organisée » et l’ « utilisation de la famine comme une arme politique », a plaidé sa première signataire, la députée Anne Genetet. Elle a ponctué son intervention d’un « Vive l’Ukraine libre », en présence de l’ambassadeur d’Ukraine en France. Le texte avait été co-signé par des membres de sept des dix groupes politiques de l’Assemblée, à l’exception des groupes La France insoumise (LFI, extrême gauche), communiste et Rassemblement national (RN, extrême droite).
Les députés LFI n’ont pas pris part au vote, estimant qu’il y avait des doutes sur le caractère génocidaire de ces événements au regard du droit international. « Nul ne peut nier la réalité du crime » mais « s’agissait-il d’exterminer le peuple ukrainien en tant que tel ? », a demandé le député LFI Bastien Lachaud. Les communistes sont les seuls à avoir voté contre, considérant que les parlementaires n’étaient pas légitimes pour se substituer aux historiens et aux juges. « Nous refusons de contribuer à la politisation des enjeux de mémoire et d’Histoire », a expliqué le député Jean-Paul Lecoq.
Reconnaissance officielle du caractère génocidaire de cette famine forcée
Le texte adopté « reconnaît officiellement le caractère génocidaire de la famine forcée et planifiée par les autorités soviétiques à l’encontre de la population ukrainienne en 1932 et 1933 ». Il « condamne » ces actes et « affirme son soutien au peuple ukrainien dans son aspiration à faire reconnaître les crimes de masse commis à son encontre par le régime soviétique ». L’Assemblée invite le gouvernement à acter lui aussi cette qualification de génocide et lui demande d’ « encourager sur la scène internationale un libre accès aux archives relatives à l’Holodomor, plus particulièrement en Fédération de Russie » pour documenter les faits.
Le ministre délégué au Commerce extérieur, Olivier Becht, a souligné face aux députés la « résonance évidente avec l’actualité » de leur résolution. Il l’a soutenue, même s’il n’ « est pas dans les habitudes du gouvernement de reconnaître comme génocide des faits qui n’ont pas été préalablement qualifiés comme tels par une juridiction ».
Pour réprimer tout velléité indépendantiste de l’Ukraine
Surnommée « le grenier à blé de l’Europe » pour la fertilité de ses terres noires, l’Ukraine a perdu plusieurs millions d’habitants dans la grande famine de 1932-1933, sur fond de collectivisation des terres, orchestrée selon des historiens par Staline pour réprimer toute velléité indépendantiste de ce pays, alors république soviétique. Mi-décembre, le Parlement européen avait lui aussi qualifié de génocide l’Holodomor.
La Russie, elle, refuse catégoriquement cette classification, invoquant le fait que la grande famine des années 1930 n’avait pas seulement fait des victimes ukrainiennes, mais aussi russes, kazakhes, et parmi d’autres peuples.
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