Un tribunal vietnamien a condamné un journaliste à six ans de prison pour contenu « antiétatique ». À la lumière de cette affaire, les groupes internationaux de défense des droits de l’homme ont condamné les poursuites engagées par le Vietnam à l’encontre des dissidents.
Le tribunal de Hanoi a déclaré mercredi que Nguyen Lan Thang, journaliste et activiste politique de 48 ans, serait également assigné à résidence pendant deux ans, selon une agence de presse vietnamienne.
Nguyen Lan Thang a été accusé d’avoir stocké et diffusé des contenus hostiles à l’État par l’intermédiaire de ses comptes de médias sociaux. Il a été arrêté en juillet 2022 et sa famille n’a pas été autorisée à lui rendre visite depuis.
Selon Human Rights Watch (HRW) Nguyen Lan Thang a participé à des manifestations contre la Chine, défendu les droits de l’homme et blogué sur diverses questions sociopolitiques dans le pays sous domination communiste.
Nguyen Lan Thang était également un blogueur collaborant à Radio Free Asia (RFA). Quatre collaborateurs de RFA, dont Nguyen Lan Thang, sont actuellement détenus au Vietnam.
Dans un communiqué, la présidente de RFA, Bay Fang, condamne la sentence de Thang en la qualifiant d’« erreur judiciaire » et d’« atteinte à la liberté d’expression au Vietnam », et demande sa libération immédiate. « Le harcèlement scandaleux qu’il a subi et sa condamnation à six ans de prison montrent jusqu’où les autorités vietnamiennes sont prêtes à aller pour faire taire les journalistes et les voix indépendantes. »
« Nguyen Lan Thang a partagé ses perspectives et ses opinions en ligne avec un sens de la responsabilité et du devoir, mais jamais avec malice ou manque de respect », ajoute-t-elle.
Les États-Unis demandent la libération de Nguyen LanThang avant la visite du secrétaire d’État
Le Département d’État des États-Unis appelle à la libération de Nguyen LanThang et d’autres détenus politiques dans une déclaration publiée avant la visite du secrétaire d’État Antony Blinken à Hanoï vendredi.
« Avant la visite du secrétaire d’État à Hanoï, notre message est clair : le Vietnam est un partenaire important dans l’Indo-Pacifique, et ce partenariat ne peut atteindre son plein potentiel que si le gouvernement vietnamien prend des mesures concertées pour respecter ses obligations et ses engagements en vertu du droit international et améliorer son bilan en matière de droits de l’homme », selon un porte-parole du département d’État.
Cette déclaration fait suite à une demande de HRW, qui invite Anthony Blinken profiter de sa visite au Vietnam pour exhorter le régime à cesser ses « abus systématiques de la liberté d’expression » et à libérer tous les prisonniers politiques actuellement détenus au Vietnam.
« Anthony Blinken se doit d’être clair sur le fait qu’il ne peut y avoir de ‘business as usual’ (‘sans changement d’habitude’) avec le gouvernement vietnamien tant qu’il intensifie sa répression des activistes et de leurs réseaux », selon un communiqué de HRW.
Anthony Blinken effectue son premier voyage au Vietnam en tant que secrétaire d’État, espérant des progrès dans l’amélioration des relations avec un partenaire commercial clé qui partage les inquiétudes des États-Unis quant à la puissance croissante de la Chine.
Un bilan épouvantable en matière de droits de l’homme
En outre, Phil Robertson, directeur adjoint de HRW pour l’Asie, exhorte les partenaires commerciaux du Vietnam en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et au Japon à dénoncer la répression de la liberté d’expression au Vietnam et à demander la libération de Nguyen Lan Thang.
« Les autorités vietnamiennes bafouent systématiquement les droits de l’homme en punissant des blogueurs courageux comme Nguyen Lan Thang pour avoir exprimé leurs opinions sur le gouvernement », déclare Phil Robertson.
Ming Yu Hah, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour les campagnes, estime que le Vietnam devrait considérer le militantisme pacifique de Nguyen Lan Thang et ses reportages comme « faisant partie d’un débat public légitime ».
Le procès de Nguyen Lan Thang montre que les autorités vietnamiennes réduisent au silence ceux qui produisent des contenus jugés « défavorables », car elles cherchent à s’assurer la soumission à l’État », déplore Ming Yu Hah.
« Le fait qu’il n’ait pas eu accès à un avocat et qu’il n’ait pas reçu la visite de sa famille est une tache supplémentaire sur un procès profondément vicié et injuste », ajoute-t-elle.
Phil Robertson dénonce « l’horrible bilan du Vietnam en matière de droits de l’homme comme étant d’autant plus honteux » étant donné que le pays est membre du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
En avril de cette année, les autorités vietnamiennes ont détenu plus de 160 prisonniers politiques pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, selon le rapport de HRW.
Reuters a contribué à cet article.
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