John Ray, qui remplace Sam Bankman‑Fried au poste de PDG de FTX est un liquidateur judiciaire avec plus de 40 ans de carrière. Il a supervisé certaines des plus grandes faillites d’entreprise de tous les temps. Dans une déposition faite ce jeudi, il a déclaré n’avoir jamais rien vu d’aussi terrible de toute sa carrière. Il a notamment dénoncé un « échec complet des mécanismes de contrôles au sein de l’entreprise ».
John Ray, qui a déjà dirigé la tristement célèbre société d’énergie Enron pendant sa procédure de faillite, a déclaré sous serment le 17 novembre auprès du tribunal américain des faillites pour le district du Delaware que ce qu’il avait vu sous le capot de FTX était « sans précédent ».
« Jamais dans ma carrière je n’ai vu un échec aussi complet des mécanismes de contrôles au sein d’une entreprise et une absence aussi complète d’informations financières fiables comme ici », a écrit John Ray dans sa déclaration, déposée suite à la demande de faillite de FTX.
John Ray a fait valoir qu’il avait plus de 40 ans d’expérience juridique en restructuration. Il a rappelé avoir supervisé certaines des plus grandes faillites de l’histoire. C’est à ce titre qu’il était en mesure de déclarer que la gestion de FTX était vraiment déplorable avant son effondrement.
« De l’intégrité compromise des systèmes et de la surveillance réglementaire défectueuse à l’étranger à la concentration du contrôle entre les mains d’un très petit groupe d’individus inexpérimentés, peu avertis et potentiellement corrompus, cette situation est sans précédent », a‑t‑il écrit.
Autrefois considéré comme un des acteurs les plus stables de l’industrie des cryptomonnaies particulièrement peu réglementée, FTX s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites la semaine dernière et son ancien PDG, Sam Bankman‑Fried a dû démissionner.
Les mécanismes de contrôles fondamentaux « n’existaient pas »
Dans sa déclaration, John Ray a dressé le portrait d’une entreprise dépourvue des mécanismes de contrôle fondamentaux, y compris en matière de gestion des fonds des clients.
John Ray a déclaré que l’un de ses principaux objectifs était désormais de mettre en œuvre des mécanismes de contrôles et des normes au sein de FTX touchant « la comptabilité, l’audit, la gestion de trésorerie, la cybersécurité, les ressources humaines, la gestion des risques, la protection des données et d’autres systèmes où ils n’existaient pas, ou n’existaient pas à un degré approprié ».
John Ray a également précisé que certaines « questions » touchant à la gouvernance de Bankman‑Fried devaient être examinées de près dans le cadre de sa demande de faillite.
Sam Bankman‑Fried qui a présenté des excuses publiques pour son rôle dans l’effondrement de FTX n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de commentaire d’Epoch Times concernant les affirmations de John Ray.
Mais dans une série de messages sur Twitter, Sam Bankman‑Fried a déclaré que son « seul objectif » à ce stade était « de bien faire les choses pour les clients ».
« Je fais ce que je peux pour cela. Je rencontre en personne les régulateurs et je travaille avec des équipes pour faire tout ce qui est possible pour les clients », a‑t‑il écrit. « Et après cela, les investisseurs. Mais d’abord, les clients. »
Initialement, il semblait qu’environ 100.000 créanciers étaient touchés par la chute de FTX, mais un modification (pdf) du dépôt de bilan indique que le total pourrait en réalité avoisiner le million.
« Une surveillance plus concrète du marché des cryptomonnaies »
Non seulement l’effondrement de FTX a envoyé des ondes de choc sur le marché mondial de la cryptomonnaies, mais il a également attiré l’attention de Washington.
« Il est crucial que nos organismes de surveillance financiers examinent ce qui a conduit à l’effondrement de FTX afin que nous puissions comprendre pleinement les fautes et les abus qui ont eu lieu », a déclaré récemment le sénateur Sherrod Brown (Parti démocrate‑Ohio), président de la Commission sénatoriale des banques, du logement et des affaires urbaines.
La faillite de FTX a incité les décideurs politiques à inspecter l’industrie des cryptomonnaies à la loupe, ce qui entraînera probablement une répression réglementaire.
« La récente faillite d’une importante bourse de cryptomonnaies et l’impact malheureux qui en a résulté pour les détenteurs et les investisseurs d’actifs crypto démontrent la nécessité d’une surveillance plus concrète du marché des cryptomonnaies », a déclaré la secrétaire au Trésor Janet Yellen dans un communiqué mercredi.
« Quand il pleut, il pleut à verse »
La chute de FTX a commencé le 2 novembre lorsque CoinDesk a publié des détails exclusifs sur le bilan d’Alameda Research, une société de négoce établie par Bankman‑Fried. CoinDesk a révélé qu’un montant substantiel des actifs d’Alameda était détenu en FTT, un token natif appartenant à FTX.
CNBC a ensuite publié un article explosif suggérant qu’Alameda négociait des milliards de dollars à partir de comptes FTX à l’insu de ses clients et utilisait le FTT comme garantie.
Le démantèlement de FTX s’est accéléré lorsque Changpeng Zhao, PDG de son principal concurrent, Binance, a publié des messages sur Twitter mettant en doute la stabilité des opérations de FTX et annonçant qu’il liquidait ses avoirs en FTT.
Une crise de liquidité s’en est suivie, les utilisateurs de FTX se précipitant vers la sortie. Bankman‑Fried a déclaré qu’au dimanche 6 novembre, la bourse de cryptomonnaie avait connu environ 5 milliards de dollars de retraits.
« Parce que, bien sûr, quand il pleut, il pleut à verse », a‑t‑il ajouté.
Bankman‑Fried s’est ensuite démené pour trouver de l’argent, allant jusqu’à demander de l’aide à Binance.
Binance a initialement accepté de sauver FTX au milieu de « son importante crise de liquidité », puis c’est ensuite retiré. Ainsi, Sam Bankman‑Fried et Changpeng Zhao ont initialement annoncé un accord provisoire selon lequel Binance achèterait les actifs de FTX en dehors des États‑Unis et lancerait ainsi une bouée de sauvetage, mais cet accord est tombé à l’eau.
Changpeng Zhao est revenu sur son offre de rachat citant des rumeurs de « mauvaise gestion des fonds des clients et des enquêtes présumées d’agences américaines ».
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