Brahim A., un homme de 37 ans sous OQTF, est soupçonné d’avoir tué à l’arme blanche une personne et d’avoir grièvement blessé au moins trois policiers municipaux samedi à Mulhouse (Haut-Rhin), un « acte de terrorisme » selon Emmanuel Macron, tandis que Bruno Retailleau a mis en cause la non coopération de l’Algérie.
Brahim A. était toujours en garde à vue dimanche, tout comme trois autres personnes, a indiqué à l’AFP le Parquet national antiterroriste (Pnat). La garde à vue de l’assaillant « sera prolongée dans l’après-midi », a précisé le Pnat à la mi-journée.
« Deux personnes » de son « entourage familial » ont été placées en garde à vue samedi, et une troisième, son hébergeur, l’a été dimanche matin, a détaillé le parquet antiterroriste dans un communiqué.
« Allah u akbar »
Selon des témoignages concordants obtenus par l’AFP, l’assaillant a crié « Allah u akbar » (« Dieu est le plus grand » en arabe) à plusieurs reprises, lors de l’attaque qui a tué un Portugais de 69 ans, et lors de son interpellation par les forces de l’ordre.
En déplacement au salon de l’agriculture à Paris, le président de la République Emmanuel Macron a évoqué un « acte de terrorisme », « islamiste », « qui ne fait pas de doute ».
Le suspect « est fiché au FSPRT », le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, a déclaré le procureur de Mulhouse Nicolas Heitz, qui s’est rendu sur place.
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé se saisir de l’enquête, ouverte pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste et tentative d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique, en relation avec une entreprise terroriste.
« Une personne civile qui s’est interposée est décédée. Trois policiers municipaux seraient blessés », a précisé le Pnat dans un communiqué, indiquant que l’assaillant est actuellement en garde à vue.
L’Algérie l’a refusé à 10 reprises
Interrogé sur TF1, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l’Algérie de l’avoir refusé à 10 reprises.
Le suspect, nommé Brahim A., âgé de 37 ans et né en Algérie, est « arrivé illégalement sur le territoire français en 2014 », selon M. Retailleau. Il avait été interpellé fin 2023 peu après le massacre du 7 octobre en Israël, puis condamné à six mois de prison pour apologie du terrorisme.
Selon le journal L’Alsace, l’Algérien se filme en lançant un appel aux musulmans « à se battre pour la Palestine, à prendre les armes et à combattre les mécréants ». Il publie sa vidéo sur Facebook dont il fait la « promotion » le soir même à la mosquée voisine en « invitant le plus grand nombre à le suivre », selon le procureur de la République de Mulhouse, qui le jugera pour ces propos en comparution immédiate.
Dans le cadre de cette procédure, il avait fait l’objet d’une expertise « qui avait détecté un profil schizophrène », selon le ministre Retailleau.
À sa sortie de prison, l’homme avait été placé dans un centre de rétention administrative mais l’Algérie a refusé de le reprendre « à dix reprises », d’après Bruno Retailleau. Il avait ensuite été assigné à résidence avec une obligation quotidienne de pointer au commissariat.
« Une fois de plus, c’est le terrorisme islamiste qui a frappé. Et, une fois de plus, j’ajoute que ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l’origine de cet acte terroriste », a-t-il lancé.
« Instaurer un rapport de force » avec Alger
Sur TF1, Bruno Retailleau a déclaré qu’il était « temps d’instaurer un rapport de force » car « nous avons été suffisamment gentils avec l’Algérie ».
Le ministre a également affirmé que « la France a tendu la main, quelles que soient les plaies parfois vives de notre histoire. Aucun pays n’a un droit de tirage pour humilier la France. »
« Un grand sang-froid et de beaucoup de courage » de la part des policiers
À 15h40, un individu armé d’un couteau et d’un tournevis blesse très grièvement deux agents du stationnement dans le quartier animé du marché du canal couvert, a expliqué M. Retailleau dans la soirée devant l’Hôtel de police de la cité alsacienne.
L’homme s’en prend ensuite à un passant, un Portugais âgé de 69 ans, qu’il blesse mortellement. « On ne sait pas s’il s’est trouvé par hasard sur son chemin ou s’il a fait un acte de bravoure en s’interposant », selon le ministre.
A 15h50 « donc dix minutes après les premiers coups », les policiers municipaux « vont l’intercepter », a expliqué le ministre devant la presse.
« Ils l’ont fait avec un sang-froid absolument remarquable. Parce que l’individu, évidemment, était très, très dangereux (…) Et il s’est dirigé vers un policier qui a sorti son arme (…) Il n’a pas tiré parce que son camarade l’a prévenu : il y avait un environnement, il y avait l’heure, beaucoup de monde, le marché. Et il a préféré ranger son arme. Et ils l’ont neutralisé avec une matraque. Ça témoigne d’un très grand professionnalisme. Ça témoigne d’un grand sang-froid et de beaucoup de courage ».
Les deux agents du stationnement ont été hospitalisés mais l’un d’eux, blessé au thorax, a pu quitter l’hôpital dans la soirée, tandis que l’autre, blessé au cou, doit être transporté dimanche dans un autre hôpital, à Colmar, préfecture du Haut-Rhin. Trois policiers municipaux ont été légèrement blessés.
Le tueur « savait qu’en venant ici il y aurait beaucoup de monde »
Le drame s’est déroulé à proximité du marché du canal couvert, dans un quartier populaire très animé en ce samedi après-midi.
À la nuit tombée, plusieurs membres de la police scientifique s’affairaient encore à la lueur d’un projecteur sur la dalle située à l’extérieur du marché couvert, alors que épluchures de légumes jonchaient le sol. Le périmètre était gardé par des militaires.
« C’est un quartier pas très calme, il y a beaucoup de squats, et au marché il y a toujours beaucoup de monde, beaucoup de personnes âgées », a déclaré à l’AFP Amina, une riveraine âgée de 23 ans, sans vouloir donner son nom de famille.
« La personne qui a fait ça, elle savait qu’en venant ici il y aurait beaucoup de monde, et puis des personnes faibles. Heureusement qu’elle a été attrapée, sinon je ne serai pas sortie de chez moi », a-t-elle confié.
« Le fanatisme a encore frappé et nous sommes en deuil », a réagi le Premier ministre, François Bayrou, qui a adressé ses « félicitations aux forces de l’ordre pour leur intervention rapide ».
« L’horreur vient de saisir notre ville », a déploré sur Facebook la maire de la ville, Michèle Lutz.
Le précédent attentat signalé en France remontait au mois dernier, lorsqu’un homme de 32 ans avait blessé au couteau une personne en criant « Allah Akbar » dans un supermarché d’Apt (Vaucluse).
Fin janvier, le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait souligné que « l’absence de décès des suites d’une action terroriste en 2024 en France ne (reflétait) pas une diminution du risque terroriste », rappelant que neuf attentats avaient été déjoués l’an dernier.
En 2024, 85 enquêtes préliminaires ont été ouvertes par le Pnat, dont 66 « pour le seul contentieux jihadiste, en augmentation de 70% par rapport à 2023 », avait relevé M. Christen.
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