Lorsque Tyler Heppell, un Canadien de 30 ans, a juré de ne jamais remettre les pieds dans la ferme familiale après avoir vécu ce qu’il qualifiait de « travail d’esclave » pendant son adolescence, il ne se doutait pas un instant que la vie le conduirait à retourner sur cette terre.
En février 2022, Tyler Heppell était en pleine recherche d’emploi et avait reçu deux offres lorsque son père lui a signalé qu’un poste était vacant dans l’exploitation familiale, Heppell Potato Corp, à Cloverdale, en Colombie-Britannique.
Son père a insisté sur le fait qu’il n’exerçait aucune pression pour qu’il accepte, mais que cela contribuerait d’une part à garantir l’avenir de l’exploitation et d’autre part à la maintenir dans la famille.
« La décision a été très difficile à prendre », avoue M. Heppell. « Les deux postes de vendeur que j’avais envisagés offraient tous deux des revenus supérieurs à 200.000 dollars par an. »
La décision a nécessité beaucoup de réflexion, des discussions avec des mentors et des parents, ainsi qu’une liste des avantages et des inconvénients.
« J’ai eu un très bon mentor qui m’a dit que parfois la meilleure décision à prendre est la plus difficile », admet Tyler Heppell.
Sur la base de ce conseil, il a fait son choix : « J’ai décidé de me donner un an, et si l’année était mauvaise, je n’aurais pas à vivre avec mes regrets. »,
Cette année d’essai a dépassé ses attentes et il s’est épanoui dans son nouveau rôle. Cela fait maintenant deux ans qu’il est agriculteur à plein temps.
« J’ai l’impression d’en apprendre beaucoup plus sur l’entreprise que ce que l’école de commerce ne m’a jamais enseigné, notamment sur la façon de diriger et de gérer les gens », explique-t-il.
En tant que directeur d’exploitation, il apprend à gérer la ferme dans le but d’en devenir propriétaire à l’avenir.
Un parcours pour revenir à la maison
Tyler Heppell avait travaillé à la ferme lorsqu’il était adolescent, mais il a trouvé des pâturages apparemment plus verts lorsqu’il était à l’université.
Au cours de l’été 2013, il a trouvé un emploi saisonnier de désherbage pour le canton de Langley. « Une fois que j’ai obtenu cet emploi, je gagnais deux fois plus et je travaillais beaucoup moins d’heures », mentionne-t-il.
Il n’en fallait pas plus pour qu’il dise adieu à la ferme et continue à travailler pour le canton de Langley chaque été jusqu’à la fin de ses études universitaires.
Lorsqu’il a obtenu son diplôme, il n’a même pas songé à retourner à la ferme. Il a obtenu un emploi stable dans le domaine de la vente au sein d’une entreprise appelée Cintas et est devenu un professionnel accompli.
Cependant, il n’a pas tardé à sentir qu’il vivait sans but. La satisfaction d’une longue et dure journée de travail lui manquait. Selon ses propres termes, il « se sentait comme un numéro ».
Pendant les années d’absence de Tyler Heppell, son père s’est séparé de son partenaire commercial et a créé une équipe de gestion chargée de mettre en œuvre la vision de la ferme.
« Il m’a facilité la tâche lorsque je suis revenu, car j’ai compris que je voulais devenir propriétaire de l’exploitation », explique Tyler Heppell.
En effet, la restructuration de la gestion a certainement aidé Tyler à prendre sa décision lors de cette période fatidique de 2022. Et il n’a pas fallu longtemps pour qu’il se rende compte qu’il avait pris la bonne décision.
« J’ai eu l’impression que mon père respectait vraiment mon opinion lorsque je suis revenu, parce que j’avais passé cinq ans dans une entreprise très prospère », explique-t-il.
Travailler chez Cintas a été merveilleux pendant un certain temps – et Tyler sera toujours reconnaissant de l’expérience qu’il y a vécue – mais il est heureux de s’être installé dans son nouveau rôle. « Maintenant, mon but dans la vie n’est pas seulement d’essayer de maximiser le prix de l’action de l’entreprise – c’est de nourrir les Canadiens », dit-il.
Quelques mots sur l’exploitation
En 1920, l’arrière-arrière-grand-père de Tyler a acheté un terrain plat et vierge à Cloverdale, en Colombie-Britannique, et a commencé à faire fructifier l’héritage familial. Dans les années 1960, le grand-père Ron Heppell et son frère ont acheté la terre et ont continué à cultiver des pommes de terre en plus de l’élevage de dindes et de vaches.
En 1990, le père de Tyler Heppell a acheté la partie de la terre consacrée aux pommes de terre et l’a développée pour en faire ce qu’elle est aujourd’hui. Actuellement, pendant la période la plus active de l’année, Heppell Potato Corp. expédie 100.000 kg de pommes de terre par jour à partir de ses 243 ha.
Pendant des décennies, une grande partie du processus agricole a consisté en un travail monotone. Le levage de charges lourdes, le calibrage des pommes de terre, le remplissage des caisses et le nettoyage faisaient partie de la routine quotidienne. « Il y avait beaucoup de travaux abrutissants que l’on faisait pendant huit heures et qui empêchaient le cerveau de fonctionner », selon Tyler Heppell.
Aujourd’hui, la ferme emploie 40 à 50 personnes et est équipée de nombreuses machines qui éliminent le travail « abrutissant » que Tyler détestait tant lorsqu’il était jeune adulte.
En outre, son rôle de directeur d’exploitation lui permet d’avoir une vue d’ensemble et de prendre des décisions stratégiques au lieu de se contenter d’un travail monotone. « C’est bien plus intéressant », affirme-t-il, expliquant qu’il tient désormais « les rênes de l’entreprise ».
Regarder vers l’avenir
Face au grand nombre de jeunes qui s’éloignent des fermes familiales de leurs parents, Tyler Heppell crée du contenu sur les réseaux sociaux afin de promouvoir l’agriculture auprès de la prochaine génération. Les fermes équipées de machines et dotées de systèmes de gestion décentralisés, comme la sienne, représentent sa vision optimiste de l’avenir.
Cet agriculteur de cinquième génération est également un défenseur de l’arrêt du développement commercial dans l’agriculture. Lorsque le gouvernement canadien a inscrit une parcelle de terre louée par Heppell Potato Corp. sur une « liste d’élimination », déclarant que la ferme ne pouvait plus l’utiliser, les Premières Nations du Canada ont commencé à faire pression pour revendiquer cette terre.
Tyler Heppell a recueilli 84.000 signatures pour une pétition contre cette décision. « Nous pensons que [la terre] doit rester dans le domaine agricole, mais nous pensons aussi que le gouvernement fédéral peut offrir d’autres moyens de réconciliation économique aux Premières Nations », conclut-il.
Il reste optimiste quant à l’avenir de la terre et pense qu’elle reviendra à sa famille. Et il n’est pas le seul. « Les gens de l’ouest du Canada tiennent absolument à ce que ces terres restent des terres agricoles », ajoute-t-il.
Cet agriculteur de cinquième génération travaille actuellement avec sa famille à l’élaboration d’un plan visant à développer et à préserver Heppell Potato Corp. pour les décennies à venir. Grâce à son travail acharné et à son ingéniosité, l’exploitation restera une ferme familiale pour les générations à venir.
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