Un soldat américain est probablement détenu en Corée du Nord après avoir franchi la frontière au cours d’une visite dans la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare ce pays de son voisin du Sud, ont annoncé mardi des responsables à Washington.
« Un militaire américain, pendant une visite, a volontairement et sans autorisation » traversé la ligne de démarcation (DMZ), a déclaré le colonel Isaac Taylor, le porte-parole des forces américaines en Corée du Sud.
Un autre responsable américain avait auparavant dit à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, que ce soldat était présumé être détenu en Corée du Nord.
Il était connu pour ses problèmes de discipline
Selon les informations de la chaîne américaine de télévision CBS, il s’agit d’un homme du rang qui devait être ramené aux États-Unis pour des raisons disciplinaires mais qui est parvenu à quitter l’aéroport et à se joindre à un groupe de visiteurs de la DMZ.
Il se trouvait alors dans la « zone de sécurité commune », avait quelques heures auparavant souligné le poste de commandement des Nations unies qui avait juste mentionné un « citoyen américain » sans fournir sa qualité de militaire.
Contacté par l’AFP, le ministère sud-coréen de la Défense s’est refusé à tout commentaire.
« Cet homme a émis un fort ‘‘ha ha ha’’ et couru entre des bâtiments » après la visite par le groupe dont il faisait partie d’un des bâtiments du site, a raconté à CBS News un témoin de la scène.
« Au début, je pensais que c’était une mauvaise blague mais quand il n’est pas revenu, j’ai réalisé que ce n’était pas une blague, puis tout le monde a réagi et ce fut la folie », a-t-il encore dit.
À propos de la ligne de démarcation
Des centaines de touristes se rendent chaque jour, dans le cadre de voyages organisés, à l’intérieur de la « zone de sécurité commune », située à l’intérieur de la DMZ qui sépare les deux Corées depuis près de 70 ans.
La Guerre de Corée (1950-1953) s’étant terminée sur un armistice, et non par un accord de paix, les deux voisins sont encore, techniquement, en état de guerre.
L’ancien président américain Donald Trump avait rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un en 2019 dans le village frontalier de Panmunjom et avait même foulé le sol nord-coréen en traversant la ligne de démarcation.
« Panmonjom est le site que cet Américain a le plus probablement choisi de traverser en Corée du Nord car c’est le seul endroit possible de fuite au cours de la visite de la zone de sécurité commune », a dit à l’AFP Choi Gi-il, professeur d’études militaires à l’université de Sangji.
La Corée du Nord a fermé ses frontières au début de la pandémie de Covid-19 en 2020 et ne les a pas encore rouvertes. Sa présence sécuritaire de son côté de la frontière jusqu’à la « zone de sécurité commune » a également été considérablement réduite.
Lorsque l’AFP s’est rendue dans la « zone de sécurité commune » plus tôt cette année, aucun garde nord-coréen n’y était visible.
Mais même dans cette configuration, en vertu des protocoles d’armistice, aucun membre du personnel sud-coréen ou américain ne peut traverser la frontière pour récupérer le ressortissant américain.
Steve Tharp, un lieutenant-colonel à la retraite de l’armée américaine qui travaillait dans cette zone, a reconnu auprès du site web spécialisé basé à Séoul NK News qu’il n’avait aucune idée de la façon dont les Nord-Coréens réagiraient à cet incident : il y a « si peu de données disponibles » sur des événements comme celui-ci, a-t-il souligné.
« C’est le premier contact depuis le Covid-19 (…). Nous ne savons pas ce qu’ils pensent », a-t-il déclaré à NK News.
Les relations diplomatiques au plus bas
L’affaire survient à un moment où les relations entre les deux Corées sont à un de leurs plus bas, la diplomatie étant au point mort et Kim Jong-Un appelant à davantage développer les armements dans son pays, notamment des armes nucléaires tactiques.
La Corée du Sud et les États-Unis ont accru leur coopération militaire en réponse aux tests de missiles nord-coréens, avec en particulier des manoeuvres communes impliquant des avions de chasse de dernière génération et des forces stratégiques.
Les deux pays ont organisé mardi la première réunion du Groupe consultatif sur le nucléaire à Séoul et ont annoncé qu’un sous-marin nucléaire américain faisait escale à Busan, dans la partie méridionale de la Corée du Sud, pour la première fois depuis 1981.
En 1976, deux soldats américains ont été tués dans la « zone de sécurité commune » (JSA) par des Nord-Coréens armés de haches au cours d’une dispute à propos d’un arbre.
La dernière fois qu’il y a eu une défection dans la JSA, c’était en 2017, lorsqu’un militaire nord-coréen a conduit une jeep militaire et a ensuite traversé à pied la ligne de démarcation à Panmunjom.
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