Un doctorant français qui menait des recherches sociologiques en Tunisie est détenu depuis le 19 octobre en Tunisie sur ordre de la justice militaire, a indiqué jeudi le directeur de son laboratoire de recherches à l’Université Aix-Marseille.
« C’est totalement exceptionnel qu’un jeune chercheur français puisse être déféré devant la justice militaire » tunisienne, qui traite généralement des atteintes à la sûreté de l’État, a regretté auprès de l’AFP Vincent Geisser, directeur de l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (Iremam), rattaché à l’Université Aix-Marseille et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Vincent Dupont, âgé d’une vingtaine d’années, mène des recherches sur la trajectoire socio-professionnelle des « gens qui ont pu être engagés au moment de la Révolution de 2011 », premier soulèvement populaire du Printemps arabe, qui avait mis fin au régime du dictateur tunisien Ben Ali, a précisé M. Geisser.
« Ce n’est pas un sujet politique lié aux dissidents ou opposants, ce n’est pas un sujet sécuritaire, c’est un sujet sociologique classique », a insisté M. Geisser en plaidant pour sa libération.
M. Dupont est rattaché au Conseil européen de la recherche (ERC) qui finance des programmes scientifiques d’excellence.
Une « totale mobilisation des services diplomatiques français »
Il était arrivé en Tunisie une dizaine de jours avant son arrestation pour mener des entretiens. « Il a été arrêté samedi 19 octobre par la police tunisienne, conduit à un centre d’interrogatoire, placé en garde à vue, et dans la même journée de samedi déféré devant la justice militaire », selon M. Geisser. Une de ses amies franco-tunisienne a elle aussi été arrêtée un peu plus tard et placée sous mandat de dépôt par la justice militaire.
« Il y a une totale mobilisation des services diplomatiques français », a souligné M. Geisser.
La famille de Victor Dupont est sur place en Tunisie depuis le début de la semaine.
La Tunisie est dirigée par le président Kais Saied, accusé par la société civile de « dérive autoritaire », mais qui a été réélu à une majorité écrasante de 90,7% le 7 octobre. M. Geisser avait averti que le scrutin était déjà « joué d’avance ». Étant donné que plus de 70 figures de l’opposition étaient en prison, « M. Kais Saied contrôle totalement le scrutin ».
Cette arrestation représente-t-elle des représailles ?
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