Joe Biden devra jongler entre deux missions complexes lors du prochain sommet de l’Otan les 11 et 12 juillet : d’un côté renforcer le soutien à Kiev des alliés ; de l’autre, conserver une position de fermeté sur l’ambition ukrainienne de rejoindre rapidement l’Alliance.
L’exercice d’équilibriste sera une nouvelle illustration de ce que le président américain considère être sa plus grande réussite en matière de politique étrangère : former un front uni des pays occidentaux face à la Russie tout en évitant un élargissement du conflit.
Malgré des craintes liées à un Congrès américain divisé et à la dépendance de l’Europe à la Russie, Joe Biden a réussi à mettre en place des sanctions massives à l’encontre de Moscou et à proposer une assistance militaire conséquente à Kiev après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes en février 2022.
Célébration de l’unité de l’Otan
En ce début d’été, et alors que la contre-offensive menée par les forces ukrainiennes se poursuit, le sommet de l’Alliance doit permettre de « démontrer notre unité et détermination à soutenir l’Ukraine » a indiqué vendredi le conseiller à la sécurité de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
Le président américain débutera son voyage par une courte visite à son allié britannique lundi avant d’arriver en fin de journée en Lituanie où se déroule le sommet. Il conclura son déplacement en se rendant jeudi en Finlande, dernier pays à avoir rejoint l’Otan en avril 2023.
Lors de son voyage, Biden s’attachera à convaincre la Turquie de lever son veto à l’adhésion de la Suède, et donnera un discours à Vilnius sur « sa vision d’une Amérique forte et confiante, entourée de partenaires et alliés forts et confiants », a ajouté M. Sullivan.
Proud to further strengthen the close ties between the United States and Sweden. pic.twitter.com/dbICVojcTa
— President Biden (@POTUS) July 6, 2023
Mais en dépit de cette célébration de l’unité de l’Otan, Joe Biden devrait rester sur la retenue.
Une prudence qui s’est manifestée à chaque fois que Kiev (soutenu par la Pologne ou les trois nations baltes) a fait pression pour obtenir des armes plus puissantes ou sophistiquées à l’instar de tanks ou d’avions de combat F-16, ou encore plus récemment de missiles tactiques ATACMS de longue-portée, demande refusée par Washington.
L’enjeu est de ne pas envoyer des armes qui pourraient conduire à une escalade du conflit côté russe pouvant aboutir à une « Troisième Guerre mondiale », a mis en garde à de multiples reprises le président américain.
Toutefois, Joe Biden est souvent revenu sur son refus initial, adoucissant sa position jusqu’à envoyer des systèmes américains Patriot de défense antiaérienne ou à autoriser ses alliés à envoyer leur propre arsenal.
Une décision difficile
Vendredi, le président américain Joe Biden a ainsi autorisé la livraison d’armes à sous-munitions à l’Ukraine, réclamée par Kiev depuis longtemps mais interdites d’utilisation ou de production dans nombre de pays. « Cela a été une décision très difficile pour moi », a-t-il déclaré dans une interview à CNN vendredi, justifiant sa décision par le fait que « les Ukrainiens sont à court de munitions ».
Mais pour ce qui est du souhait de l’Ukraine de rejoindre l’Otan, le président américain semble déterminé à ne pas ciller. Si le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit souhaiter recevoir dès maintenant une invitation à rejoindre l’Alliance, la Maison Blanche a été claire : l’Ukraine « ne rejoindra pas l’Otan » à l’issue du sommet de Vilnius, a appuyé vendredi M. Sullivan.
Toutefois, la perspective de ne pas donner à l’Ukraine un encouragement substantiel à une future adhésion pourrait être une « défaite pour le sommet de l’Otan à Vilnius » prévient John Herbst, ex-ambassadeur américain en Ukraine et responsable au cercle de réflexion Atlantic Council.
Des experts américains pensent que l’Ukraine pourrait se voir proposer – à la place d’un d’entrée dans l’Alliance – un accord similaire à celui qui lie les États-Unis et Israël, qui reçoit un financement annuel conséquent pour sa sécurité, lui offrant une visibilité à long terme.
Philip Reeker, également ancien diplomate et expert au cercle de réflexion Wilson Center, souligne qu’« il existe différents engagements et garanties de sécurité crédibles qui pourraient contribuer davantage aux intérêts à court terme et aux objectifs à long terme de l’Ukraine ».
Quoi qu’il en soit, le mélange de fermeté et de prudence affiché par les États-Unis, est amené à durer, a fait savoir la Maison Blanche.
Joe Biden « a été clair sur le fait que nous allons soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faut et lui fournir une quantité exceptionnelle d’armes (…), mais que nous ne cherchons pas à déclencher une Troisième Guerre mondiale », a insisté Jake Sullivan.
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