Un géant australo-britannique de l’énergie a choisi d’effacer Taïwan de ses états financiers, décidant à la place de répertorier tous les revenus provenant de la région autonome comme provenant de la « Grande Chine ».
Taïwan est une démocratie autonome depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Toutefois, le Parti communiste chinois (PCC) considère Taïwan comme une province sécessionniste qui doit être rattachée à la Chine continentale par tous les moyens.
Rio Tinto, l’une des plus grandes sociétés métallurgiques et minières au monde, a pris la décision de fusionner les données relatives au chiffre d’affaires de Taïwan avec celles de la Grande Chine dans son rapport sur les données de l’année 2022 (pdf).
« Le chiffre d’affaires consolidé, établi par destination a été ajusté pour classer Taïwan et la Chine ensemble en tant que « Grande Chine » ; auparavant, Taïwan était inclus dans l’Asie (à l’exclusion de la Grande Chine et du Japon) », indique le rapport. « Ce changement a entraîné une diminution du chiffre d’affaires de 2021 attribuable à l’Asie (à l’exclusion de la Chine élargie et du Japon) de 2,5% et 1,570 millions de dollars US. »
Auparavant, les revenus de Taïwan étaient classés dans les autres régions asiatiques dans les rapports annuels.
Epoch Times a contacté Rio Tinto pour avoir confirmation du changement en question mais aussi pour connaître les raisons qui ont motivé cette décision. Cependant, un porte-parole de l’entreprise a seulement noté que le changement concernait son dernier compte annuel à partir de 2022 et n’a pas fourni de remarques sur les raisons de ce changement.
L’entreprise, fondée en 1873 et domiciliée au Royaume-Uni et en Australie, est la deuxième plus grande société minière et métallurgique au monde et l’un des principaux fournisseurs de minerai de fer, d’uranium, de bauxite de lithium, d’aluminium, de diamants, de sel et de borates. Actuellement, Rio Tinto exploite des mines en Australie, au Canada, en Islande, à Madagascar, en Mongolie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et aux États-Unis.
En 2020, l’entreprise a été classée par Forbes au 114e rang des plus grandes entreprises publiques du monde et, selon les comptes annuels de 2022, elle a gagné 13,3 milliards de dollars.
La Chine affiche clairement ses ambitions pour Taïwan
La décision du géant minier de fusionner les deux territoires intervient alors que le leader du PCC, Xi Jinping, a clairement fait part de ses intentions de réunifier les deux territoires d’ici 2027.
Selon une déclaration le 3 février du directeur de la CIA, William Burns la CIA savait « en tant que service de renseignement » que Xi Jinping avait ordonné à son armée de se préparer à envahir Taïwan d’ici 2027.
« Selon notre évaluation à la CIA, je ne sous-estimerais pas les ambitions du président Xi Jinping en ce qui concerne Taïwan », a affirmé William Burns lors d’un événement à l’université de Georgetown à Washington.
Les incursions chinoises sur le territoire taïwanais sont pratiquement quotidiennes, le PCC ayant augmenté la pression militaire sur l’île autonome. Le 2 février dernier, l’armée taïwanaise a détecté 23 avions et quatre navires chinois, dont 17 ont franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan.
Le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, avait déjà fait remarquer le 18 janvier que la Chine était « plus susceptible » d’agir contre Taïwan en 2027. Car il estime que Xi Jinping pourrait voir dans une agression contre Taïwan un moyen de laisser un héritage de son troisième mandat. « En 2027, Xi Jinping va probablement entamer son quatrième mandat. Et si, au cours de ses trois mandats précédents, il ne peut se prévaloir d’aucune réalisation, il devra peut-être réfléchir à un autre moyen de revendiquer sa réussite ou son héritage », en déduit Joseph Wu lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision Sky News.
Le régime chinois est lié à Rio Tinto
Si ce changement a surpris de nombreux investisseurs, il convient de rappeler que Rio Tinto entretient des liens étroits avec le PCC, puisque plus de 54% de ses revenus seront générés en Chine en 2022. L’entreprise minière Chinalco, détenue par l’État chinois, est également le principal actionnaire de la société, avec une participation d’un peu plus de 14%.
Il s’agit de la participation la plus importante que Chinalco puisse obtenir dans Rio Tinto, compte tenu d’une décision du Foreign Investment and Review Board australien, qui stipule que toute participation chinoise de 15% ou plus serait illégale. Cette décision fait suite à la tentative de Chinalco d’acquérir une plus grande part de Rio Tinto en 2008, lors de la crise financière mondiale.
Le deuxième actionnaire le plus important de l’entreprise est la société d’investissement Blackrock qui, par l’intermédiaire de trois fonds d’investissement différents, détient environ 8% du géant minier anglo-australien.
Epoch Times a contacté Blackrock pour obtenir un commentaire sur le changement de reconnaissance de Taïwan, mais le vice-président Christopher M. Berger a répondu que la société avait pour politique de ne pas faire de commentaires sur des entreprises spécifiques.
Le changement dans la manière dont Rio Tinto comptabilise les revenus taïwanais intervient un an après la nomination de Dominic Barton, expert de la Chine et ancien ambassadeur du Canada en Chine, à la présidence de l’entreprise.
Dominic Barton a été ambassadeur de 2019 à 2021 et a supervisé les négociations pour la libération de deux citoyens canadiens qui avaient été détenus en Chine pour espionnage.
Aldagra Fredly a contribué à cet article.
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