Un champignon mangeur de radiations prospère à Tchernobyl et provoque l’intérêt des chercheurs

Par Robin Lefebvre
27 février 2025 12:40 Mis à jour: 27 février 2025 12:40

En absorbant les radiations pour les transformer en énergie métabolique, l’espèce fongique « Cladosporium sphaerospermum » s’épanouit dans la zone hautement radioactive autour de la tristement célèbre centrale nucléaire ukrainienne.

C’est un être vivant hors norme qui mérite toute notre attention. En 1986, dans les environs immédiats de la centrale nucléaire de Tchernobyl après la catastrophe, est découvert le Cladosporium sphaerospermum, une espèce de champignons qui appartient à la catégorie des organismes extrêmophiles. Ces forces de la nature sont capables de résister à des conditions environnementales extrêmes, qui seraient mortelles pour la plupart des autres espèces.

Il faut dire que ce champignon a été découvert dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, là où la radioactivité est la plus forte. Une véritable surprise pour les scientifiques, selon le média en ligne Daily Galaxy.

Un nettoyeur de sites radioactifs

Ces derniers ont conclu, après avoir analysé une étrange substance noire, qu’il s’agissait d’un champignon radiotrophe. Autrement dit, il a le pouvoir de capter les rayonnements ionisants et de les transformer en énergie utile à son métabolisme. Encore peu compris, ce processus, appelée la radiosynthèse, est l’équivalent de la photosynthèse pour les végétaux qui captent les rayons du Soleil, indiquent nos confrères.

En somme, le champignon utilise les radiations pour nourrir son système biologique, ce qui montre qu’il s’adapte parfaitement à un cet environnement très hostile. C’est en tout cas ce qu’avance une étude réalisée et publiée en 2007 dans les revues scientifiques PLOS ONE et FEMS Microbiology Letters.

Le champignon utilise la mélanine – le pigment qui donne notamment la couleur de notre peau – pour transformer les radiations en énergie chimique pour lui-même. Ce qui explique pourquoi l’espèce fongique se sent plus à son aise dans les environnements riches en radiations que dans les zones faibles en rayonnements.

Doux au toucher et d’une couleur gris-verte, ses colonies se développent de manière aplatie, formant des structures arborescentes composées de chaînes de conidies sombres et rondes. Les conidies, mesurant entre 3 et 4,5 μm de diamètre, sont généralement unicellulaires mais peuvent former des chaînes par bourgeonnement.

Selon les chercheurs, cet amateur de radiations pourrait devenir indispensable dans un avenir proche. Plusieurs endroits, comme Fukushima et Tchernobyl, encore surchargés en radioactivité, pourraient être nettoyés par lui, empêchant ainsi la contamination nucléaire de se propager.

Bien que des recherches sont encore nécessaires avant de mettre en place un tel fonctionnement, ce minuscule super héros pourrait éviter de coûteuses opérations de décontamination, aujourd’hui réalisées par une main-d’œuvre humaine, en absorbant et en neutralisant complètement les radiations dans ces zones.

Bientôt indispensable dans le domaine spatial ?

Les propriétés exceptionnelles de ce champignon, testées à l’intérieur de l’ISS, ont également suscité un vif intérêt dans le domaine de l’exploration spatiale. Les chercheurs envisagent son utilisation comme bouclier biologique pour protéger les combinaisons des astronautes des radiations cosmiques lors de missions de longue durée, notamment vers Mars.

Avec cette nouvelle technique, les astronautes auraient moins de risques de développer des cancers ou d’autres problèmes de santé inhérents à la surexposition aux radiations.

Par ailleurs, une fine couche de Cladosporium sphaerospermum sur les futurs vaisseaux et futures stations pourrait aussi servir à contrer les radiations, afin qu’à l’intérieur, les astronautes soient pleinement protégés au long terme.

La méthode n’aurait que des avantages, puisqu’en plus d’être adapté à un environnement extrême, ce bouclier naturel n’aurait aucunement besoin d’une action humaine régulière pour être efficace : les micro-organismes s’autorépliquent. Aucune surcharge non plus, puisque ces être vivants sont très légers. Pour l’heure, ces projets en sont encore au stade de l’expérimentation.

Selon une étude publiée en juillet 2020 sur la plateforme BioRxiv, ce champignon pourrait être « inestimable pour fournir une protection adéquate aux explorateurs des futurs missions vers la Lune, Mars et au-delà ». Comme le dit la fable, on a toujours besoin d’un plus petit que soi.

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